Bonsoir Cécile,
J'espère que vous allez bien. Je tenais à vous remercier sincèrement pour vos messages et vos précieux conseils. J'ai été très touché par vos mots. Je viens vous donner quelques nouvelles.
Ma maman s'est éteinte, paisiblement, dans la nuit du 29 janvier dernier, quelques jours après la publication de mon message. Ce fut, je le crois, la douleur la plus profonde que je n'ai jamais ressentie. L'hôpital nous a permis de la voir quelques instants. C'était un déchirement profond. Je venais de perdre une partie de moi. Je le vivais comme un échec, comme la sensation d'avoir perdu, avec elle, le combat contre la maladie. C'est indescriptible.
J'ai eu la chance d'avoir été accompagné par des psychologues et sophrologues de la ligue avant, et après cette épreuve. J'ai pu ainsi avoir un regard mature sur ce que j'étais en train de traverser. Et surtout, je n'ai eu de cesse de me répéter : "elle n'aurait pas aimé que je reste indéfiniment dans le deuil". Dans sa vie, elle a traversé des douleurs, des peines, mais elle n'a jamais rien laissé transparaître. C'était une combattante. Une mère qui veillait, avant tout, sur l'éducation de ses deux fils. Alors, je veux marcher dans ses pas et être à sa hauteur. J'ai essayé de rebondir. J'ai passé l'étape des démarches administratives, nous lui avons rendu un bel hommage, organisé de belles obsèques, et maintenant je reprends le fil de ma vie. Certes, ce n'est pas simple, vraiment pas simple. Je retombe souvent, je ressasse les dernières images d'elle, et le manque se creuse. C'est dur.
Mais je continue de me battre pour la rendre fière. Je fais vivre sa mémoire, je regarde régulièrement nos photos, nos vidéos. Parfois, je lui parle. Ce n'est que le début d'un long chemin dont j'essaie d'ériger les premières fondations, pour ne pas la perdre, elle, ni me perdre moi-même.
Je compatis sincèrement en lisant votre histoire, avec votre père et votre compagnon. Vous avez fait preuve d'un courage que j'admire. Je vous souhaite, de tout coeur, d'être entièrement guérie, d'être entourée des personnes qui vous sont chères et de profiter de cette vie qui a tant à vous offrir. Vous avez l'air d'être une personne formidable, vos proches ont beaucoup de chance de vous avoir.
Prenez soin de vous et au plaisir d'échanger à nouveau avec vous.
Théo Pons Vittori
Bonjour,
Après plus de six mois de combat contre un cancer du poumon stade 4 avec des métastases au cerveau, je vais perdre ma maman dans les jours ou heures à venir. En novembre dernier, la chimiothérapie avait pourtant permis l'éradication du foyer aux poumons et des métastases. Mais en décembre dernier, ma maman éprouvait des difficultés à parler, à marcher, et son état déclinait considérablement. Nous apprenons tardivement que les cellules métastasées ont repris le dessus. Mi-janvier, nous apprenons que la radiothérapie ne pourra pas être efficace. Je comprends alors que le cancer a gagné.
Tout est allé si vite. Je n'ai que 20 ans et on m'a annoncé hier qu'il n'était qu'une question de jours, ou d'heures, avant la fin. C'est une douleur immense que je n'ai jamais vécue auparavant. Je commence déjà à faire le deuil de ma maman qui est pourtant toujours parmi nous. J'ai le sentiment de ne pas être prêt, de perdre une partie de moi que je ne saurai jamais retrouver. La voir dans cet état, écouter ses messages vocaux quand elle pouvait encore parler, s'occuper de ses papiers comme si elle n'était plus là... tout est devenu douloureux. Alors évidemment, je ne cesse de la couvrir d'amour, de ma présence et de mes petites attentions. Je ne cesse de lui répéter "je t'aime" comme si c'était la dernière fois. Mais c'est un cauchemar éveillé.
Je voulais savoir, par rapport à votre expérience en tant que proche aidant, comment vous avez traversé cette période, ce qui vous a permis de vous relever et de continuer à faire vivre l'amour que vous et votre proche entreteniez. Mais surtout, je voulais savoir comment ne pas s'autoflageller, comment approcher la perte d'un proche sans se dire "j'aurais dû faire ci, j'aurais dû être là...". Cette auto-critique a commencé depuis des semaines et j'ai peur qu'elle me ronge, plus qu'elle ne me permette de garder la face.
Encore une fois, je serai toujours reconnaissant envers la Ligue Contre le Cancer pour son accompagnement tout au long de la maladie. Cette aide est précieuse, pour les malades comme pour les proches aidants.
Belle journée.