Fantasia le film chinois de Wang Chao sur le cancer
La Ligue contre le cancer a décidé de s'engager aux côtés du réalisateur chinois Wang Chao pour son nouveau film FANTASIA.
Le 7e art a cette capacité à mettre en lumière de différentes façons les problématiques du cancer, FANTASIA traite de ce sujet avec justesse et finesse. Ce film donne à voir les différences et les ressemblances qu'il peut y avoir entre la France et la Chine sur le cancer. Différences notamment sur la prise en charge de la maladie, qui est radicalement différente, et ressemblance universelle sur l'importance du soutien des proches.
Bande annonce du film Fantasia de Wang Chao
Synopsis et description du film
Sélection officielle Un Certain Regard à Cannes 2014, miroir de la difficulté de vivre dans la Chine d’aujourd’hui, FANTASIA est un film sensible, poétique, nimbé de mystère et de mélancolie, entre réel et onirisme qui raconte le combat émouvant d’une famille chinoise face à la maladie du père, dont l’usine qui l’emploie ne peut plus payer les soins. Wang Chao s’intéresse ici avec générosité « à la dimension spirituelle des êtres humains et à la complexité de la nature humaine face à la souffrance ».
Scènario
Une famille recomposée dans une ville industrielle chinoise. Lorsque les hospitalisations du père deviennent de plus en plus fréquentes et coûteuses, toute la famille se trouve ébranlée. La mère enchaîne les petits boulots et se démène pour trouver de l’argent, la grande soeur décide de travailler secrètement dans un bar et Lin, le petit frère, stigmatisé par la maladie de son père et rejeté par ses camarades, fuit l’école et se réfugie dans un monde rêvé, un monde fantasmatique, un monde de fantaisie. »
Biographie de Wang Chao
Issu d’une famille d’ouvriers, Wang Chao travaille pendant plusieurs années dans une grande usine sidérurgique. Parallèlement, ce passionné de cinéma, de littérature et de philosophie écrit des poèmes et dévore les revues sur le 7e art. Licencié de son entreprise, il intègre en 1991 l’Ecole de Cinéma de Pékin et devient critique de cinéma.
A la suite d’un article consacré au film Terre jaune, Wang Chao se voit proposer par son réalisateur, Chen Kaige, d’être son assistant. Il travaille alors auprès du grand metteur en scène chinois sur Adieu ma concubine et L’Empereur et l’assassin. Egalement auteur de romans, Wang Chao réalise en 2001 son premier long-métrage, L’Orphelin d’Anyang, tourné sans autorisation. Portrait sensible de la Chine des laissés-pourcompte, le film, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, est l’une des grandes révélations du Festival de Cannes.
Wang Chao, qui se dit influencé par Bresson et Antonioni, réalise son deuxième opus en Mongolie-Intérieure : à travers le destin d’un mineur de fond rongé par la culpabilité, Jour et nuit, primé en 2004 au Festival des Trois Continents, est une réflexion sur les évolutions socio-économiques de la Chine. Voiture de luxe traite des mutations à l’oeuvre dans la Chine contemporaine et a été lauréat du Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2006.
Interview de Wang Chao - réalisateur de FANTASIA
Comment est né le film ?
Après avoir tourné L'Orphelin d'Anyang, j'ai écrit ce scénario – dont le titre, au départ, était Papa est malade – en 2003. Dix ans plus tard, les conditions de vie des ouvriers ne se sont pas franchement améliorées, et c'est pour cette raison que j'ai eu envie de tourner le film aujourd'hui. En outre, la souffrance universelle de l'être humain face à la mort et le rapport à la transcendance au-delà de la tragédie poursuivent les thématiques déjà abordées dans mes précédents films. C'est aussi pour cela que j'ai souhaité tourner ce film dix ans après l'avoir écrit.
Au cours du tournage, j'ai apporté des changements majeurs au scénario, afin de bâtir une véritable tension entre la dimension psychologique et le véritable calvaire qu'endurent les personnages.
Pensez-vous que la problématique à laquelle cette famille se retrouve confrontée soit emblématique de la société chinoise ?
Oui, absolument. C'est justement pour cela que j'ai eu envie de tourner ce film, dix ans après l'avoir écrit. Il poursuit les thématiques abordées dans mes films précédents : je me suis beaucoup intéressé à la dimension spirituelle des êtres humains et à la complexité de la nature humaine face à la souffrance. Cependant, comparé à L'Orphelin d'Anyang (2001) et Voiture de luxe (2006), Fantasia est plus spirituel. Ce film dépasse son réalisme le plus austère et semble plus philosophique et poétique. Il s'agit davantage d'une œuvre chorale, même s'il y a un héros potentiel – Lin. À travers ce garçon, la réalité et l'absence de réalité, la vie et la mort, notre croissance et notre dégradation – tout cela constitue une forme spirituelle qui protège notre dignité. Même si la mère et la sœur font de réels efforts pour sauver le père, le fils, plus faible, s'évade dans un fantasme et se sert de son imagination au lieu de rester dans la réalité pour sauver son père. Il recherche l'image du père, symbolisé par l'homme barbu sur le bateau. C'est pourquoi j'ai intitulé ce film FANTASIA.
Le film aborde un sujet très sombre, tout en étant très lumineux. Parlez-moi de la photo et de la lumière.
S'agissant des intérieurs, nous avons privilégié un éclairage limité pour restituer la réalité du quotidien. Mais concernant l'hôpital, nous avons durci les tons froids de vert, si bien qu'à la dernière scène, les couleurs tranchent avec les tonalités chaudes du fantasme. C'est ainsi que les couleurs se mêlent.
On tournait souvent vers 3h ou 4h du matin pour cerner la lumière pâle du petit matin juste avant le lever du soleil, ce qui tranchait avec la luminosité faible et ambigüe du crépuscule dans laquelle on tournait le plus souvent. Cet enchaînement de luminosités symbolise la continuité et la fragilité de la vie.
Avant le tournage, nous avions décidé, avec le chef-opérateur, de tourner en plans fixes les scènes en bordure du fleuve et sur le bateau, et de rehausser la saturation des couleurs, afin de mettre en valeur la dimension surréaliste des abords du fleuve et de donner le sentiment qu'il s'agit d'un plan onirique aperçu depuis une fenêtre. À l'inverse, en dehors de ces scènes tournées près du fleuve, les séquences dans la maison, à l'usine, dans la rue ou à l'école ont été tournées caméra à l'épaule, ou en caméra légèrement tremblée – surtout lorsque le père est de plus en plus malade et affronte une mort imminente. Chaque membre de la famille doit alors faire face à une crise terrible.
Ces deux styles de mise en scène se mêlent et se rejoignent dans la chambre d'hôpital du père, ce qui témoigne du fantasme du jeune fils, Lin. "Tuer" le père revient à le ressusciter. Les plans fixes et les mouvements d'appareil, la luminosité éclatante et l'obscurité, la froideur des tonalités et la chaleur des couleurs, la vie et la mort – peu à peu, la frontière entre les deux extrêmes disparaît, tandis qu'espoir et désespoir se rejoignent.
Rendez-vous à l'avant première du film le 1er juillet 2015 au cinéma MK2 beaubourg de Paris, en présence de Wang Chao, réalisateur de FANTASIA et d'Albert Hirsch, Vice-Président de la Ligue contre le cancer.
Découvrez les autres avant-premières prévues en présence de Wang Chao :
- Toulouse au cinéma ABC : le 25 Juin à 20h30
- Biarritz au cinéma Le Royal : le 26 Juin à 21h
- Cran Gévrier ( Annecy) au cinéma La Turbine : le 29 Juin à 20h30
- Caen au cinéma le Lux : le 2 Juillet à 21h
- Montreuil au cinéma Le Méliès : le 3 Juillet à 20h45