Métastases : une cible dans la paroi des vaisseaux sanguins

Labellisée par la Ligue depuis le mois de janvier 2021 l’équipe dirigée à Strasbourg par Jacky Goetz (Biomécanique des tumeurs, Inserm U1109, CRBS, Strasbourg) vient de mettre en évidence une étape clé du processus aboutissant à la formation des métastases. L’équipe a également montré que cette étape pouvait être entravée par des anticancéreux conçus depuis déjà quelques années. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Scientific reports (1).

90 % des décès dus au cancer sont liés aux métastases. Pour parvenir à coloniser des organes éloignés de leur premier foyer les cellules tumorales doivent franchir trois étapes : 1) passer dans le flux sanguin (ou intravasation) ; 2) circuler dans le sang jusqu’à un site particulier (poumon, foie cerveau,…) ; 3) quitter la circulation sanguine pour infiltrer le tissu où se développera le nouveau site tumoral (ou extravasation). Ce processus implique un ensemble de phénomènes biochimiques mais également mécaniques et physiques (capacité des cellules tumorales à se déformer, ralentissement du débit sanguin,…) dont les interactions restent mal comprises. Depuis quelques années, les travaux de Jacky Goetz et de son équipe lèvent progressivement le voile sur ces mécanismes. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence que la sortie des cellules tumorales nécessite une modification localisée, un « remodelage », de la paroi des vaisseaux sanguins. Dans sa nouvelle publication l’équipe montre in vitro que ce remodelage implique les récepteurs aux facteurs de croissance des vaisseaux sanguins (aussi appelés VEGFR). Ces récepteurs sont des molécules situées dans la paroi des cellules tapissant les vaisseaux sanguins déjà connues pour leur rôle dans l’angiogenèse tumorale*. Dans un second temps, l’équipe a montré chez l’animal (le poisson-zèbre) que l’utilisation d’anticancéreux ciblant ces récepteurs pouvait réduire la formation de métastases.

La compréhension du rôle de la paroi vasculaire dans une étape clé de la formation des métastases et l’identification d’inhibiteurs de cette activité pourraient permettre d’élaborer des stratégies thérapeutiques ciblant la phase ultime du développement du cancer.

(1) Follain, G., Osmani, N., Gensbittel, V. et al. Scientific Reports, volume 11, 13144 (2021), DOI : 10.1038/s41598-021-92515-2

*L’angiogenèse tumorale désigne le processus de formation de nouveaux vaisseaux irriguant une tumeur en développement.

 

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