Virus de la rougeole, un tueur de tumeur se révèle

Des travaux de plusieurs équipes françaises - dont en premier lieu l’équipe Inserm UMR 1232 du Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers - ayant bénéficié du soutien de la Ligue nationale et de Comités dGrand-Ouest précisent les mécanismes expliquant l’effet antitumoral du virus de la rougeole (1). Ce résultat pourrait contribuer à l’amélioration de l’efficacité de la virothérapie anticancéreuse ainsi qu’à son utilisation dans le traitement du mésothéliome pleural malin, ou cancer de la plèvre.

 

Il fut observé, dès la fin du XIXe siècle, que des tumeurs pouvaient régresser à la suite d’une infection virale. Plus d’un siècle après, des décennies d’observations et de recherche ont permis de comprendre que certains virus dits “oncolytiques avaient la capacité d’infecter et de tuer sélectivement les cellules cancéreuses mais également d’activer une réponse immunitaire antitumorale. L’utilisation thérapeutique de ces virus, ce qu’on appelle l’immunothérapie oncolytique, constitue aujourd’hui une réalité concrétisée par un traitement du mélanome métastatique approuvé en 2015 et plusieurs essais cliniques en cours pour d’autres cancers 

Les travaux publiés dans le Journal of Thoracic Oncology viennent préciser les mécanismes qui font qu’une une souche atténuée du virus de la rougeole peut tuer des cellules de mésothéliome pleural malin sans affecter les cellules saines. La sensibilité des cellules cancéreuses à la virothérapie est liée à leur incapacité à résister à l’infection virale. Cette incapacité résultde la perte de l’ensemble des gènes codant pour les interférons de type I, des protéines essentielles pour la défense contre les infections virales. De plus, les chercheurs ont pu montrer que cette perte est directement liée à l’événement génétique à l’origine même de la cancérisation des cellules de la plèvre chez 75 % des malades. Outre une meilleure compréhension de l’activité oncolytique du virus de la rougeole, ces résultats devraient contribuer au développement clinique de la virothérapie du cancer de la plèvre, un cancer de très mauvais pronostic aujourd’hui extrêmement difficile à traiter.

 

(1) T. Delaunay, C. Achard, N. Boisgerault et al., J. ThoracOncol., 2020 May ; 15(5):827-842. Doi 10.1016/j.jtho.2019.12.128. 

 

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