Ostéoporose, traitements hormonaux et prévention
Pourquoi employer des traitements "hormonaux" dans le cancer du sein ?
C'est dans les cancers du sein "hormonosensibles", c'est-à-dire dont les cellules possèdent des récepteurs hormonaux, que les traitements dits "hormonaux" s’avèrent très efficaces, aussi bien pour traiter des cancers avancés que pour prévenir le risque de rechute après la chirurgie initiale (ce sont les traitements "adjuvants").
Tous ces traitements ont pour objectif d'éviter la stimulation d'éventuelles cellules tumorales par les œstrogènes secrétés par les ovaires ou les glandes surrénales.
C'est pourquoi, les traitements hormonaux diffèrent selon que la patiente soit pré ou post ménopausée.
Chez la femme non ménopausée
Chez les femmes non ménopausées,les ovaires sont encore actifs. On va donc utiliser deux types de médicaments :
- un premier qui agit sur l'hypophyse et l'empêchant de stimuler les ovaires : c'est la goséréline (Zoladex®) ou la triptoreline (Decapeptyl®) ;
- un second qui empêche l'action des œstrogènes secrétés par d'autres organes : soit le tamoxifène (Novadex® ou autres spécialités) soit une antiaromatase utilisée également après la ménopause : letrozole (Femara®) ou anastrozole (Arimidex®).
Chez la femme ménopausée
Chez la femme ménopausée, on utilise seuls les antiaromatases, soit le letrozole ou anastrozole, ou encore l’exemestane (Aromasine®).
On sait que la suppression totale des œstrogènes provoque souvent une ostéoporose.
La supplémentation en calcium et en vitamine D3 ainsi qu'un exercice physique adapté en fonction des possibilités individuelles, permettent de la prévenir en partie.
La supplémentation en calcium et en vitamine D3 ainsi qu'un exercice physique adapté en fonction des possibilités individuelles, permettent de la prévenir en partie.
Autrement, il existe l’acide zoledronic (Zometa®). C’est un diphosphonate qui a la propriété de protéger l'os, d'empêcher sa destruction et de favoriser la recalcification. C'est pourquoi, il est utilisé en cas de métastases osseuses. Il a de plus une action antalgique (contre les douleurs).
Pourquoi alors ne pas l'utiliser en cas d'ostéoporose ? C’est l’objectif de la vaste étude menée par un groupe d'experts autrichiens sur plus de 400 jeunes femmes, non ménopausées, et recevant pendant trois ans après le traitement chirurgical du Zoladex®, associé soit au tamoxifène soit à l'Arimidex®. Parmi celles-ci, 200 d’entre elles ont également reçu du Zometa®. Elles ont été comparées aux 200 patientes recevant le même traitement hormonal sans Zometa®.
Les résultats montrent que les femmes recevant le Zometa® n'ont pas développé d'ostéoporose, contrairement aux femmes sans ce traitement.
Bien évidemment, ce traitement ne peut s'appliquer indéfiniment. De fait, dans l'ostéoporose post ménopause, chez les femmes sans cancer mais aussi chez les femmes dites "à risques" qui ont eu une ou des fractures dues à l'ostéoporose, on utilise un autre diphosphonate, mais à dose moindre et par voie orale.
Dr Françoise May-Levin