Il paraît que les cellules tumorales sont plastiques !!!

Cellule et matière plastique

Un cheval, un avion, une maison, un diadème, un arbre,… entre des mains adroites la pâte à modeler peut donner naissance à une infinité de formes ! Ce matériau ludique se prête à toutes les inspirations en raison d’une propriété : sa plasticité. Il en va un peu de même dans le domaine de la biologie de la cellule, la brique élémentaire dont sont constitués tous les êtres vivants. La plasticité se conçoit pour les cellules comme la capacité à changer d’identité. En d’autres termes, la plasticité permet à un type de cellule donné de se transformer, dans certaines conditions (par exemple, lors du développement de l’embryon), en d’autres types cellulaires caractérisés par des propriétés, des fonctions et des formes différentes.

La diversité, un atout qui fait le jeu du cancer

La recherche a montré que la plasticité cellulaire était aussi une propriété qui jouait un rôle essentiel dans le cancer. Là encore, à partir d’un type de cellule tumorale, la plasticité cellulaire va permettre l’apparition de cellules différentes. Elle contribue de la sorte à faire de la tumeur un ensemble hétérogène constitué de cellules aux propriétés variées. Or, dans le domaine du vivant, la diversité est un atout majeur, une caractéristique qui permet aux populations d’évoluer et de s’adapter aux contraintes que leur impose leur environnement. Au sein des tumeurs, l’hétérogénéité permet par exemple l’émergence de cellules ayant acquis la capacité de résister au traitement ou encore d’échapper à leur environnement pour aller essaimer ailleurs dans l’organisme.

La plasticité des cancers du pancréas, une cible thérapeutique potentielle ?

Les recherches réalisées par l’équipe Carte d’Identité des Tumeurs® de la Ligue en collaboration avec l’équipe “Cancer pancréatique” dirigée par Juan Iovanna au Centre de Recherche sur le Cancer de Marseille ont révélé que la plasticité jouait un rôle clé dans la biologie du cancer du pancréas (1). Leurs travaux ont montré que des variations dans l’activité de certains gènes modulent les types de cellules constituant les tumeurs pancréatiques. Ces changements qui découlent de la plasticité des cellules tumorales peuvent, par exemple, faire évoluer l’agressivité du cancer du pancréas et hâter son évolution. Toutefois, ces phénomènes sont liés à des mécanismes, a priori, réversibles. Ceci permet d’imaginer une nouvelle approche thérapeutique fondée sur des traitements conçus pour induire les changements inverses, c’est-à-dire faire passer une cellule tumorale d’un état agressif à un état “passif”, non évolutif.

(1) G. Lomberk, Y. Blum, R. Nicolle, et al., Nature Communications, 2018, 9:1978

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