IMMUNODEPRIMEE PAR LA CHIMIOTHERAPIE MAIS NON PRIORITAIRE POUR LE VACCIN

Bonjour à tous et toutes,
voilà un an jour pour jour, on a diagnostiqué un cancer du sein extrêmement avancé. Un an plus tard, j'ai subi 16 chimiothérapies (EC + Taxol), une mastectomie radicale et un curage axillaire, 30 séances de radiothérapie ; je suis passée par un œdème maculaire cistoide sur l'œil droit en particulier suite au Taxol, par des neuropathies périphériques extrêmement douloureuses, par une névralgie du nerf trijumeau qui a conduit les médecins à me placer sous antiépileptique (endormissement, bégaiement, prise de poids) ; les bouffées de chaleur sont épouvantables ; et depuis deux semaines on a diagnostiqué un lymphoedeme, c'est donc parti pour les séances de kinésithérapie plusieurs fois par semaine et le port d'un manchon. Pour faire face à l'hormonothérapie (anastrozole), et parce que je suis déjà en ostéoporose, je dois faire une perfusion de biphosphonates, et donc auparavant de nombreuses soins dentaires. Dans tout ce contexte je n'ai pas encore cité le point qui me conduis sur ce forum : six mois après la chimiothérapie mais lymphocytes n'ont quasiment pas bougé, ils sont à 5,3GL/L. Or, j'apprends à l'instant par la lecture de nombreux journaux fiables, que les futurs prioritaires du vaccin comprendront bien les immunodéprimés, mais seulement s'ils ont plus de 50 ans. J'ai 49 ans et trois mois. Épuisée par un an de combat terrible, se soldant par des doutes douloureux puisque la chimiothérapie n'a pas été très efficace, commençant un lymphoedème, et tout aussi immunodéprimée qu'à la fin de ma chimiothérapie, je ne serai donc toujours pas éligible au vaccin lors de la deuxième vague des « prioritaires ». Tout ça parce que je n'aurais 50 ans que dans 7 mois. Alors je remets à plus tard les soins dentaires ; je ne ferai pas la perfusion de biphosphonates et à 49 ans ostéoporose va s'aggraver ; j'aurai la peur au ventre à chaque sortie, à chaque séance de kinésithérapie ; et qu'on ne me dise pas, épuisée et au bout du rouleau comme je le suis, immunodéprimés par la chimiothérapie, que je ne serai pas plus fragile qu'un autre immunodéprimé de 51 ans si j'attrape ce virus. Ce sera juste, si je m'en sors, la nouvelle extraordinaire obstacle à mes chances de vaincre la maladie, alors même que la maladie est encore tous les jours tout présente dans ma vie ne serait-ce qu'avec les handicaps définitifs et évolutifs que les traitements m'ont laissés. Est-ce juste ? Que peut-on faire ? À ce jour je songe très sérieusement à abdiquer, arrêter de prendre mes traitements, à ne plus me projeter dans l'avenir. Heureusement que j'ai des proches qui essaient de m'en dissuader mais je ne sais pas combien de temps encore on peut tenir comme ça. Je suis certaine que je ne suis pas la seule dans cette situation. Lors de mes dizaines de séjours à l'institut Paoli Calmette j'en ai croisé tellement des femmes et des hommes jeunes qui ne sont pas forcément à ce jour en chimiothérapie et que pourtant la maladie les traitements ont abîmés, et qui devrait être prioritaires lors de la deuxième vague, quel que soit leur âge, et même s'ils ont 49 ans 11 mois et 30 jours.
Bien à vous
Isabelle