Témoignage 3 ans après avoir accompagnée ma mère en fin de vie.

11 commentaires
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Manond

Bonjour, nous sommes le 26 décembre et bizarrement j'ai sentie le besoin de revenir ici. J'ai accompagnée ma mère qui avait un cancer du sein depuis plusieurs années puis qui s'est généralisé et tumeur au cerveau. Je l'ai accompagnée de septembre 2018 à mars 2019 au domicile. J'avais mis ma vie entre parenthèse 24h/24 7j/7 pour accompagner au mieux à l' époque j'avais 27 ans. Comme vous pouvez vous en douter elle est décédée en mars 2019. Cela fait un moment et je me sens toujours aussi mal. J'ai perdue toute joie de vivre depuis plus de deux ans et aujourd'hui je suis entrain de subir le deuil non fait de ma mère et le deuil d'une rupture. Je suis fatiguée de tout ça, fatiguée de ne plus me sentir heureuse alors que je suis en bonne santé, fatiguée de ne plus être là fille pleine de vie et joyeuse et me sentir en colère en permanence. Ma vie à basculée littéralement depuis tout ça. À l'époque je me disais qu'une fois qu'elle serait "partie" et qu'elle ne souffrirai plus je pourrais retrouver une vie normale et revivre. Au final j'ai 30 ans et je suis tout aussi perdue et je n'arrive plus à avancer. Mon message n'est pas là pour faire peur aux aidants mais, juste qu'il est important de ne pas s'oublier totalement. Je sais combien s'est difficile je suis de tout cœur avec vous. Manon

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Béné971

Bonjour Manon,
Votre message me touche beaucoup. Je me dis que après avoir accompagné votre maman ,il y a eu le confinement et tous les déboires dus à la situation sanitaire. Il y a beaucoup de personnes qui vivent très mal en ce moment même sans un deuil à vivre en parallèle. J’ai trois enfants encore petits et surtout je ne souhaites pas que ma mort les laissent effondrés. Ca me travaille plus que le reste.je veux qu’ils comprennent que c’est naturel et leur partager mes convictions.
Essayez d’être patiente et bienvaillante envers vous même et mettez en place une bonne hygiène de vieet le deuil va se faire à son rythme.
Béné

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Dr A.Marceau

Bonjour,
Béné est de bon conseil. J'ajoute mon mien : ne restez pas seule pour faire ce deuil, rapprochez-vous d'autres personnes et pour cela, le meilleur moyen est peut-être de prendre contact avec votre comité départemental de La Ligue. Vous y trouverez des personnes qui ont connu ce même drame que celui que vous vivez encore aujourd'hui, la bienveillance et le partage d'une même souffrance vous aideront à surmonter cette épreuve.
Bien cordialement
Dr A.Marceau

Souricette

Chère Manond, je vous admire beaucoup d'avoir affronté cette terrible épreuve qui est d'accompagner quelqu'un qu'on aime dans son dernier voyage, mais, forcément, ce n'est pas neutre. J'ai eu, à un âge plus avancé que le vôtre (mais ça ne change rien au problème) à vivre la même chose. Après la disparition de ma maman, j'étais vidée. Je me sentais inutile. Même entourée de mon mari, de ma fille, de ma famille, de mes collègues, j'avais l'impression d'être une morte-vivante. J'avais l'impression de ne plus être dans le monde des vivants. Un zombie. J'ai repris mon travail rapidement pour ne pas sombrer et j'ai fait bonne figure pendant des jours et des jours. Les journées au bureau me permettaient de ne pas trop penser, mais dès le retour à la maison, je m'effondrais en larmes. C'était une charge trop lourde. Pour les autres, à qui je donnais le change, tout semblait rentré dans l'ordre, mais, peut-être 6 mois après la disparition de ma mère, alors que je croyais avoir réussi à surmonter "le truc', je me suis carrément effondrée. Je n'arrivais même plus à sortir dans la rue, j'étais prostrée ! J'ai dû suivre un traitement médical contre la dépression, qui m'a permis de mettre en sourdine mon chagrin, mon désespoir. A la fin du traitement, je me sentais encore fragile. Comme quand on sort d'une longue convalescence. Je suis allée voir un hypnothérapeute qui m'a permis de consolider ma guérison. En trois séances, j'ai retrouvé le plaisir de renaître à la vie. C'était il y a 7 ans. Bien sûr, je pense toujours à ma maman, très souvent, mais je ne suis plus dans le chagrin. Je me souviens des bons moments, des fous rires, de notre complicité, mais le chemin a été long, et ce sentiment de malaise a bien duré 18 mois après sa disparition. Faites-vous aider. On n'est pas faible parce qu'on n'arrive pas à s'en sortir tout seul, on a juste besoin peut-être de plus de temps que d'autres, ou plus simplement on ose exprimer notre mal-être alors que d'autres le cacheront. Ne restez pas dans cet état. Vous êtes jeune, et la vie va vous sourire à nouveau. Je vous souhaite courage et ténacité.

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Manond

Merci pour votre message...
Pour ma part après le décès j'ai du faire face tous le côté administratif pour aider mon père. Puis j'ai lancé mon cabinet quelques mois après. Je suis thérapeute et depuis plus de deux ans j'accompagne les gens sur le plan physique et Psychosomatique. J'aide et j'accompagne les autres mais, je ne me sens pas légitime car moi même je ne suis pas au top. En plus de deux ans j'ai rencontrée plusieurs thérapeutes et praticiens ( psy, hypnothérapeute, reiki, magnétiseurs, acupuncteurs et notamment des collègues). En parallèle je prends des compléments pour m'apaiser... J'en ai vu du monde et j'ai fait plusieurs séances mais, ce n'est pas pour autant que je me sens mieux. Je sais que je suis la clé et qu'il n'y a que moi pour me sortir de tout ça. Mais, j'ai l'impression que jamais je n'y arriverai j'essaie de me dire que la roue va tourner mais, quand?

Souricette

Manond, Manond, je viens de lire votre message, et le truc qui me vient l'esprit comme ça, tout de go, c'est : Est-ce que vous avez vraiment envie d'abandonner votre chagrin ? Attention, rien d'agressif dans cette question. Je me demande juste si vous n'avez pas peur de trahir le souvenir de votre maman, ou votre maman tout court, en vous autorisant à aller mieux ? Pourquoi cette question ? parce que la différence entre vous et moi c'est que moi, à force d'être dans le déni du désespoir, je m'étais leurrée moi-même, je ne voulais pas consulter, je ne me sentais pas "malade". Or, vous, vous avez beaucoup consulté et rien n'y fait, alors je me dis que effectivement vous êtes la clé, mais que peut-être vous ne vous autorisez pas à aller mieux, et pourtant vous avez le droit. On n'est pas des machines, on est des humains, on a tous nos faiblesses et nos forces. Vos forces, vous les avez jetées dans la bataille pour épauler votre Maman et ensuite votre Papa ! ne vous laissez pas submerger par ce que vous croyez être de la faiblesse, je crois qu'il vous faut juste accepter "pour de bon" la disparition de votre Maman, accepter que ce ne sera plus comme avant, mais qu'il y a un après. Je vous souhaite vraiment de vous en sortir et revenir sur ce forum pour nous le dire serait un joli cadeau. PS : je ne suis pas thérapeute, juste quelqu'un qui s'intéresse aux autres et essaye de leur apporter un peu de soutien. Soyez douce avec vous.

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Manond

Merci pour votre message il me touche... Prenez soin de vous également.

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Nathalie29

Bonsoir Manon.
Si vous êtes venue le 26/12, ce n'est peut être pas un hasard mais la période des fêtes ,des réunions familiales nous ramène à penser à nos absents et cela est douloureux.
Pour avoir perdu mes 2 parents à quelques années d'intervalle et ma moitié il y a 3 mois, je comprends votre souffrance. Comment ,avec les " clichés" de Noël via la presse, la TV, comment ne pas être mal quand votre famille est amputée.?
On fait semblant pour ne pas plomber l'ambiance..
Le temps guérit les blessures mais.. les personnes aimées restent imprimées dans notre cœur. Il y a la vie avant et la vie après. Il faut s'écouter, être bienveillante envers soi même. Chacun fait du mieux qu'il peut..
Pour ma part, après le départ assez brutal de Marc, en l'ayant accompagné à domicile, je ne peux juste pas reprendre le travail , je travaille dans le médical.
J'écris au quotidien sur mon état d'esprit , je n'hésite pas à m'effondrer. Le deuil n'est plus bien accepté dans nos sociétés, il faut être performant, fort, souriant, avenant..
Je vous souhaite d'aller mieux de jour en jour, d'en parler avec les bonnes personnes ( celles qui écoutent simplement et ne vous donnent pas de conseil ) . Depuis le décès de Marc, il y a eu beaucoup d'ėcrėmage auprès de notre entourage. On m'a dit que j'étais agressive.. déprimée !!!
Qui a dit qu'un deuil durait tant de mois pour un parent, tant pour un frère, un ami ou un mari ? Foutaises, faites comme vous le souhaitez.
Bonne soirée.
Nathalie

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Manond

Je tiens à tous vous remercier pour vos mots et votre bienveillance Je pleure à chacun de vos messages mais, je laisse l'émotion me traverser. Je souhaite à chacun de trouver un peu de réconfort. Merci encore ! Manon

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Mae49

Bonsoir Manon, que cette nouvelle année 2022 vous apporte la sérénité dont vous avez besoin.
Je suis en en train de vivre exactement ce que vous avez vécu, mais avec mon papa.
Pour vous raconter un peu mon vécu, j'ai perdu ma maman le 4 janvier 2018, un matin au réveil, brutalement. Elle s'est effondré dans les bras de mon père.
6 mois plus tard, le décès d'un ami qui comptait beaucoup pour moi, et l'annonce du cancer de mon père (pancréas). Autant dire qu'en 2018, j'ai pris cher !
Donc depuis presque 4 ans, je me bat à ses côtés, et actuellement, il est en fin de vie (métastases cérébrales). Et malgré tout il continue de se battre.
Être aidant, c'est fatiguant, psychologiquement, physiquement, moralement... On vit la maladie avec la personne qu'on accompagne, on vit les bonnes nouvelles, tout comme les mauvaises, on subit aussi l'agressivité du malade face à la maladie, on subit aussi le côté surnois de la maladie quand elle décide de devenir agressive sans crier gare. Et comme vous, j'ai mis ma vie entre parenthèses pour ce combat.
Quand ma maman est décédée, les premiers mois j'ai été un peu comme vous, je ne voulais pas sortir, rire, m'amuser, je pleurais beaucoup, j'ai mis de la distance avec mes amis... J'ai été voir un psychiatre (qui n'a servi à rien donc j'ai rapidement arrêté).
Puis un combat, des larmes, un décès...
Puis mon père, un verdict, un combat, des larmes encore... Mais j'ai dû me faire violence, je n'avais pas le choix, je devais être forte pour mon père. Je ne rentrerai pas dans les détails de son combat ici.
Ce qui est difficile en ce moment, c'est de savoir qu'il est en fin de vie et de se dire que chaque jour qui passe, c'est un jour de moins pour lui. Voir sa dégradation physique et mentale aussi. Cette maladie n'épargne ni les malades, ni les aidants.
A la base, je suis assez active, de nature combative et téméraire, j'ai 36 ans (donc assez jeune aussi), je suis célibataire et sans enfants et accompagner mon père me rendais utile et donnait si on peu dire un sens à ma vie. Lorsqu'il va s'éteindre, je n'aurais plus ce combat à mener a ses côtés, en fait j'aurais plus rien, et je pense que continuer à avancer sera compliqué. Je sais que je vis me sentir vide. Et une fois de plus, tous les papiers à gérer en mode robot.
Je sais à quel point nous aussi en tant qu'aidant on vit des choses difficiles.
Votre maman ne voudrait pas vous savoir aussi triste. Essayer, petit a petit, pas à pas, de reprendre goût a cette vie. C'est ce que votre maman voudrait et c'est ce que vous devez faire, pour elle, comme une revanche. J'ai géré ma colère dans le sport, noyer ma tristesse en écoutant des chansons encore plus tristes que moi... Vous devez trouver pour chaque sentiment votre exutoire.
Perdre une personne qui nous est cher, comme un parent, surtout quand ils sont jeunes et nous aussi, ça nous change a tout jamais.
Prochainement orpheline (oui oui j'ai 36 ans !) ces dernières semaines m'ont fait remettre beaucoup de choses en perspective et notamment le sens de la vie.
Vous n'êtes pas seule. Vous faites votre deuil, mais pour avancer, il faut aussi se faire violence. Je n'ai pas eu complètement le temps de faire le deuil de ma maman et de mon ami, donc quand mon père sera parti, je pense que la route sera longue aussi.
Vivez, riez, chantez, pleurez... Pour votre maman. Faites vous violence. Vous avez eu la force de l'accompagner dans son combat, vous trouverez la force de mener le votre, pour elle.
Bon courage et si avez envie de discuter, n'hésitez pas.

Maeva

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Manond

[quote=Mae49]

Bonsoir Maëva, je viens tout juste de voir votre message. Je vois que la nuit du 1er janvier n'a pas dû être facile pour vous pour venir ici. Je n'ai pas de mots après votre message. Juste je me sens triste de lire toute cette souffrance et de me dire que je me sens moins seule ce qui n'est pas normal. Vous avez traverser tellement et les mois à venir le seront encore d'autant plus. Il faut avoir une force pour surmonter tout ça. Et je crois et je suis même sûre que votre mère doit être si fière de vous là haut. La vie est parfois injuste mais, j'ai compris qu'on ne pouvait pas en vouloir à la terre entière sinon nous ne vivons plus et c'est comme si nous nous laissons partir petit à petit. Il y a des hauts des bas. Et les bas sont parfois très violent... Et les gens autour ne nous comprennent pas. Je me suis sentie encore plus abandonnée quand mon ami avec qui j'avais partagé 11 ans de ma vie m'a quitté. Abandonnée et je me sens très seule. Comme si on me faisais comprendre que c'est ce que je méritais. Tous les jours j'essaie de me mettre un coup de pied au c* pour surmonter tout ça et de me dire qu'il y a bien plus grave. Mais, parfois je me demande serais-je vraiment heureuse un jour. J'espère au fond de moi que la vie nous seras plus douce car vous comme moi comme toutes les personnes qui se battent contre la maladie et ceux qui accompagne nos proches nous méritons d'être apaisés et d'avoir le droit à nos petits bonheurs... N'hésitez pas aussi si vous avez envie de parler.
Manon

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