Ma mère a un cancer de l'ovaire, et j'enrage de ne pouvoir l'aider

Bonjour,
Je m'appelle Emmanuelle et je suis un peu paumée. Je n'ai pas vraiment besoin d'aide, j'ai juste envie de chialer un grand coup.
Cet été, ma mère ne se sentait pas bien. Elle ne mangeait plus et dormait toute la journée. Elle pensait avoir une gastro, mais au 3ème jour, mon père a fait venir un médecin, malgré ses protestations. Il a diagnostiqué une possible péritonite. On est allé à l'hôpital, à 15 km de notre maison de campagne. Là, il lui ont fait passé un scanner et ont dit qu'il fallait l'opérer. Mais c'est un petit hôpital, donc il a fallu l'envoyer à une heure de là, à Auxerre. Elle s'est fait opérée en urgence le lendemain : le côlon avait éclaté (à cause de diverticules). Elle a fait un choc sceptique pendant l'opération, et ils ne pouvaient la réveiller toute de suite, parce que sa tension était beaucoup trop basse (5). Ils nous ont dit : "on va la placer en réanimation, mais on n'a pas de place ici, alors on va l'envoyer à Sens, à une heure d'ici".
Ma mère a passé 5 jours dans un coma artificiel, pendant lequel les médecins ont réussi à stabiliser sa tension et on fait redémarrer un de ses reins qui ne fonctionnaient plus grâce à deux dialyses.
Mon père et moi allions la voir tous les jours, à deux heures de route d'ici, et passions les 7 heures de visite avec elle.
C'en est suivi la difficile phase de réveil. Ma mère n'a pas apprécié de voir qu'elle avait désormais une stomie, et a retiré elle-même sa sonde gastrique ! J'étais en colère contre elle, ils avaient réussi à lui sauver la vie, et elle foutait sa m... en s'arrachant cette sonde !
Quelques jours plus tard, ils l'ont ramenée à Auxerre, plus qu'à une heure de route de la maison de campagne.
Mes parents m'ont alors dit qu'elle allait devoir subir une petite opération pour lui installer un cathétère. Je n'ai pas compris pourquoi au début, et quand j'ai questionné mon père, au café de l'hosto, il a fini par m'annoncer que les médecins avaient trouvé des cellules cancéreuses dans la région pelvienne, lorsqu'ils ont fait des prélèvements pendant l'opération.
Et là, vous savez, c'est comme si votre champ de vision s'obscurcissait d'un coup, comme quand vous gardez les yeux ouverts trop longtemps.
Elle a commencé la chimio quelques semaines plus tard. Elle a subi tous plein d'examens dans la foulée, et le Petscan a "éclairé" un de ses ovaires (et un ganglion, mais c'est peut-être dû à son traitement pour le diabète).
Ce soir, j'ai envie de chialer, parce que je ne peux pas être tous les jours auprès de mes parents, parce que ma mère préfère se faire soigner à la campagne plutôt que sur Paris ("pas à l'usine pour cancéreux", selon ses dires). Mes parents ne m'ont pas tout dit, et je pense encore qu'ils ne me disent pas tout.
Ma mère supporte plutôt bien son traitement : pas de nausées grâce au médicament prescrit par l'oncologue, pas de fatigue excessive. Ils me mettent au courant au compte goutte (mais je pense que c'est pareil pour eux). J'essaye de lui remonter le moral en l'appelant tous les jours en fin de journée, au pire moment pour elle. Le soir où elle a commencé à perdre ses cheveux alors que le lendemain elle devait subir une biopsie pour savoir si le ganglion de l'aine est cancéreux (pas de résultat pour l'instant, c'était il y a deux semaines), ou ce soir, où elle a passer une heure à gueuler sur mon père, alors qu'elle était au téléphone avec moi. Elle a même dit des gros mots, chose plutôt rare chez elle !
J'ai peur pour elle (normal), mais j'ai aussi peur pour mon père qui ne dit jamais rien, qui subit en ne montrant rien, et surtout en ne voulant pas en parler.
Voilà, c'est dur, mais je me dis que je ne suis pas toute seule dans ce cas-là. J'aimerais tellement la serrer dans mes bras en ce moment (ils sont à 3 heures de route de chez moi), mais là, ma mère n'est pas à prendre avec des pincettes !
Donc, je suis de tout cœur avec ceux qui traversent des épreuves vraiment pas cool, mais là, j'ai décidé de m’apitoyer un peu sur mon sort.
Je vous embrasse tous très fort,
Emmanuelle