Surveillance active ou traitement ??

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Almer

Bonjour, 

Je suis à  4 jours de la prostatectomie et j'hésite encore car taux de PSA faible. J'ai 67 ans ,bonne forme physique, 1,76m 73 kg, sexuellement actif. Suite à PSA supérieur à 4 , on m'a décelé un cancer localisé  score de Gleason 3+4  avec 20% de 4,  5 biopsies positives sur 14.  J'ai contacté radiothérapeute et chirurgien qui propose des traitements curatifs. 

D'un côté: soit IMRT 20 séances, soit SBRT avec Cyberknife et stéreotaxie, soit IRM linac 5 séances.  Le  chirurgien propose intervention avec robot et conservation bandelettes 100% à droite et 90% à gauche.

Je m'interroge  car l'IRM a décelé un zone  suspecte lobe droit qui n'a pas été confirmée par les biopsies , par contre les biopsies ont été positives dans le lobe gauche , là où l'IRM n'avait rien trouvé d'anormal. Cela remet en question la véracité du diagnostic de l'IRM. Par ailleurs mon taux de PSA a franchi la barre des 4 , il y a 4 ans. Depuis il oscille entre 4,7 et 4,13. Il chute même depuis  1 an , 4,7, 4,5, 4,28 (il y a  une semaine). Je pense que cela est plutôt le signe que mon  cancer de la prostate n'a pas évolué depuis 4 ans et n'est pas très agressif. Est-ce vrai ??

 La surveillance active ne fait pas partie des options selon les référentiels médicaux actuels qui s'applique selon eux qu'avec un score de Gleason maximum de  3 + 3. 

J'en ai discuté avec le chirurgien qui comprend mes hésitations et me dit que le taux de PSA est proportionnel à la taille de la prostate. La mienne est petite donc un taux de 4,28 n'est pas anodin. Il est quand même prêt à reporter l'opération si je ne la sens pas mais ne peut engager aucune responsabilité ni garantie sur l 'extension ou non d'un cancer. 

Je dois passer une IRM de la prostate le 24 mars 2025  soit 2 jours avant l'opération.  J'avoue que si l'IRM ne révèle rien , je serai tenter d'annuler tout  surtout avec mon taux de PSA qui est inférieur à celui de 2021. Le chirurgien attend mon retour. 

J'en suis là. Partagé entre une intervention radicale qui va laisser des séquelles, une surveillance active qui est un sursis pour ma qualité de vie mais une pression psychologique, un traitement par radiothérapie qui peut  être séduisant si on part du fait que mon cancer serait  peu agressif ( en fonction  PSA)et aurait donc moins de risque de récidive.   Je tiens à dire que j'ai de très bonnes relations avec le chirurgien qui s'est rendu disponible pour entretenir un dialogue. Merci de vos réponses.

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Elman

Bonjour, 

Après de multiples lectures, d’autres le confirmeront sûrement, il existe des cas de développement de cancer sans élévation du taux de psa. C’est pour ça que le taux de psa n’est pas un outil de diagnostic…. Certains hommes ont des cancers metastasés avec des taux de psa à 2…

Ça ne va pas vous aider mais il faut le savoir…

Moi j’ai eu un taux à 4.5 pendant 4 mois avec irm sans lésion visible. Maintenant après 6 mois lésion pirads 4 avec taux à plus de 7.3… biopsies à venir 

Bon courage 

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Almer

Merci de votre réponse, Elman ; Oui effectivement le taux de  PSA n'est pas le reflet exact de l'évolution d'un cancer. En ce qui me concerne , il  était de 2 en 2015, et 4,21 en 2021.

 Mon médecin a attendu pour savoir, le taux suivant en 2021 avait baissé à 4,13, il ne s'est pas inquiété plus que cela. Ce n'est que fin 2024, que son successeur a demandé une  IRM de vérification. Entre début 2021 et aujourd'hui, mon taux de PSA est resté dans la même fourchette 4,13-4,7 , il baisse même régulièrement depuis 1 an.

C'est le nombre de taux de PSA et sa régularité depuis 4 ans qui m'incite à être "optimiste".

Bon courage à vous.

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Dr A.Marceau

Bonjour,

Effectivement, un cancer de la prostate peut exister sans que le taux de PSA soit anormalement élevé, c'est à dire sans qu'il soit supérieur à 4.

D'autre part, l'IRM ne donne jamais un diagnostic de certitude, les images scorées avec le Pi-rads permettent juste d'indiquer une probabilité de lésion cancéreuse. Et même avec un Pi-rads 5, 15 à 20% des images suspectes s'avèrent au final bénignes. Les biopsies sont donc les seules à donner un diagnostic de certitude.

Quant au choix entre chirurgie et radiothérapie, il vous appartient en fonction des éléments que vous avez pu recueillir auprès du chirurgien et du radiothérapeute.

Cordialement

Dr Marceau

Barajda

 Bonjour 

Je suis passé par là et c’est sans aucun doute le moment le plus difficile du parcours car il faut prendre une décision. Quelle que soit la décision que tu prendras, l’enjeu est de ne plus se poser de questions et de ne surtout pas la regretter après. Je pense que tu as besoin d’encore un peu de temps pour affermir cette décision. Tu n’es sans doute pas à quelques jours ou quelques semaines près car ce type de cancer évolue lentement. Si j’étais toi, je verrais avec le chirurgien pour reprogrammer et te laisser un délai supplémentaire de réflexion qui te permettra aussi de te poser une deadline. Il est important de comprendre que, si la décision finale t’appartient, elle est une décision guidée par les praticiens, voire une codecision avec eux. Ils savent , ont l’expérience et la connaissance de la littérature scientifique: il faut les écouter. Cela limite donc le choix des options: la surveillance active n’en fait dans ton cas pas partie, j’étais dans le même cas. Si tu pars la dessus, tu prends objectivement un risque plus ou moins important sans pouvoir en évaluer le degré. La RCP doit dans ton cas poser l’option de la chirurgie ou de la radiothérapie. J’étais dans le même cas avec un gleason de 3+4 mis en évidence à la biopsie. J’ai choisi la chirurgie pour 4 raisons: 

  • un taux de récidive à 20 ans un peu plus élevé avec la radiothérapie ( j’avais 55 ans au diagnostic)
  • La possibilité de radiothérapie de rattrapage, alors que ce n’est pas le cas en cas de radiothérapie de première intention, on passe alors à des traitements plus lourds du type hormonothérapie, ce que je voulais absolument éviter (j’ai un ami dans ce cas  après radiothérapie et c’est très dur pour lui)
  • Des séquelles qui sont à peu près identiques dans les 2 options, avec la différence que la chirurgie les cause tout de suite avec un espoir de récupérer, alors qu’en radiothérapie on fait le chemin inverse ce qui psychologiquement m’était plus difficile 
  • La possibilité de stadifier et de localiser exactement le cancer après analyse de la pièce opératoire ce qui dans mon cas s’est avéré utile puisque mon cancer était finalement 4+3 et proche de la capsule.

    je suis 15 mois après l’opération et je ne regrette pas mon choix. Je pense avoir fait le maximum pour mettre toutes les chances de mon côté et c’est important psychologiquement. Les séquelles sur le plan urinaire ont été légères (ça dépend en partie de l’habileté de l’opérateur)et tout est assez vite rentré dans l’ordre au bout de 2 mois. Sur le plan de l’érection, c’est plus long et c’est difficile psychologiquement, malgré la préservation dans mon cas des BNV, mais ça revient petit a petit. J’ai bon espoir et en attendant, il y a des aides qui permettent de garder une vie sexuelle correcte. Je n’éjacule plus (ma femme trouve que c’est bien et moi ça ne me gêne pas vraiment) et je bande un peu mou sans sildenafil ( avec ça va maintenant), mais l’orgasme est toujours là et ça, c’est bien. Et encore une fois, avec un vacuum (que je conseille vraiment) du sildenafil ou autre médicament voire des injections, il y a toujours possibilité d’avoir des érections très efficaces. 
    Bref, comme tu es en bonne santé, et que ton urologue te garantit la préservation des BNV, tu as toutes les chances de récupérer rapidement et d’avoir des séquelles très  limitées. 
    Voilà, j’espère que mon cas qui n’est qu’un exemple pas forcément reproductible à ta situation, t’aidera a cheminer et à prendre la meilleure décision. 
    Bon courage et plein de pensées positives. 

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Almer

Merci beaucoup de ton témoignage Barajda ! J'ai les mêmes réflexions que toi concernant les avantages possibles de la prostatectomie et j'ai des amis qui sont passées par les 2 traitements RT et chirurgie. Un an après le traitement, ca se passe bien pour eux, sauf que pour celui qui a choisi la radiothérapie, des effets à long terme peuvent survenir. Oui, choisir la surveillance active, c'est jouer avec le feu mais en même temps, ça évolue , le chirurgien me disait qu' il y a une quinzaine d'années pour un score Gleason 3+3 l'opération était recommandée d'office . Concernant la radiothérapie, je peux avoir accès aux derniers traitements IRM LINAC et CYBERKNIFE avec stéréotaxie, ils sont censés être plus précis ( moins d'effets secondaires) et obtenir des résultats équivalents à la prostatectomie en terme de pronostic de récidive.  Le radiothérapeute me signale qu'une radiothérapie de rattrapage est possible après un premier traitement par rayons. Par contre , je crains que les effets secondaires soient renforcés.

Le choix de traitement est le deuxième moment difficile après l'annonce du cancer. Mon épouse dit que c'est une vrai torture. J'ai eu pas mal de discussions très franches avec le chirurgien qui s'est rendu disponible. J'ai une bonne relation avec lui , d'autant qu'il ne cherche vraiment pas à me vendre la chirurgie. Merci pour ta sincérité Barajda, ça rassure d'entendre quelqu'un qui est passé par là et qui s'en est sorti.

Pour l'instant je me dirige vers la chirurgie. Après un autre combat va commencer .

Je te souhaite le meilleur

 

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GREG 92

Bonjour Almer,

J'ai bénéficié d'une prostatectomie en juin 2020 (PSA 7,2), au final un foyer principal Gleason 7 (4+3) et 5 petits foyers Gleason 6 alors que je n'avait que 3 biopsie sur 12 environ avec un Gleason 6. Les biopsies qui reposent sur un échantillonnage ne reflètent pas toujours la réalité. A votre place je n'hésiterais pas pour la chirurgie. Aujourd'hui je n'ai pas de séquelles de l'opération (pas d'incontinence et érections correctes même si c'était un peu mieux avant !) PSA indétectable depuis presque 5 ans. L'enjeu est de faire appel à un chirurgien expérimenté qui a l'habitude du robot si c'est cette technique que vous retenez. Bon courage. Bien à vous.

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Almer

Bonjour Greg 92

Merci de tes conseils. Effectivement l'analyse de la prostate après ablation révèle souvent un cancer  plus avancé que la biopsie qui n'est qu'un échantillonnage pour donner une idée. C'est l'une des raison qui m'a fait opter pour la prostatectomie. Cequi me fait douter, c'est homogénéité des taux de PSA depuis 4 ans évoluant vers une baisse et la fausse détection du premier IRM. Pour l'instant, je me suis préparé à l'opération psychologiquement et physiquement. Content que ça se passe bien pour toi, 5 années plus tard ! et touché que tu témoignes encore après toutes ces années pour aider les autres. Merc i

 

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VINCENTP

Bonjour Almer,

Allez, à moi d’y aller avec mon recul et retour d’expérience 😄

Je pense que tu auras lu mon parcours dans d’autres posts, rappeler tout d’abord que je ne suis pas médecin et que je me garderai bien de te dire ce qu’il faut faire, chaque cas est unique et seuls les spécialistes que tu rencontres sauront au mieux t’orienter.

Je peux simplement te faire part, pour être passé par ce que tu vis aujourd’hui, pour avoir beaucoup potassé, consulté, ecouté, partargé avec d’autres hommes dans nos situations et surtout pour avoir goûté, assez jeune, aux 3 traitements (prostatectomie, radiothérapie de rattrapage couplée à hormonothérapie)… de comment j’avancerais à ta place…

Déjà te dire que ce que tu vis, entre doutes, peurs, hésitations, cogitations, ruminations… est normal, et que la première étape est d’être en phase psychologiquement avec ce qu’il t’arrive et avoir franchi, dans la célèbre courbe du deuil, après la stupéfaction, l’incompréhension, le déni parfois, la colère souvent… la phase de l’acceptation avant de prendre ta décision, au risque de regretter ton choix, quel qu’il soit. A te lire, tu es dans une phase de stress et de doute intense, ta situation est loin d’être critique ou urgente, et je pense que reporter ton choix, sans tomber dans de la procrastination, te libérerait beaucoup l’esprit et te permettrait peut être d’atteindre cette phase importante pour mieux rebondir et avancer.

Ensuite, bien sûr je partage à 100% ce qu’ont dit les autres intervenants, notamment Barajda mais aussi Zezinho. À 50 ans également je ne regrette pas mon choix de la chirurgie en 1ere intention, mais avec le recul désormais de la radiothérapie, des progrès fulgurants faits ces dernières années sur cette techno, des centres renommés en France qui ont accès à des matériels à la pointe, je pense qu’à 67 ans et fort de tes analyses que tu partages, je ne prendrai pas la même option… surtout si tu dis que tu es éligible au traitement stéréotaxique.

L’opération reste un acte lourd (anesthésie, sonde urinaire, convalescence nécessaire, effets secondaires immédiats et pas simples à vivre…) alors que la radiothérapie est bcp plus soft au niveau traitement.
Et sur les rattrapages possibles, saches que la ré-irradiation de la loge reste aujourd’hui possible dans beaucoup de cas, les HIFU peuvent aussi être une alternative dans certains cas… voire même la prostatectomie.

Bref, à ta place, je pense que je prendrais encore un peu de temps pour accepter le traumatisme de l’annonce, te libérer d’une pression psychologique et opter pour le choix dans lequel tu auras le plus confiance… et sois rassuré qu’au stade que tu décris, tu vas t’en sortir, quel que soit ton choix, comme la très grande majorité d’entre nous. N’oublie pas enfin la recherche de qualité de vie au delà du seul traitement de la maladie.

Espérant d’avoir à mon tour, un peu éclairé…

Amicalement 
 

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Almer

Merci de ta réponse VincentP ! Effectivement je viens de voir que tu as bcp contribué !

Je ne sais pas si suis stressé à 3 jours de la prostatectomie programmée. Je dors bien, J' ai encore une vie sexuelle, je fais de l'exercice physique. Par contre, je doute effectivement et cela ressemble beaucoup à une torture mentale :-)). Dans l'ensemble, je m'étonne de mon comportement et j'espère que cela va tenir. J'ai aussi beaucoup étudié les diverses possibilités et techniques, lu les études, les forums etc ... Chaque cas est unique; âge, forme physique, résultats des biopsies, psa , IRM, taille de la prostate et de la tumeur, emplacement etc ...J'ai discuté avec des amis ayant suivi l'un ou l'autre traitement  et tout reste possible...dans le meilleur  des  cas, pour l'un d'entre eux ,à 70 ans  prostatectomie avec récupération rapide avec continence, fonctions érectiles et  PSA non détectable au bout d'un mois et demi. ! Dans l'autre cas, après IMRT 20 séances à 73 ans , grosse fatigue durant 3 mois mais aucun effet secondaire et PSA faible un an après. Peu d'impact sur la qualité de vie  . Sauf que avec la radiothérapie , les effets  secondaires ne sont peut être pas terminés. Un responsable d'un grand service de radiothérapie, m'a  indiqué que le pronostic de guérison est  désormais similaire avec la prostatectomie et que la radiothérapie de rattrapage avec hormonothérapie , ou HIFU  est possible même après un premier traitement par rayons. Je crains par contre des effets secondaires plus prononcés. Le calendrier est là, abrupt: IRM demain et prostatectomie mercredi  . Le chirurgien attend mon retour après les résultats de l'IRM. J'avoue que je serai très gêné d'annuler au dernier moment même s'il a laissé la porte ouverte. Pour l'instant je me suis préparé à la chirurgie: rééeducation périnéale Biofeedback, yoga , exercices de kegel, exercices physiques, méditation. Je me suis même initié à la pompe à pénis. Ayant parcouru de nombreuses études et témoignages à ce sujet, j'ai la conviction qu'il faut préparer le corps avnt l'opération à une reprogrammation urinaire et sexuelle. Bref je me suis aussi programmé pour l'opération  en croisant les doigts car à 67 ans je n'ai plus les qualités physique d'il y a 10ans.  Tu as raison quelque soit le traitement il faut acquérir l'intime conviction que c'est le meilleur choix et s'y consacrer pleinement. C'est le plus difficile à acquérir pour moi en ce moment.

 Merci pour le temps que tu consacres à aider les patients comme moi..

 

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VINCENTP

Parfait, le principal est d’être prêt, et j’avais exactement fait comme toi avant l’opération, au delà d’une préparation psychologique (+ relaxation, méditation…), une bonne préparation également physique (activité régulière (marches, abdos, gainage…) , début des Kegels…). 

Plein d’ondes positives et bonne suite à toi !!

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