Paroles de personnes malades sur leur vécu pendant le confinement

Christophe

Comment je l’ai vécu :

Inquiet, j'ai voulu comprendre et très vite j'ai décidé d'occuper un temps libre comme jamais je ne l'avais vécu. J'ai lu, j'ai chanté, vu des vidéos. Le temps m'a paru parfois long mais j'ai pu pratiquer la méditation très régulièrement. J'ai pris des contacts avec plein de personnes autour de moi pour combler mon manque de les voir. C'est une expérience inédite pour appréhender l'essentiel du superficiel.

Quel impact sur moi en tant que malade :

J'ai eu la chance de ne pas avoir besoin d'aller à l'hopital. Mes consultations (oncologue, médecin, infirmier pour la piqure) se sont deroulées à distance dans le cadre de mon suivi, mon renouvellement de médicaments, mes piqures. Ma santé est restée correcte tout au long du confinement. J'ai eu une séquence de blues pendant 2 jours qu'une thérapeuthe de l'hôpital de Valence et notre sophrologue m'ont aidé à surmonter.

L'avant et l'après confinement :

En fait, la connaissance de ma maladie très développée était récente. Je m'étais préparé à tout. Quand j'entendais les personnes craintives de perdre la vie, de souffrir, j'avais une longueur d'avance. Maintenant, avec ce virus, je ne peux plus entrer en contact comme je veux. Je dois prendre des dispositions me protégeant tout en gardant des liens forts, uniques autour de moi.

 

Bernadette

Comment je l’ai vécu :

J'ai ressenti un sentiment d'isolement d'abord, avec des contraintes au regard de la santé de tous. Puis, s'est installé un retour sur soi, avec des envies et des souhaits non assouvies, toutes les habitudes de vie changées, pour laisser la place à certaines contraintes imprévues.

Quel impact sur moi en tant que malade :

En tant que malade, j'ai repensé d'abord aux épisodes de traitement de la maladie, ce qui m'a responsabilisé encore davantage sur le" rester chez soi ", j'ai retrouvé les occupations que j'avais mis en route à ce moment là à la maison (sieste, lecture, sudoku, tricot..)de façon à bien occuper le temps et d'éviter de m'angoisser à vivre chaque jour. Ainsi, je faisais une mini programmation de démarches, d'activités pour ne pas tomber dans l'ennui, la tristesse et au contraire créer du plaisir , de la nouveauté .En clair, s’accommoder de ce confinement pour organiser la vie autrement de manière positive.

L'avant et l'après confinement :

Avant : je redémarrais lentement une vie normale (reprise du travail à mi-temps),satisfaite de bien avoir géré la maladie et forte de cette expérience.

Aprés : je réalise que mes certitudes de vie sont fragiles et peuvent être remises en question pour un intérêt de santé. Les priorités qu'on se fixe sont déplacées, et de nouvelles apparaissent. C'est une grande remise en question de ma façon de vivre et de se projeter. Je suis aussi encore davantage sensible aux questions environnementales car avec le confinement nous avons constaté une pollution en régression, et la faune revivre. Et je me demande si "ce mal ne serait pas un bien (au moins pour certaines choses)".

 

Françoise

Comment je l’ai vécu :

Pendant ce confinement, j'ai beaucoup écouté la radio, principalement France Info, et j'ai ressenti comme un grand maternage, une grande protection, comme si à chaque question posée par les auditeurs, il y avait une réponse, ou du moins une écoute, avec une bienveillance que j'ai retrouvée dans le fait que la parole soit également donnée aux enfants, avec un souci de mettre en valeur le quotidien des citoyens, leurs difficultés, leurs appréhensions, leurs doutes; j'ai donc apprécié cet élan de solidarité, cette mise en valeur du travail et du rôle de chacun.

Quel impact sur moi en tant que malade :

Mes cures de chimiothérapie ont été allégées, décalées, avec des délais rallongés, suite à un dialogue renforcé avec les oncologues, ce qui m'a donné l'occasion de me positionner plus activement face à mon traitement, face à ses effets secondaires, face à ses objectifs et ses limites, face à la maladie et à son issue, ce qui est pour moi un long cheminement que je me réjouis de vivre à ce jour, grâce à la survie dont je bénéficie.

L'avant et l'après confinement :

A l'issue de cette période d'innombrables décès et de deuils, et d'isolement parfois, je mesure à quel point la vie et la mort sont liées, et que le mieux que je puisse faire par rapport à cela est de chercher peu à peu à m'y adapter ! C'est tout un travail, une approche complice envers moi- même, la source de nombreuses découvertes, et il n'appartient qu'à moi de les approfondir, d'en tirer profit.

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