Cher Maxime, Ton témoignage m'a bouleversé. Il y a tant d'amour dans tes mots que ta maman, où qu'elle soit, doit encore les entendre.
En ce début d'année 2025, je ne peux que te souhaiter le meilleur ainsi qu'à ton frère et continuez à faire vivre votre maman dans vos cœurs, car elle le mérite bien visiblement.
Une mamie qui s'est permis de te tutoyer pour te faire comprendre à quel point ton message l'a touchée.
Yvette
Bonjour à tous,
J'écris ce message 2 ans et demi après le décès de ma mère. C'est pour moi un moyen de ne pas l'oublier et de m'aider dans mon deuil. Peut-être que mon témoignage pourra un jour aider quelqu'un.
Pour recontextualiser, ma mère a contracté un premier cancer du sein en 2010, j'avais 8 ans à cette époque. J'ai donc très peu de souvenirs de cette période, du fait qu'on ne dit rien à un enfant de 8 ans à propos du cancer de sa mère. Heureusement, les séances de chimio et les rayons ont pu repousser le cancer ce qui a permis à ma mère de reprendre le cours de sa vie.
Quelques années après, lors de mon entrée en seconde (2017), mes parents ont divorcé. C'était une décision commune même si ma mère a, au premier abord, voulu divorcer en première. S'en est suivi une période compliquée pour elle. Je pense qu'elle a mal vécu la séparation, avec mon frère parti en études supérieures et moi difficile à vivre à cause de mon jeune âge. Je voulais principalement rester chez mon père car il avait gardé la maison et donc tout le confort de vie que j'avais toujours connu. Ma mère a fait une dépression fin 2018 début 2019. À cette période je me rendais après les cours pour la voir à la clinique durant la semaine, mais je ne mesurais pas le potentiel mal-être qu'elle vivait et le support supplémentaire que j'aurais pu apporter. Après ça guérison elle a pu reprendre un travail qui lui plaisait. Tout se passait relativement bien, j'avais commencé ma première année d'études supérieures (malgré le COVID) et elle commençait à fréquenter un nouvel homme.
Fin 2020 la rechute du cancer du sein a été diagnostiqué. Cancer métastatique, il a principalement touché les os de la hanche, de la colonne et une partie du cerveau. Son état physique s'est dégradé sur un an et demi, ce que nous pouvions observer en venant la voir chaque weekend depuis Grenoble. Ça a commencé par une difficulté à marcher sans béquille du fait des os de la hanche qui se fragilisaient, puis tout doucement une incapacité à marcher sans béquille. On essayait de la faire sortir au maximum le weekend pour qu'elle puisse marcher et profiter de l'extérieur. Elle vivait chez sa mère qui avait la capacité de s'en occuper. C'était très bien pour elle de ne pas se retrouver en maison ou d'être dépendante d'une infirmière h24. Les mois continuaient de passer et son état s'aggravait de plus en plus, difficulté à parler, à mâcher, à manger. (Dû au cerveau qui était touché).
En fin d'année 2021 les médecins de l'hôpital nous ont convoqués avec mon frère pour nous expliquer qu'il n'y allait avoir aucun moyen de guérison. Le cerveau était trop touché et les opérations sur la colonne vertébrale avaient de fortes chance de toucher les alentours et de faire de gros dégâts. Ils nous ont dit qu'elle pourrait décéder dans 1 mois, 6 mois ou même 1 an. J'ai l'impression que j'ai été dans le déni de la non-guérison jusqu'à la fin, c'était impossible de se dire que c'était la fin. On a alors continué à vivre normalement avec elle, de ne pas le traiter comme une personne malade et de continuer de faire le plus possible. Elle me répétait qu'elle voulait aller voir la mer au printemps. On est donc partis avec mon frère et mon père voir les iles d'Hyères. Mon père, malgré le divorce, a été très présent et a tout fait pour que ces moments soient les mieux possibles. C'était compliqué de la voir en vacances à la mer, sachant pertinemment que ça serait la dernière fois de sa vie. Malgré son fauteuil roulant, on la portait jusqu'à la mer pour qu'elle puisse être sur la plage comme tout le monde.
Après ces vacances, les choses se sont accélérées rapidement, durant ces derniers moments à la maison, elle nous répétait qu'elle ne voulait pas "d'acharnement thérapeutique". Un soir quand on l'aidait à se coucher avec mon frère, elle nous a dit "les garçons je crois que je vais mourir". Je ne souhaite à personne de vivre des moments comme ça. Son état c'est rapidement dégradé, on a donc dû la mettre en soin palliatif à l'hôpital. Cette période à duré 1 mois de mémoire. Bien sûr, on devait aller en cours la semaine donc on ne pouvait être présent pour la voir que les weekends. Comme avant, on continuait de vivre avec elle normalement. Ma mère a toujours été joviale et bavarde. On lui racontait nos semaines de cours, on parlait du quotidien et de choses banales. On partageait des rires, des larmes et des silences. Beaucoup de monde venait la voir pour qu'elle soit le moins souvent seule. Un weekend en rentrant le vendredi soir, on nous annonça qu'elle avait fait une crise la nuit passée et qu'elle était dans une sorte de coma. C'était le début de la fin. On s’est relayé ce weekend pour qu'elle ne soit jamais seule. Elle ne parlait plus et ne réagissait plus non plus. Seulement le bruit de sa respiration. Le dimanche mon frère avait passé la matinée à ses côtés et je venais à midi pour prendre le relai. Je continuais à lui parler, je gardais le sourire et j'essayais d'être joviale comme elle l'a toujours été. Je lui faisais écouter Indochine qu'elle a toujours adoré. On était dimanche, j'allais donc repartir en cours le soir comme mon frère et je commençais à dire au revoir à ma mère, lui disant qu'on allait repartir pour une semaine de cours. Après quelques minutes, j'ai entendu son souffle se couper, c'était la fin.
La fin d'un combat qui aura duré plusieurs années. Malgré une première victoire, la maladie est revenue et a été plus forte. Ma mère y a cru jusqu'au bout, elle était combattante et forte. Les jours d'après ont été très compliqués. Pourtant je me sentais aussi soulagé. Soulagé que la souffrance de ma mère fût finie, qu'elle pouvait se reposer en paix avec elle-même. J'ai beaucoup appris d'elle durant toutes ces années à ses côtés, mais j'ai tellement appris durant cette dernière année, que ce soit sur elle, sur la vie ou sur moi-même. Je m'en sers comme une force, un moyen de relativiser sur beaucoup de problèmes du quotidien.
J'ai passé des soirées entières à lire des témoignages de personnes ayant vécu plus ou moins la même chose que moi, c'était quelque chose qui me faisait un grand bien. 2 ans et demi après, c'est à moi de partager mon vécu en espérant qu'il aidera la personne qui en aura besoin.
Au début on se sent submergé, incapable de surmonter cette épreuve, surtout quand elle survient si jeune. Mais avec le temps, on apprend à avancer. Le temps n'efface rien, il n'efface pas l'amour ni l'absence, mais il nous aide à vivre, à continuer, sans jamais oublier.
Maman je t'aime, et tu me manqueras plus qu’aucun mot ne puisse l'exprimer.