Chère Manrelie, Tout d'abord, permettez-moi de vous présenter mes plus sincères condoléances pour cette perte cruelle s'il en est. En effet, perdre sa maman quelle qu'en soit la cause est toujours un bouleversement, un drame dont on a l'impression qu'il est impossible de s'en remettre - j'en parle en connaissance de cause - et pourtant... La vie est ainsi faite, de joie : la venue de votre bébé et de chagrin : la perte de votre maman. Puisque vous avez profondément aimé votre maman, continuez à la faire vivre en parlant d'elle; Je ne sais plus qui a dit que l'on est vraiment mort quand on ne parle plus de nous. Et un jour, vous vous apercevrez que vous pouvez parler d'elle sans pleurer. Je vous souhaite tout plein de courage.
Perte d'un être cher
Bonjour Manrelie,
Votre témoignage est poignant et fait écho à l'immense chagrin qui m'a envahi quand j'ai perdu ma Maman. J'ai cru, les premiers mois, que j'arriverai à faire face toute seule, et puis j'ai mis un genou à terre et j'ai dû me faire aider par un traitement anti-dépresseur. Je ne suis pas allée voir un psy. A quoi bon ? J'étais malheureuse comme les pierres, en deuil, et je n'avais pas besoin de chercher une autre raison à ce profond malaise. Le traitement médicamenteux a duré 6 mois, le temps de laisser passer le temps et d'accepter l'inacceptable, le temps de reposer mon cerveau. J'ai été arrêtée deux mois 1/2, incapable d'aller bosser. Je crois, à vous lire, que vous êtes en pleine dépression, ce qui, compte tenu des circonstances, n'aurait rien d'anormal : perdre sa Maman et donner la vie en même temps, ce sont quand même des situations qui bouleversent.
A la question : "comment faire pour faire face", je vous conseillerai (humblement, hein, je ne suis pas médecin) de consulter et d'accepter peut-être un traitement pour vous soutenir pendant cette période.
Je vous souhaite bon courage.
Je ne suis pas vraiment du genre à m'exprimer facilement et à expliquer ce qui se passe là haut dans ma tête.
Les mots viennent à me manquer quand je pense à elle. Maman est partie. L'écrire me semble irréel, je n'y crois pas à vrai dire. Pourtant je l'ai vu nous quitter.
Son cancer a été diagnostiqué tardivement, je préfère ne pas m'exprimer au sujet de son médecin traitant même si j'ai des choses à dire le concernant qui ne seront probablement pas accepté sur ce forum.
Cancer du poumon, des métastases...
Je ne veux pas parler du stade de la maladie, ni de la localisation des métastases. Ni rien de tout ça.
C'est déjà assez difficile comme ça, pour moi, psychologiquement. Lors de la terrible annonce, ma mère était étrangement ailleurs.
Je ne l'oublierai jamais.
Probablement qu'elle ne réalisait pas encore, et puis de toute façon elle nous avait prévenue, si un jour elle avait le cancer du poumon : elle ne se soignerait pas.
Finalement, elle l'a fait. Elle a commencé à se soigner. Des chimio, des rayons, des irms, des scanners, des tep scans et les piluliers qui débordaient de gellule, matin, midi, soir...
Inoubliable.
Les premières chutent de cheveux, puis les mèches de cheveux et enfin le rasage complet du crâne...
Les premiers effets secondaires...
Gravé à jamais.
Elle avait acheté une perruque, mais elle ne l'a portait jamais. Je n'ai pas de photos d'elle la portant, uniquement elle avec des foulards, bonnets, casquette et tout autre chose...
Je n'ai plus qu'elle sur les photos avec ce genre de couvre chef. La maladie est sur tout les clichés. Présent à jamais dans ma mémoire et sur les seuls souvenirs qui me restent d'elle.
Son sourire semble radieux, mais on voit bien qu'il est moins lumineux au fil des mois.
Ce fut trop rapide, si rapide que même maintenant j'ai toujours du mal à y croire.
Je pense souvent au fait que si elle n'avait pas fait toutes les chimios, tout les rayons elle serait encore là, avec moi. Avec nous.
Il y a des images qui restent dans ma tête et qui me hantent. Elles ne veulent pas partir.
Je fais des cauchemars toutes les nuits et mes journées sont rythmées par la vie que j'ai donné un mois avant qu'elle parte.
Je sais que je ne suis pas là seule à être dans ce cas j'ai perdu ma maman très jeune et elle, était très jeune aussi. Toute notre famille est chamboulée par cette perte.
Ma grand mère qui a elle même un cancer du sang semble anéantie, mais elle reste tellement digne que ça me dépasse.
Il n'y a plus de Noël, ni d'anniversaires. Les réunions de famille sont fades, insipides.
Je sais que la maladie m'arrachera ma grand mère aussi un jour où l'autre. Elle est trop âgée pour avoir une greffe et l'hôpital lui fait des chimio de confort.
J'ai perdu mon grand père paternel d'un cancer du colon il y a deux ans et ça aussi, ça m'a fait du mal psychologiquement.
Voir les gens qu'on aiment profondément devenir faible, dépérir est psychologiquement traumatisant.
J'étais là du début à la fin malgré les circonstances, mais je me sens mal, coupable. J'ai l'impression de ne pas avoir assez profiter des derniers instants qui me restaient avec elle.
L'univers m'a fait don de la vie, mais en a prit une en échange...
Mon cerveau est sur off depuis novembre 2024. Depuis que mon bébé est né, depuis qu'elle n'est plus là. Tout ces mois qui passent sont pour moi exactement le même.
On est toujours en novembre/décembre. Mon bébé a toujours un mois. Il fait beau dehors, mais la morsure de l'hiver est toujours présente.
La vie continue son cours, mais sans moi. Je suis dépassée, bientôt je vais devoir reprendre le travail. Mais, le puis-je seulement ?
Quand l'annonce a été faite, j'ai tout arrêté pour être auprès d'elle. Je voulais meme m'occuper d'elle après mon accouchement. Tout était programmé, mais tout a été chamboulé.
Je la vois partout, dans toutes ces femmes qui courent les rues, qui ont son âge et qui lui ressemble.
Je la vois dans toutes les mères avec leur fille, et ce sentiment qui ne me quittent pas...
Pour moi, c'est terminé, mais elles ont encore de la chance. Il faut chérir les gens qu'on aime, même si parfois ils nous tapent sur les nerfs.
Cette année, elle ne m'appellera pas pour me chanter un joyeux anniversaire. Qui le fera alors ?
Et sa voix, si je l'oubliais ?
Et son sourire... Son odeur...
Comment faire pour faire face ?