Sexualité inexistante 5 ans après

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Framboise7013

Bonjour,

Mon compagnon a subi une ablation de la prostate en 2019.

5 ans plus tard, nous n'avons plus aucune activité intime et sexuelle.

Il a fait des injections dans le pénis, essayé la pompe, et même le cyalis, mais les érections ne reviennent pas.

Il n'envisage pas l'implant.

De mon côté, je me suis habituée à cette situation, mais elle me pèse de plus en plus. D'autant que nous sommes encore jeunes (55 ans).

Les 3 premières années qui ont suivi l'opération, nous avions quand même des moments intimes, érotiques, des attouchements.

Depuis 2 ans, ni l'un ni l'autre ne nous touchons plus. 

Pour ma part, je n'ose plus entreprendre, malgré les envies. Nous n'en parlons plus, nous nous sommes en quelque sorte résignés.

J'aurais l'impression de le culpabiliser si je me plaignais auprès de lui. Alors je me tourne vers vous...

Comment faire pour gérer mes émotions ? Que puis-je entreprendre ? 

Messieurs, vous qui avez subi cette opération, que doit ressentir mon compagnon vis-à-vis de cette situation ?

Mesdames, vous qui êtes dans ma situation, comment réagissez-vous ?

Merci pour votre aide,

Souricette

Bonsoir Framboise,

Bienvenue sur le forum !

Ce n'est pas souvent qu'on aborde ce sujet ici, mais je trouve courageux de vouloir en parler. L'anonymat aidant, je me lance la première, en espérant que d'autres suivront.

On ne va pas se mentir, la maladie, qui plus est, le cancer, ne favorise pas la vie sexuelle. Il y a la maladie, la douleur, les traitements, les angoisses, la transformation physique (perte de cheveux, opérations, cicatrices, etc...), tout ça fait que, à priori, notre vie sexuelle, quel que soit notre âge, n'est plus la priorité. 

C'est peut-être un peu pour ça, qu'après avoir interrompu nos activités "récréatives", il est un peu difficile de s'y remettre. 

Pour le malade, bien que ce soit comme le vélo et que "ça ne s'oublie pas", nous voilà devenu un peu gauche, un peu coincé. Est-ce que le regard de l'autre sur notre corps a changé ? est-on encore désirable ? est-ce que ça va marcher ? toutes ces interrogations, quand en plus elles ne sont pas exprimées à voix haute, ne sont pas vraiment de nature à trouver l'épanouissement.

Côté "aidant", c'est pas la fête non plus : si on fait des travaux d'approche alors que l'autre n'est pas dans le mood, ne va t'il pas interpréter cela un peu comme une agression : elle a envie mais elle ne voit pas que je suis crevé ? et si ça ne marche pas, est-ce qu'elle n'aura pas envie d'aller voir ailleurs ? est-ce que je suis encore un homme ?

Honnêtement, je pense que nous sommes nombreux à avoir traversé cette épreuve et je ne suis pas sûre que, pour beaucoup, ce soit la fête tous les soirs quand la maison s'endort.

Moi personnellement, je n'ai pas de problème avec ça. Notre vie sexuelle n'est plus la priorité mais l'amour et la tendresse sont toujours au rendez-vous. Nous partageons énormément de choses ensemble et surtout, nous parlons beaucoup. Pour nous c'est un non sujet. Si mon mari n'est plus aussi ardent, je dois reconnaître, que je le suis moins également mais ça ne me prend pas la tête. C'est vrai que je suis un peu plus âgée que vous mais je crois surtout que j'ai une capacité naturelle à accepter mon sort et à trouver le bonheur sous d'autres formes.

J'espère que vous aurez d'autres témoignages. A bientôt.

 

 

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Framboise7013

Bonsoir,

Merci d'avoir pris le temps de m'écrire.

J'ai accepté les choses parce que je l'aime, que je le considère comme mon alter ego. Nous aussi, nous partageons beaucoup, bien que nous ne vivions pas ensemble.

Mais il est vrai que je me sens parfois très en colère contre cette maladie.  Et c'est aussi ce sentiment que j'ai du mal à gérer. 

Je suis quelqu'un qui s'est toujours battu pour avoir une vie meilleure, et je me sens -je pense- tout aussi impuissante que lui devant cette situation.

J'avais besoin d'en parler avec des personnes qui vivent dans cet "atmosphère". Merci

Souricette

Bonjour Framboise,

Peut-être devriez-vous vous faire aider par un psy pour évacuer cette colère (bien légitime) ? A la ligue il y a des consultations téléphoniques, anonymes et gratuites...

Pour le reste, je sais bien que ce n'est pas facile, mais mon esprit très cartésien fait que quand quelque chose n'est pas possible, soit je passe à autre chose, soit je fais autrement. 

Mes remarques sur la sexualité : on sait tous qu'avec l'âge, quand on sera vieux, à un moment donné on ne va plus être performant et que notre vie sexuelle se résumera à "bonne nuit mon chéri" après un petit baiser sur le front. Or, si vous vous disiez que vous avez juste pris un peu d'avance ce serait peut-être plus facile ? 

D'ailleurs,  à partir de quand est-on vieux ? Pourquoi ce serait 70 / 75 ans et pas 50 ? et puis, croyez-vous que ça soit la fête des sens tous les soirs chez votre voisin de palier ? Combien, bien plus jeunes que vous d'ailleurs, n'ont pas de vie sexuelle : les parents solos qui croulent sous les tâches domestiques et les devoirs des enfants, ceux qui vivent à des kms de distance et ne se voient qu'une fois par semaine (ou mois), ceux qui dépriment, ceux qui font des longs séjours à l'hôpital, ceux qui bossent toute la semaine à l'autre bout de la France et ne rentrent chez eux le week-end que pour faire laver leur linge et faire la sieste avant de repartir le lundi matin...Et franchement, à part dans les films où on plaque son partenaire sur le mur de l'entrée en rentrant, pensez-vous sérieusement qu'il y en a beaucoup qui ont une sexualité débridée, quand ils rentrent le soir avec la baguette de pain et qu'ils ont descendu les poubelles ?

Ce que j'essaye de vous dire c'est qu'au lieu de zoomer sur ce problème (qui en est un c'est vrai), il faudrait peut-être juste essayer de changer l'angle d'attaque et vous réjouir de tout ce que vous pouvez faire à deux, avec une personne qui vous correspond vraiment, plutôt que de vivre avec un homme qui vous conduirait peut-être au 7ème ciel, mais avec qui, vous auriez en fait seulement ça à partager.

J'espère sincèrement que vous allez trouver une voie qui vous apporte l'apaisement.

Barajda

 Bonjour Framboise 
Opéré en décembre dernier à 55 ans  avec préservation bilatérale des bandelettes vasculo nerveuses, je n’en suis pas encore au stade que vous avez atteint. Mais je souffre d’une dysfonction érectile complète et les « progrès » sont imperceptibles. La pompe est efficace mais les érections ne sont pas de vraies érections. Le viagra au dosage maximum ne produit pas d’effet suffisant ni le vitaros qui fait mal. Tout ceci est si brutal qu’au début on se révolte et on se bat. Mais c’est si lent et on a si peur qu’au final ça ne revienne jamais qu’on se dit que de toute façon, il vaut peut être mieux se résigner et oublier. Voilà ce que peut ressentir votre compagnon. Si il ne vous rejette pas il faut peut être que vous repreniez l’initiative. Il en a peut être besoin.  On se sent tellement abandonné et impuissant dans cette situation. On a envie d’en pleurer sans pouvoir le faire. Et on ne peut en parler a personne. C’est désespérant. Alors on se dit qu’ il vaut mieux oublier. ..

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Framboise7013

Bonsoir, 

Effectivement, je pense qu'on a tout simplement pris le parti de vivre sans sexualité, puisque ça ne revient pas.

Je suis consciente que c'est très difficile pour un homme de perdre ses facultés, et bien qu'il me l'ait dit au début, il n'en parle plus. Cependant je suis persuadée qu'il en souffre.

Je vais essayer de reprendre l'initiative, car non, il ne me rejette pas. Donc il faut que je prenne sur moi...

Merci pour ces confidences. 

Barajda

Bonjour Framboise 

Mon message ne visait pas à vous culpabiliser. Vous n’êtes pas responsable de cette situation. C’est sûr que vous pouvez faire quelque chose mais ça doit aussi venir de lui. A t’il essayé le vacuum? C’est très efficace et comme c’est mécanique ça marche quasiment à coup sûr.Ça produit des érections qui ne sont pas complètement naturelles mais qui sont très efficaces et peuvent être utilisées pour des rapports sexuels avec pénétration. Après, c’est vrai que cette situation est pesante. On se sent privé d’une partie de soi. Ça a l’air bête dit comme ça et je n’y avait jamais pensé avant, mais pouvoir ‘bander’, c’est vraiment une partie de l’identité masculine et ça compte vraiment. En fait un homme qui n’a pas de dysfonction érectile a tous les jours des érections, même sans excitation sexuelle, la nuit par exemple. Alors quand ça disparaît aussi brutalement, c’est vraiment difficile.Et puis il y a l’isolement: on ne peut en parler à personne et personne ne vous en parle. Même pas les médecins qui préfèrent éviter le sujet et dans mon cas ne m’ont rien proposé en dehors des médicaments et du vacuum: ni soins de support, ni consultations de sexologie. Et lorsque vous voulez aborder le sujet, on vous fait comprendre à demi mot que vous êtes bien égocentrique avec vos petits problèmes d’érection et que tout ça est vraiment accessoire et pas important comparé au cancer par exemple. Et les mots qui blessent et sont encore beaucoup utilisés comme celui ‘d’impuissance’. Lorsque on se retrouve comme ça après l’opération on a peur que ça ne revienne jamais. Moi, mon urologue m’a dit: « je ne suis pas inquiet pour vous ». Mais moi, je le suis inquiet. Et beaucoup. J’en parle avec mon épouse qui m’aide et me comprend, mais au bout d’un moment, il n’y a plus beaucoup à en dire, alors on garde ses pensées noires et inquiètes pour soi. Et tout les jours on se dit qu’il n’y a pas de progrès. J’en suis pour ma part à un peu plus de 6 mois après l’opération. Je ne sais pas où j’en serai dans 4 ans et demi, mais c’est sûr que si ça ne bouge pas, il y a un risque que j’essaie d’oublier car c’est aussi une lutte quotidienne: il faut faire de la rééducation avec le vacuum. Ça prend du temps et ce n’est ni très agréable ni très valorisant pour l’image de soi. Après, je suppose qu’on finit par accepter ce sur quoi on n’a pas de prise, mais je n’en suis pas encore là et j’ai aussi peur d’en arriver à ce renoncement. 
B.

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Saram

Bonsoir,

Je partage ton avis Souricette. Avant de penser à faire des folies il faut accepter ton nouveau corps et oser montrer le changement  à ton conjoint. Prothèse, cicatrices, perte de cheveux, prise de 4 kg, chimio et radiotherapie ne font pas bon ménage dans la vie intime d'u  couple. Ensuite l'hormonothérapie vient rajouter son lot d'effets indésirables. Notre vie sexuelle est moins épanouie.   Framboise, je comprends tout à fait ton ressenti, vous devriez en parler tous les deux, essaies de faire les premiers pas ou consulter. Ton conjoint a peut-être peur de ne plus être â la hauteur, il a besoin d'être rassuré... J'espère qu'un malade souffrant d'un cancer de la prostate viendra témoigner. Bon courage

   

 

 

 

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Lulu57

Bonjour,

Mon époux a eu la même opération et pour nous aussi il a fallut s'adapter à une autre sexualité , mais nous avons toujours une complicité sexuelle, pour moi le plus dur a était de ne pas être dans le contrôle  continue des ces analyses de sang du moindre signe de fatigue  bref .....je cache mes angoisses 

Bonne journée à tous le groupe 

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