Les risques infectieux dans les cas de cancers

Le cancer est une maladie multifactorielle dans laquelle interviennent une susceptibilité génétique et des facteurs environnementaux tels que le tabac, les radiations, l'alcool…

L'influence de certains micro-organismes est un facteur déterminant. Les agents infectieux incriminés dans la survenue de cancers partagent un certain nombre de caractéristiques biologiques :

  • ils existent à l'état latent jusqu'au démarrage de l'infection (virus d'Epstein Barr) ou ils peuvent être la cause d'infections chroniques (virus de l'hépatite B ou de l'hépatite C)
  • de nombreuses personnes ont été infectées mais ne déclareront pas pour autant un cancer lié à l'un de ces virus. Le développement d'un cancer dans ce contexte est donc aléatoire et rare.
  • une carence immunitaire est souvent à l'origine du développement du cancer : (immunodéficience après chimiothérapie, traitement immuno-suppresseur après transplantation d'organe, infection par le HIV)
  • le mécanisme généralement incriminé est celui d'une interférence entre les mécanismes de régulation cellulaire et le développement des cellules infectées. L'augmentation de la dégradation cellulaire entraîne un risque accru de malignité

Virus et localisations cancéreuses

Un certain nombre de virus sont directement liés à des cancers, notamment :

  • EBV (Epstein Barr Virus) : maladie de Hodgkin, lymphome non-hodgkinien, carcinome naso-pharyngé, lymphome de Burkitt
  • HBV (Virus de l'Hépatite B) : carcinome hépatocellulaire
  • HCV (Virus de l'Hépatite C) : carcinome hépatocellulaire
  • HHV-8 (Herpès Virus 8) : sarcome de Kaposi
  • HPV (Papilloma Virus Humain) : cancer du col de l'utérus
  • HTLV (Human T Leukemia Virus) : leucémie et lymphome (à cellules T)
  • CMV (cytomégalovirus) : cancers colorectaux
  • HIV (Virus de l'Immunodéficience Humaine) : agit de façon directe ou indirecte, car l'immunodépression favorise l'apparition de cancers puisque le système immunitaire ne lutte plus contre les cellules cancéreuses

Ce qui est vrai pour certains virus l'est aussi pour certaines bactéries et localisations cancéreuses :

  • Helicobacter.pylori : cancer de l'estomac (carcinome gastrique ou lymphome gastrique) Chlamydiae : cancer du col de l'utérus
  • Schistozoma haematobium : cancer de la vessie
  • O. viverrini : cholangiocarcinome

Règles

La prévention primaire

Les infections ayant de multiples relations avec les cancers, les traitements anti-infectieux occupent une grande place en cancérologie. La prévention primaire passe par la vaccination et/ou une politique de réduction des risques (dépistage des virus dans les dons du sang, rapports sexuels protégés).

A titre préventif, la vaccination, lorsqu'elle est disponible, est le meilleure moyen d'éviter l'apparition de l'infection et donc d'un cancer associé.

Pour les infections à HCV, HTLV-1, HBV et HIV, dont la transmission se fait essentiellement par voie sanguine, un dépistage systématique dans les produits du sang est en place ; le risque résiduel passe désormais essentiellement par les toxicomanies par voie intraveineuse.

Pour HPV, HHV-8, HBV, HTLV-1, HCV et HIV la protection des rapports sexuels par des préservatifs est une mesure efficace de prévention primaire de l'infection.

Il est aujourd'hui admis qu'une bactérie, Helicobacter pilori, est l'agent étiologique de nombreuses pathologies gastro-duodénales, notamment les ulcères gastro-duodénaux. Cet agent qui infecte 50% de la population mondiale, joue un rôle important dans la genèse des cancers gastriques et des moyens sont mis en œuvre pour son éradication, passant par le traitement des affections liées à la bactérie mais aussi par l'amélioration des conditions d'hygiène.

La prévention secondaire

Si la contamination s'est faite malgré la prévention primaire, antibiotiques, anti-viraux, anti-parasitaires et chirurgie vont avoir un rôle déterminant, constituant la seconde ligne de défense ou prévention secondaire.

En cas d'hépatite chronique, qu'elle soit due à HBV ou à HCV, pour prévenir le risque de cirrhose et de cancer du foie, des traitements antiviraux peuvent être envisagés. Mais dans tous les cas de figure et quelle que soit l'efficacité de ces traitements, il est recommandé de diminuer la consommation d'alcool, produit hautement toxique pour le foie.

Le dépistage et le traitement des infections à HPV par un examen gynécologique régulier permettent de réduire très significativement le risque de cancer du col utérin.

Mais quel que soit le contexte, l'information, le dépistage et le traitement doivent faire baisser le nombre de cancers liés aux différents agents infectieux.

Moyens et aides possibles

Au cours des dernières années, le lien entre certains cancers et des agents infectieux, virus bactéries ou parasites, a été clairement établi, ce qui permet d'envisager la production de vaccins dirigés contre des cancers. Les chercheurs espèrent que des vaccins contre plusieurs types de cancers provoqués par des infections pourront être développés dans un avenir proche.

D'autres infections chroniques a priori bénignes semblent avoir un effet promoteur de la carcinogenèse. Ainsi, certaines salmonelles pourraient faciliter le développement tumoral, alors que d'autres bactéries, Escherichia coli par exemple, agiraient par l'intermédiaire des toxines qu'elle sécrètent. Ces toxines interviendraient à différentes étapes du cancer par l'intermédiaire de cytokines ou autres composés responsables de mutations génétiques. Les recherches dans ce domaine sont actives mais les résultats sont encore partiels ou contradictoires. 

PLUS D'INFORMATIONS

télécharger  UNICANCER
télécharger  Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES)

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