Bonjour,
Votre histoire m'a touchée. Votre femme a eu beaucoup de chance de vous avoir à ses côtés et d'avoir eu votre soutien tout du long. Vous pouvez être fier de vous, vous avez été la jusqu'à la fin et l'avez accompagné, elle n'était pas seule et a du se sentir aimée jusqu'au bout.
Après ces longs mois difficiles, prenez du temps pour vous c'est important, vous y avez droit. Profitez en pour relâcher tout ce que vous avez accumulé ces derniers mois. Faites des choses qui vous font du bien, que vous avez envie de faire depuis longtemps, ou même des choses que votre épouse aurait aimé pouvoir faire.
Je vous souhaite beaucoup de courage durant cette épreuve, seul le temps apaisera vitre douleur même si c'est une douleur éternelle
Mon épouse est décédée d'un cancer cérébral, un Glioblastome de grade 4, incurable. Elle disais toujours, " on s'aime trop, on ne pourra pas vivre l'un sans l'autre ". Elle avait peur que je parte le 1 er parce que j'ai onze ans de plus qu'elle. Le sort en a décidé autrement. Elle savait que son espérance de vie était pratiquement nulle, mais pour ne pas me lasser seul, elle a décidé de suivre le traitement qui est très lourd. Elle a lutté pendant 38 mois, elle m'a quitté le 13/10/2024 à 19h30 à l'âge de 69 ans, après 31 ans de mariage.
Les 5 derniers mois, je l'ai prise en HAD parce que je ne voulais pas qu'elle meure dans un lit d'hôpital, mais chez nous, dans notre lit avec moi à ses cotés. J'ai vécu sa maladie en temps réel 24h/24. Je l'ai accompagné dans tous ses déplacements à l'hôpital. J'ai vu et ressenti sa tristesse, sa détresse, ses souffrances. Durant cette période, nous avons tissé des lien sentimentaux très puissants. Nous ne faisions plus qu'un pour lutter contre la maladie. On a eu des moments difficiles. Nous avons passé de nombreuse nuits blanches. Nous nous sommes parfois disputés parce que nous étions épuisés et désespéré de voir que la maladie prenait le dessus. Son état se dégradait de jours en jours. perte de la vision latérale de son oeil gauche. Paralysie de son bras gauche. Paralysie de sa jambe gauche. J'étais obligé de la porter dans tous ses déplacements. Tremblement du bras droit de plus en plus fort. J'étais obligé de lui donner à manger.. petit elle a perdu l'usage de la parole. Nous ne communiquions plus que par le regard. Elle avait des expressions de chien battu d'une tristesse insoutenable. Ses yeux me disaient " fais quelque chose, il faut que ca cesse '. J'étais impuissant, je ne pouvais rien faire, moi qui l'ai protégé durant toute notre vie.
Les 3 derniers jours, elle avait des douleurs neurologiques atroces, on ne pouvait plus la toucher. Elle avait des pointes de température allant jusqu'à 40°. elle a attrapé des glaires dans les poumons qui l'empêchaient de respirer. On lui faisait des piqûres de morphine, de doliprane, d'un produit pour fluidifier les glaire, elle ne pouvait plus rien avaler. Elle était martyrisée. Le médecin décide de la faire dormir jour et nuit pour qu'elle ne souffre plus. On n'avait plus de contact. je l'embrassais tout le temps, mais elle ne sentais rien, bien sûr.
Le jour ou elle est partie, elle s'est réveillé à 14h30 avec des râles, on ne sait pas pourquoi. j'ai pris ^peur, j'appelle l'infirmière. Elle me dis elle attend peut être quelque chose pour s'en aller. Nous sommes chrétiens, je lui dis " mon amour, ma puce, tu es trop martyrisée, tu as trop de souffrances, tu as trop de misères sur terre, ce n'est pas une vie, va rejoindre le Seigneur tu seras mieux avec lui, je t'accompagnerai, je serai ton ange gardien ". Elle me répond dans un râle " Nooon ". plus tard, je répète, elle me dis toujours "Nooon ". A 19h30, je viens l'embrasser, elle rend le dernier soupir dans mes bras. Je viens de vivre en direct la mort de ma femme. Elle venait de me quitter pour toujours. Les Pompes Funèbre sont venus la chercher le lendemain à 11 heures. Je n'ai pas dormi de la nuit, je l'ai embrassé tout le temps.
Depuis ce jour, je suis devenu un somnambule, un clown triste. J'ai mal moralement et physiquement. Je ressens ses douleurs dans le corps alors que quand je la portais je ressentais à peine son poids, elle ne pesait plus que 40 kg. je vais tous les jours au cimetière. Comment peut on encore vivre alors que c'est moi qui lui ai demandé de me quitter et que j'ai survécu à un cancer du rectum à l'âge de 80 ans. Il n'y a pas de justice.
J'ai rédigé ce témoignage pour rendre hommage à cette merveilleuse femme, que j'ai eu la chance de rencontrer et qui a su faire de son foyer un havre de paix et d'amour.