Une avancée majeure contre les rétinoblastomes

Les travaux d’un consortium international, piloté par des équipes françaises, publiés dans la revue Nature communications apportent un éclairage inédit et d’importance majeure sur les rétinoblastomes (1). Ces résultats permettent de mieux comprendre pourquoi certaines de ces tumeurs présentent une agressivité et une résistance accrues au traitement. La Ligue a contribué à ces travaux notamment via son soutien aux jeunes chercheurs.

Les rétinoblastomes sont des tumeurs cancéreuses de l’œil qui surviennent chez le jeune enfant le plus souvent avant l’âge de 5 ans. En France on dénombre chaque année 50 à 60 nouveaux cas dont 40 % sont héréditaires. La maladie est particulièrement agressive mais sa découverte précoce permet de la traiter efficacement dans 98 % des cas. Toutefois, certains jeunes patients développent des métastases et les effets secondaires associés aux traitements peuvent très être lourds ; une perte partielle, voire totale, de vision au niveau de l’œil atteint reste courante.

La recherche a montré que la maladie résulte du développement anormal d’un type particulier de cellule de la rétine (cellule dite « cône »). Cette anomalie trouve presque toujours son origine dans l’inactivation d’un gène, appelé RB1, identifié depuis près de 25 ans. En dépit de ces connaissances, notre compréhension de la biologie du rétinoblastome reste limitée.

Les résultats publiés dans Nature communications mettent en évidence l’existence de deux sous-types de rétinoblastome distincts, le sous-type 1 qui touche les plus jeunes enfants (âge moyen 11 mois) et le sous-type 2 affectant des enfants plus âgés (âge moyen 24 mois). Les chercheurs ont montré que les tumeurs du sous-type 2 sont constituées d’une plus grande diversité de cellules et que celles-ci présentent beaucoup plus d’altérations génétiques. Plus agressives, les tumeurs de sous-type 2 développent également plus de métastases. 

Ces résultats constituent une avancée majeure car en dévoilant l’hétérogénéité des rétinoblastomes ils révèlent un des facteurs susceptibles de contribuer à la moindre efficacité du traitement chez certains enfants.

Pour aller plus loin : un nouveau projet pour faire progresser la prise en charge des rétinoblastomes

Les patients touchés par le rétinoblastome reçoivent aujourd’hui des traitements non ciblés, standardisés en fonction de la présentation clinique de la maladie. Les objectifs de la thérapie sont par ordre de priorité : la survie du jeune patient, la conservation de l’œil et de la vue tout en minimisant le risque de métastases. Les traitements conservateurs actuels (dont les chimiothérapies intraartérielle et intravitréenne) ont eu un impact important sur la mortalité et les énucléations. Toutefois, l’énucléation reste nécessaire dans 30 % des cas et la chimiothérapie entraîne différents effets secondaires lourds.

L’amélioration de la prise en charge des rétinoblastomes passe aujourd’hui par le développement de nouvelles stratégies de diagnostic et la mise au point de traitements moins toxiques adaptés à la situation particulière de chaque enfant. Pour parvenir à cela, la Ligue soutiendra à partir de l’année 2021 un nouveau projet de recherche de grande envergure piloté par François Radvanyi (Biologie cellulaire et cancer, CNRS UMR 144, Institut Curie, Paris). Financées à hauteur de 800 K€ pour une durée de 4 ans, ces recherches associeront les compétences complémentaires de 6 équipes scientifiques et médicales. Dans le prolongement des travaux ayant montré l’hétérogénéité des rétinoblastomes, ce projet a été conçu pour atteindre deux objectifs complémentaires :

  • Permettre une meilleure utilisation des thérapies actuelles et découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques visant les cellules cancéreuses des rétinoblastomes ;
  • Développer des méthodes de diagnostic non invasives utilisables dès le début afin de caractériser le plus précisément possible la maladie de chaque patient et in fine appliquer le traitement le plus adapté.

• Pour lire le communiqué de presse commun Ligue nationale contre le cancer et Institut Curie concernant ce projet de recherche.

(1) J. Liu, D. Ottaviani, M. Sefta et al., Nature communications, 2021, 12:5578. Doi :10.1038/s41467-021-25792-0

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