Mon père s'éteind devant mes yeux

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amiraaa

Bonjour,
Mon père a 56 ans aujourd'hui, il a toujours été un homme très fort physiquement tout comme psychologiquement. Tout ma vie, je me souviens d'un père constamment sur les nerfs et en colère contre le monde entier sauf ma soeur, mon frère et moi. Même ma mère y passait. Il a toujours voulu qu'on ait tout ce qu'on voulait et même quand il n'en avait pas les moyens faisait des folies pour nous offrir les derniers téléphones etc., nous a inscrit dans les écoles les plus chères... Et ce péniblement grace aux crédits, aux prêts. Mon père n'était pas heureux. Je me souviens qu'il dormait très peu, se réveillait même 10 fois dans la nuit. Et bien qu'il ait eu beaucoup de défauts (alcoolisme, tabac en trop grande quantité, je n'aurais pû espérer un père plus aimant. Un soir, en rentrant à la maison où il était seul,ma mère et moi l'avons retrouvé assis sur le canapé, le regard vide et du sang coulant de sa bouche. On a d'abord cru qu'il avait trop bu comme à son habitude et était tombé. Je suis resté à côté pendant quelques minutes et alors il laissa s'échapper un cri strident,je pouvais lire la douleur sur son visage parce qu'il se mordait la langue, c'était horrible. C'était donc une crise d'épilepsie. Il a reprit connaissance peut-être bien 20 minutes plus tard, il ne se rappelait de rien et ne voulait rien entendre. Il disait qu'il allait bien et ne voulait pas aller consulter. Après avoir fait amenée sa mère qui vit à l'etranger pour le convaincre, il a enfin accepté. Le verdict est tombé. C'était une tumeur maligne dans le lobe frontal. J'ai dû le découvrir toute seule en fouillant dans la maison quand personne n'était là car mon père ne voulait pas qu'on le sache, jugeant qu'on était encore trop jeunes (moi 14 ans, ma soeur 19 et mon frère 9). Pendant quelques mois, 3-4 peut-être, mon père s'est complètement transformé, on aurait dit un autre homme. Il déversait sa colère sur moi aussi, ne supportait pas que je le touche ni que je lui parle ce qui m'a causé beaucoup de peine. Une 2eme IRM faite révéla que la tumeur avait beaucoup grandi et le médecin convoqua alors d'urgence ma mère. Elle devait amener mon père à la clinique le jour même pour une opération d'urgence pour faire la biopsie. Elle l'y traina difficilement après des heures à le supplier. L'opération s'est bien déroulée, ils ont réussi à enlever une partie seulement de la tumeur. Je ne sais pas grand chose sur les résultats medicaux de la biopsie car on ne me dit toujours rien sur la maladie de mon père. Il a fallu de longues semaines pour qu'il se rétablisse, au cours desquelles je me chargeais de lui changer ses pansements etc. Il en ait ressorti avec une gigantesque cicatrice sur le devant de la tête. Après l'opération, mon père a cahngé d'attitude, est devenu plus calme. Je ne sais pas si c'est parce que la tumeur faisait moins pression ou parce qu'il n'avait tout simplement plus la force de s'enerver. Il se deplacait seulement en chaise roulante, incapable de faire plus de quelques pas sans tomber et se blesser quelque part. Il arrivait que je passe des heures entières à le surveiller au cas où il voudrait se lever. Après l'opération aussi, il a commencé à avoir des problèmes de mémoire, des troubles de sentiments... La chimio et la radiothérapie n'ont fait que l'affaiblir d'avantage. Les médecins disent qu'il les a très bien supportées, que son taux de plaquettes est excellent mais Il a perdu tout appétit, toute envie de se battre. Je n'ai jamais vu mon père comme ça. Cela fait 2 ans que ça dure et il est plus mal encore chaque jour qui passe. Il a perdu des notions de bases, ne sait plus compter mais peut encore lire, a perdu toute logique (par ex à table il met ensemble des aliments qu'on mange séparément, fait des mixtures bizarres comme si c'était ce qu'il y a de plus normal), il lui arrive d'avoir des crises d'hysterie où il ne fait que rire sans raison ou alors de passer des journées entières au lit sans rien manger ni boire, il a perdu la notion du temps et j'en passe. Les crises d'épilepsie elles-aussi se multiplient malgré les médicaments qu'on lui donne de force chaque jour et à grosse dose. Il vient d'en avoir une aujourd'hui qui a duré une heure entière et où il s'est encore encore une fois mordu la langue, créant une flaque de sang. Je ne sais pas comment je suis censée poursuivre ma vie, aller au lycée tous les jours et me concentrer sur mes cours compliqués (je suis en 1èreS dans le lycée le plus dur de la ville) alors que mon père est entrain de mourir devant mes yeux. Je ne pleure pas pour montrer à ma mère que je suis elle et qu'elle n'est pas toute seule (ma grande soeur vit dans un autre pays où elle fait ses études) mais c'est tellement dur. Moi qui ai toujours été excellente, mes notes chutes et mon moral avec. Je suis à bout de forces mais je ne peux pas me relâcher pour ma mère qui s'approche des 60 ans et se fatigue et mon petit frère qu'il ne faut pas inquiéter.

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Dr A.Marceau

Bonjour,
Merci d'avoir pris le temps de poster ce témoignage très émouvant. On mesure parfaitement l'ampleur de votre désarroi face à la maladie de votre père. Vous soutenez aussi bien que possible votre père, votre mère et votre jeune frère mais il faut aussi penser à vous, à vos études, ce d'autant qu'une Première S est difficile avec le bac en perspective l'an prochain. Il faut donc pouvoir libérer cette pression qui est en vous. Pour cela, cette démarche qui consiste à vous exprimer sur ce forum est excellente, peut-être avez-vous aussi un ami ou une amie auprès de qui vous pouvez vous confier. Vous pouvez aussi trouver du réconfort, un soutien auprès du Comité départemental de La Ligue le plus proche de chez vous. Enfin, j'espère que vous aurez sur ce forum des témoignages qui vous permettront de vous sentir moins seul(e).
Bien cordialement
Dr A.Marceau

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Nao

Bonjour Amira,
Je te trouve très courageuse et te félicite pour cette force que tu investis dans ta famille chaque jour. Pour le changement d'humeur, une amie m'a dit que les zones du cerveau situées à l'avant commandent la personnalité et les humeurs, cela explique peut être le changement brutal de ton papa. Je suis également en train de voir mon petit ami (25 ans) s'éteindre d'une tumeur au cerveau. La chimio n'a pas marché, et il est tellement épuisé sans aucun traitement que les médecins lui donnent 2 mois pour réagir à un nouveau traitement. C'est extrêmement délicat (le diagnostic et la dégradation de son état datent d'une semaine à peine), il est à l'état de légume, il ne peut plus parler, il a des comportements étranges comme ton père (il rit, ou il est absent, renfermé sur lui). Mais il a eu le temps de me dire qu'il ne voulait absolument pas que je m'arrête de vivre pour lui. Il ne veut pas que j'arrête les cours, que j'arrête de sortir, etc. Je pense que d'une part, cela nous garde un certain train de vie essentiel pour garder le moral, et de l'autre conforte la personne malade que la vie continue, que le temps n'est pas arrêtée, ni pour toi ni pour elle ! Je t'encourage à poursuivre tes études, et si tu veux être au plus près de ton père, reste dans des établissement proches de chez toi.
Bon courage et tu peux discuter avec moi si tu en as besoin.

Nao

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Maki

Bonjour,
Je me suis beaucoup retrouvée dans votre message.
J'ai toujours connu mon père comme étant un homme fort, prêt à tout, toujours là pour s'amuser, faire le fou, rendre ses enfants heureux. Et depuis quelques années, le voilà à se battre contre un cancer du cerveau. Malheureusement après une opération et plusieurs traitements, rien de fonctionne. Je découvre depuis quelques temps, un homme qui n'est plus vraiment mon père. A cause de la maladie, malheureusement, il a du mal à exprimer ses pensées et nous ne le comprenons plus.... La discussion est difficile.
Aucun traitement efficace. J'ai l'impression de voir mon père mourir lentement sans pouvoir rien faire. A part un miracle, pour lequel je prie et supplie n'importe quel dieu ou forces de la nature, je ne vois pas ce qui pourrait sauver mon père.
Cette situation est horrible et je ne sais pas quoi faire pour aider mon père, ma mère qui prend tout sur ses épaules et s'occupe de mon père h24 (s'étant mis en arrêt auprès de son travail) et toute ma famille.

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