En voie de guérison

Bonjour à tous,
Dix mois se sont écoulés entre ce 13 février 2019, jour annonçant le très mauvais résultat d'une biopsie, suivi d'une intervention en urgence une semaine plus tard et le13 décembre dernier, annonçant un état en voie de guérison, assisté d'une surveillance programmée. En tout, 91 visites au Centre du cancer et dans trois autre cliniques de ma région nord. Une forme de lésion très rare (carcinome odontogène à cellules claires situé sur le palais osseux, qui pourrait être dû à la lente migration dans le maxillaire supérieur de particules d'émail dentaire.
Le traitement aurait pu être pris environ huit mois plus tôt, car l'ORL consulté trois fois de suite avait lourdement insisté et essayé de me rassurer en me disant que des douleurs ressenties étaient juste dûes à une rhinosinusite chronique et sûrement pas à un cancer. Idem pour trois passages chez mon dentiste : il pensait à une névralgie du nerf trijumeau, à d'autres causes possibles ...
exception faite d'une lésion cancéreuse d'origine dentaire. La douleur empirant, la visite d'un stomato a fait accélérer les choses à la vitesse de l'éclair : radiographie, scanner avec injection et biopsie révélant cinq jours plus tard le type de lésion cancéreuse .... qui était bien d'origine dentaire et qui n'avait pas de lien avec une rhinosinusite chronique. Malgré mon âge (75 ans), je n'ai pas hésité une seule seconde pour la solution de l'exerèse de la partie frontale du maxillaire supérieur, accompagnée de six dents et de la partie avant du palais. Sur ma demande, on m'a fait simultanément une reconstruction du palais à partir du grand dorsal. Le tout a nécessité 10 heures de chirurgie fine.
Un moral de fer, des pensées de guérison très positives et un entourage très dévoué m'ont beaucoup aidé à supporter cette épreuve, la douleur, surtout après une récidive locale plutôt méchante survenue 15 jours plus tard, ainsi que les effets secondaires liés à 33 séances de radiothérapie : perte du goût, de l'odorat, nausées, fatigue intense. L'avant-dernière étape a été celle de la mise en forme du palais greffé le 13 décembre dernier. Pendant tout ce parcours, j'ai déployé tous les efforts pour essayer de ne pas maigrir. Ce n'est pas simple lorsque l'on n'a plus d'appétit, que le nez et la langue ne captent plus rien du tout et que les nausées deviennent des obstacles de plus en plus durs à surmonter. Au final, j'ai perdu non pas ces 15 kg prévus mais seulement 5. Chaque jour, malgré la fatigue, je n'ai cessé de bouger, de marcher, de faire des exercices physiques, y compris dès le lendemain de mon intervention. Hormis un très bon moral, il faut aussi apprendre à se relaxer le mieux possible, à rire aussi, ce qui aide à bien dormir.
J'aborde maintenant le stade de la surveillance périodique et celui de la reconstruction dentaire, celle qui me permettra enfin de pouvoir parler et de passer des aliments liquides ou mixés à une alimentation classique. Au final, cette expérience s'est assimilée à une sorte de parcours du combattant, celui que l'on se jure d'affronter avec la volonté de gagner absolument. Pour ce type de lésion dite très agressive, à évolution très rapide, le pronostic de survie sur une dizaine de mois était pourtant de l'ordre de 15 à 20 %.
Pour moi, cette expérience a été très enrichissante. Les choses de la vie n'ont désormais plus les mêmes valeurs. La mort, à laquelle personne n'échappe, ne fait plus peur, plus peur du tout : plus on s'en approche et plus on se sent envahi par une sensation de sérénité, de bonheur. L'ambiance chaleureuse dans les hôpitaux spécialisés, a permis de parler, de partager cette étape de vie avec le milieu médical attentif, dévoué, à commencer par les infirmières. Idem pour plein d'autres patients avec qui on partage une bienveillance, un soutien mutuel auquel on ne s'y attendait vraiment pas. Cela réchauffe le cœur.
Cette expérience ne fera que renforcer ma volonté de me battre dans le cas d'une récidive ou d'une métastase.
Je souhaite à tous ceux qui sont concernés par ce fléau mondial de ne jamais baisser les bras, de croire à la guérison jusqu'au bout, de bien être à l'écoute de son corps, de son esprit, d'éviter la sédentarité, de s'organiser pour être toujours entouré d'amis de proches, de jeter hors de sa tête des pensées sombres, négatives en les remplaçant par du soleil, par des pensées positives, par tout ce que l'on pourrait faire de bien aux autres, aux proches, sans chercher à obtenir quelque chose en retour.
A tous ceux qui sont concernés, je vous adresse tous mes vœux de guérison.
Bonnes fêtes, heureuse année 2020.
Que la Medecine soit avec vous !
Jean H