Gérer la peine d'avoir un parent malade

13 commentaires
Anonyme

bonjour à tous,  

Tout d'abord je vous souhaite à tous bon courage et la guérison pour vous ou vos proches. 

Je vis a l' étranger et mon pere vit en france et a un cancer depuis environ un an. Il a été soigné eet nous le croyions guéri mais récemment on lui a trouvé des métastases. 

J'ai passé la pire année de ma vie, a m'angoisser énormément pour mon pere,  tout en gerant ma vie de mon coté. Je n'ai jamais ete aussi angoissée et fatiguee et j'ai même eu des maladies psychosomatiques. Je vis loin et mes parents m'ont annoncé la nouvelle tres brutalement puis me racontent tous les details de leurs angoisses et de leurs problemes parce qu'ils disent qu'ils ne veulent rien me cacher,  mais etant donné que j'ai aussi ma vie a gerer seule et mes propres problèmes c'est juste enorme a encaisser... Ma mere est devenue assez agressive.

Lorsqu'on a trouvé des métastases a mon père, mes parents m'ont dit que c'etait incurable, et j'ai passé des jours a ne pas dormir et trembler la nuit et pleurer le jour. 

C'est tres difficile de les soutenir... 

 

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Noémiezc

Bonsoir,

Je viens de lire cette discussion qui date de plusieurs mois. C'est réconfortant de savoir que je ne suis pas seule face à ma détresse dans ces moments de vie si difficile... 

Agé de 65 ans et en forme (ne fume pas, boit modérément, physiquement très actif), mon père a été diagnostiqué d'un cancer du rein métastatique papillaire au stade 4 en février de cette année. J'étais en burn out depuis deux mois et je commençais un traitement antidépresseur lorsque j'ai appris la fameuse nouvelle. Cela a peut-être participé à atténuer le choc et les angoisses qui en découlaient, d'autant que je suis de nature très sensible et anxieuse. 

Avec le peu de recul que j'ai, le plus difficile à gérer me concernant c'est d'être loin de mes parents : je vis à l'étranger, avec mon mari et mes deux enfants. Mon père fait preuve d'un courage incroyable pour lutter malgré la dégradation très rapide de son état. Malheureusement son cancer est extrêmement agressif et aucun traitement ne semble ralentir sa course. Nous avons la chance de former une famille très unie (j'ai une soeur qui vit à 100km de mes parents et deux frères qui vivent également à l'étranger) et ma mère est tout aussi incroyable que mon père dans le soutien qu'elle lui porte sur tous les plans. Elle est à la fois son infirmière, sa confidente, sa secrétaire.. 

Depuis l'annonce du cancer je suis passée par tout un tas d'états émotionnels, de l'incrédulité au deuil avancé, l'espoir, la déception, la colère en passant par toutes ces fois où je sentais mon coeur éclater dans une terrible lenteur. 

Je souffre beaucoup. J'ai rapidement accepté la maladie et sa gravité, sa fatalité, son caractère imprévisible... pas vraiment le choix au vue de sa rapidité. Mais vivre loin est très dur et à chacun de mes retours sur mon lieu de vie après avoir séjourné chez mes parents j'ai la sensation de revivre cette chute dépressive. 

Je me suis sevrée des antidépresseurs il y a un mois, c'était ma décision, je ressentais le besoin urgent de vivre pleinement chaque instant de cette vie où mon père est encore présent. De profiter des bons et des mauvais moments, parce que finalement tout mérite d'être vécu, même les périodes les plus dures. Face à mon père et à ma mère si forts, je culpabilisais d'être fragile émotionnellement et puis j'ai pris conscience que ma sensibilité, mon empathie ainsi que mon écoute sont ma grande force. Je me suis beaucoup rapprochée de mon père, je souhaite pouvoir apporter toute l'aide que je peux donner : j'écoute ses questionnements, ses angoisses, ses envies.. Je porte sa potence (pour la sonde gastrique) quand il veut sortir faire un petit tour dans le jardin, je lui apporte de l'eau... Je viens à côté de lui quand il m'appelle tout en respectant ses envies de silence, il veut juste sentir ma présence. Nous pleurons ensemble de temps en temps mais nous rions aussi beaucoup, parfois même de sa maladie et de sa mort... mon père aime l'humour noir. Etrangement, j'ai encore du mal à lui dire que je l'aime. C'est un mot que je m'autorise à lui dire quand je lui dis au revoir pour retourner dans mon pays. Pourtant il y a quelques mois à peine, rien de tout cela n'était évident! 

Le cancer échappe à tout contrôle : celui des médecins, le mien... la seule chose qui est en mon pouvoir c'est de faire en sorte d'avoir le moins de regrets possibles. Chaque jour est pour moi un défi et bien souvent, la grande majorité du temps même, je me sens prisonnière d'une tristesse sans fin. J'éprouve encore beaucoup de difficulté à parler de ce que je ressens à mon mari, qui pourtant est m'accompagne corps et âme dans cette période. Je n'ai pas le goût des gens, je n'ai pas la tête à la fête, aux futilités quotidiennes. Je joue quotidiennement à un jeu d'équilibriste : accepter cette souffrance extrême et l'écouter sans pour autant m'y perdre. Finalement je lutte moi aussi, à ma façon... 

 

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Noémiezc

Bonsoir,

Je viens de lire cette discussion qui date de plusieurs mois. C'est réconfortant de savoir que je ne suis pas seule face à ma détresse dans ces moments de vie si difficile... 

Agé de 65 ans et en forme (ne fume pas, boit modérément, physiquement très actif), mon père a été diagnostiqué d'un cancer du rein métastatique papillaire au stade 4 en février de cette année. J'étais en burn out depuis deux mois et je commençais un traitement antidépresseur lorsque j'ai appris la fameuse nouvelle. Cela a peut-être participé à atténuer le choc et les angoisses qui en découlaient, d'autant que je suis de nature très sensible et anxieuse. 

Avec le peu de recul que j'ai, le plus difficile à gérer me concernant c'est d'être loin de mes parents : je vis à l'étranger, avec mon mari et mes deux enfants. Mon père fait preuve d'un courage incroyable pour lutter malgré la dégradation très rapide de son état. Malheureusement son cancer est extrêmement agressif et aucun traitement ne semble ralentir sa course. Nous avons la chance de former une famille très unie (j'ai une soeur qui vit à 100km de mes parents et deux frères qui vivent également à l'étranger) et ma mère est tout aussi incroyable que mon père dans le soutien qu'elle lui porte sur tous les plans. Elle est à la fois son infirmière, sa confidente, sa secrétaire.. 

Depuis l'annonce du cancer je suis passée par tout un tas d'états émotionnels, de l'incrédulité au deuil avancé, l'espoir, la déception, la colère en passant par toutes ces fois où je sentais mon coeur éclater dans une terrible lenteur. 

Je souffre beaucoup. J'ai rapidement accepté la maladie et sa gravité, sa fatalité, son caractère imprévisible... pas vraiment le choix au vue de sa rapidité. Mais vivre loin est très dur et à chacun de mes retours sur mon lieu de vie après avoir séjourné chez mes parents j'ai la sensation de revivre cette chute dépressive. 

Je me suis sevrée des antidépresseurs il y a un mois, c'était ma décision, je ressentais le besoin urgent de vivre pleinement chaque instant de cette vie où mon père est encore présent. De profiter des bons et des mauvais moments, parce que finalement tout mérite d'être vécu, même les périodes les plus dures. Face à mon père et à ma mère si forts, je culpabilisais d'être fragile émotionnellement et puis j'ai pris conscience que ma sensibilité, mon empathie ainsi que mon écoute sont ma grande force. Je me suis beaucoup rapprochée de mon père, je souhaite pouvoir apporter toute l'aide que je peux donner : j'écoute ses questionnements, ses angoisses, ses envies.. Je porte sa potence (pour la sonde gastrique) quand il veut sortir faire un petit tour dans le jardin, je lui apporte de l'eau... Je viens à côté de lui quand il m'appelle tout en respectant ses envies de silence, il veut juste sentir ma présence. Nous pleurons ensemble de temps en temps mais nous rions aussi beaucoup, parfois même de sa maladie et de sa mort... mon père aime l'humour noir. Etrangement, j'ai encore du mal à lui dire que je l'aime. C'est un mot que je m'autorise à lui dire quand je lui dis au revoir pour retourner dans mon pays. Pourtant il y a quelques mois à peine, rien de tout cela n'était évident! 

Le cancer échappe à tout contrôle : celui des médecins, le mien... la seule chose qui est en mon pouvoir c'est de faire en sorte d'avoir le moins de regrets possibles. Chaque jour est pour moi un défi et bien souvent, la grande majorité du temps même, je me sens prisonnière d'une tristesse sans fin. J'éprouve encore beaucoup de difficulté à parler de ce que je ressens à mon mari, qui pourtant est m'accompagne corps et âme dans cette période. Je n'ai pas le goût des gens, je n'ai pas la tête à la fête, aux futilités quotidiennes. Je joue quotidiennement à un jeu d'équilibriste : accepter cette souffrance extrême et l'écouter sans pour autant m'y perdre. Finalement je lutte moi aussi, à ma façon... 

 

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