Amiante et cancers
L’amiante est un matériau qui a été très utilisé par le passé pour plusieurs de ses qualités. Depuis 1977, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé toutes les variétés de l’amiante comme cancérogènes certains pour l’homme. C’est un enjeu majeur de santé publique et de santé au travail.
En savoir plus sur ce facteur de risque
Qu’est-ce que l’amiante ?
L’amiante était un matériau couramment utilisé pour ses multiples qualités (anti-incendie, résistance mécanique, isolant phonique etc.) et son moindre coût. Il s’agit d’un minéral fibreux microscopique qui est naturellement dans les roches. L’amiante peut être issu de 6 minéraux fibreux différents. Ces minéraux sont catégorisés en deux grandes familles en fonction de leurs propriétés :
- les serpentines : fibres longues, flexibles et recourbées ;
- les amphiboles : fibres droites et raides, généralement cassantes.
Les fibres d’amiantes sont très fines, 400 à 500 fois moins épaisses qu'un cheveu, ce qui les rends facilement invisibles.
L’amiante est utilisé depuis l’antiquité, mais il y a eu un véritable essor pour ce matériau à partir de 1860. Suite à plusieurs études évoquant les impacts sanitaires imputables à l’amiante, la France commence à contrôler son usage à partir de 1975, puis l’interdira à partir de 1997. En Europe, l’amiante est interdit depuis 2005.
Il reste cependant très présent dans les bâtiments construits avant 1997. Les fibres d’amiantes peuvent facilement se séparer suite à une usure naturelle, lors de chocs ou de frottements. Le risque d’exposition est donc augmenté lors de réalisation de travaux dans les bâtiments contenant encore de l’amiante.
Quels sont les impacts de l’amiante sur la santé ?
Lorsque l’amiante est endommagé, des microscopiques particules, invisibles à l’œil nu, sont dans l’air et peuvent être respirées. Plus la particule sera petite, plus elle pourra pénétrer dans les voies respiratoires. Plus la fibre est longue et fine, plus le corps humain aura de la difficulté à l’évacuer.
Une fois arrivé dans les voies respiratoires, les particules peuvent interagir avec les cellules des organes où elles se trouvent (dont le larynx, les bronches, les poumons et la plèvre) ou avec des cellules sanguines qui peuvent alors les disséminer vers d’autres organes (dont les ovaires, le colon, le rectum, l’estomac) et développer des maladies.
L’amiante peut être responsable de différentes pathologies, notamment au niveau pulmonaire. Les maladies surviennent généralement plusieurs années après l’exposition à l’amiante.
Amiante et cancers
Depuis 1977, l’amiante est considéré comme cancérogène certain pour l’homme (groupe 1) par le CIRC, avec des indications suffisantes pour les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes. En 2009, le CIRC a également identifié les cancers du larynx et de l’ovaire comme des cancers pouvant être imputables à l’amiante en cas d’exposition.
D‘autres cancers sont également suspectés, avec, à ce jour, un niveau de preuves limité chez l‘homme : le cancer colorectal, le cancer du pharynx et le cancer de l‘estomac.
Le mésothéliome
Le mésothélium est une fine membrane protectrice qui enveloppe la cage thoracique (la plèvre), le cœur (le péricarde) et les intestins (le péritoine). Le mésothéliome est une tumeur maligne de cette membrane. Il s’agit d’une tumeur rare, sa forme la plus fréquente est le mésothéliome pleural malin, soit un cancer si situant au niveau de la plèvre.
L’amiante est le seul facteur de risque, présent en France, connu pour le mésothéliome pleural. 80 à 85% des mésothéliomes sont dus à une exposition à l’amiante. Ce dernier se développe plusieurs dizaines d’années après le 1er contact. Le mésothéliome est une maladie à déclaration obligatoire et peut être pris en charge comme maladie professionnelle.
Le cancer broncho-pulmonaire
Les cancers broncho-pulmonaires dû à l’amiante ne présentent pas de spécificité par rapport aux autres origines de ce cancer. Le cancer apparait en moyenne 15 à 20 ans après la 1ère exposition à l’amiante. Le cancer broncho-pulmonaire est pris en charge comme maladie professionnelle lorsqu’il est lié à l’amiante.
Le fait d’être exposé à l’amiante et au tabac multiplie le risque de développer un cancer broncho-pulmonaire. L’IRSN a mis en ligne en 2022, le tableau ci-dessous qui illustre le risque de développer un cancer broncho-pulmonaire en fonction de l’exposition amiante / tabac. Grâce à ce tableau, on constate qu’une personne exposée à l’amiante à 5 fois plus de risque de développer ce type de cancer. Lorsqu’une personne fume et a été exposé à l’amiante, son risque de développer un cancer broncho-pulmonaire est 53 fois plus élevé qu’une personne qui n’a été exposé ni à l’un ni à l’autre.
Cancer du larynx et de l’ovaire
En 2009, le CIRC confirme que l’amiante peut être responsable du développement de cancers du larynx et de l’ovaire. L’ANSES a publié en 2022 un rapport concluant à une relation causale entre le risque de survenue des cancers du larynx et des ovaires et l'exposition professionnelle à l’amiante. Ce rapport a été commandé par les pouvoirs publiques afin d’envisager la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces deux cancers. Ce rapport met également en lumière que ces cancers, liés à une exposition professionnelle à l’amiante, sont sous-déclarés et sous-reconnus.
L’ANSES préconise donc aux pouvoirs publics la création de tableau de maladies professionnelles pour faciliter la reconnaissance de ces cancers comme maladie professionnelle.
Comment agir individuellement
Un matériau d’amiante en bon état ne dégage pas de fibre, il est donc important de vérifier que ces matériaux soient en bon état. Il convient également d’éviter de réaliser des travaux sur ces matériaux afin d’éviter l’émanation de particule d’amiante. Il est nécessaire de faire appel à un professionnel formé au risque amiante pour intervenir sur ces matériaux. Pour plus de détails, vous pouvez vous référer à la page de l’INRS[1].
Un suivi post-professionnel auprès de son médecin traitant est possible pour les personnes qui ont été exposées à l’amiante dans le passé. Cela permet de détecter le plus précocement possible une éventuelle maladie suite à l’inhalation d’amiante.
Les personnes ayant été exposées à l’amiante dans le cadre de leur travail, et qui ont développé une maladie suite à cela, peuvent demander la reconnaissance en maladie professionnelle. Afin d’aider dans ces démarches, la Ligue a créé une page internet, mes droits mes démarches[2], qui traite notamment de cette thématique.
Depuis août 2023, un décret[3] a été adopté pour favoriser la reconnaissance en maladie professionnelle (pour les non-salariés et salariés agricoles) des cancers du larynx et de l'ovaire suite à une exposition à l'amiante.
L’association des accidentés de la vie (FNATH) est également une ressource qui peut être sollicité pour les démarches liés à l’amiante[4].
Toute personne qui subit les impacts de l’amiante peut demander une indemnité auprès du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante[5].
[1] inrs.fr/risques/amiante/prevention-risque-amiante
[2] ligue-cancer.net/mes-droits-mes-demarches/maladies-professionnelles / ligue-cancer.net/mes-droits-mes-demarches/38628-du-fait-de-mon-cancer-puisje-partir-la-retraite-plus-tot
[3] legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047964906
[4] fnath.org
[5] fiva.fr
Comment agir collectivement
Il existe 3 types de réglementations pour prévenir le risque amiante :
- La règlementation santé, qui vise la protection de la population. Les propriétaires et locataires des immeubles bâtis avant 1997 sont concernés par une réglementation spécifique qui vise à repérer, surveiller et agir sur les matériaux contenant de l’amiante. Les personnes vivants dans un bâtiment contenant de l’amiante doivent en être avisés. Le diagnostic amiante est obligatoire et remis aux futurs locataires ou propriétaires.
- La règlementation environnement, qui traite des déchets amiantés.
- La règlementation travail, qui vise la protection des travailleurs exposés à l’amiante. Il s’agit de dispositions règlementaires spécifiques qui complètent les mesures de prévention générales en milieu professionnel.
Afin de connaitre l’ensemble des aspects contenus dans ces règlementations, le site internet "notre-environnement.gouv.fr[1]" en présente les principaux éléments, et l’ensemble des textes législatifs sont disponibles le site internet du ministère en charge de la santé (Le repérage de l'amiante dans les bâtiments - Ministère de la Santé et de la Prévention (sante.gouv.fr).
[1] notre-environnement.gouv.fr/themes/sante/article/l-amiante#La-prevention-des-risques-lies-a-l-amiant
Ressources utiles
ameli.fr/loire-atlantique/assure/sante/themes/maladies-amiante/maladies-dues-amiante
fedris.be/fr/professionnel/maladies-professionnelles-secteur-prive/maladies-de-lamiante
cancer-environnement.fr/fiches/cancers/cancer-de-la-plevre-mesotheliome
cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/amiante
inrs.fr/risques/amiante/ce-qu-il-faut-retenir.html
anses.fr/fr/amiante-cancers-ovaires-larynx
Historique de la prévention du risque sanitaire lié à l’amiante
La dangerosité de l’amiante a commencé à être évoqué en 1906, suite à un rapport de l’inspecteur au travail Auribault et la découverte de fibrose chez des ouvriers des filatures et des tissages d’amiante.
En 1927, les fibroses liées à l’amiante sont nommées asbestoses et en 1935 des liens commencent à se faire entre cette maladie et le cancer du poumon.
En 1945, en France, l’asbestose est considérée comme maladie professionnelle.
Dans les années 50 et 60, des cas de cancers, notamment des mésothéliomes, pouvant avoir un lien avec l’amiante sont étudiés et les propriétés cancérogènes de l’amiante commencent à être découvertes.
En 1973, le CIRC classe une partie de l’amiante (le groupe des amphiboles) parmi les substances cancérogènes. Toutes les variétés de l’amiante seront reconnues comme cancérogènes certains pour l’homme (groupe 1) en 1977 pour les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes.
À partir de 1975, la France commence à contrôler l’usage de l’amiante sur son territoire. En 1976, les cancers broncho-pulmonaires et les mésothéliomes sont prises en charges comme maladies professionnelles en cas d’exposition dans travail.
L’utilisation de l’amiante est interdite en France depuis 1997 et depuis 2005 en Europe.
En 1998, le Canada (qui était le 2ème producteur d’amiante au monde) a attaqué la décision française d’interdire l’amiante devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour violation de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. En 2001, l’OMC a tranché en faveur des Communautés européennes, qui défendaient la France. Ce fut la première fois qu’un pays membre de l’OMC réussit à démontrer qu’une mesure nationale est nécessaire pour la protection de la santé de sa population.
En 2001, le Fonds d'Indemnisation des Victimes de l'Amiante est créé.
En 2009, le CIRC reconnait également l’amiante comme cancérogène certains pour l’homme pour les cancers du larynx et des ovaires. En 2022, l’ANSES présente un rapport concluant à une relation causale avérée entre le risque de survenue des cancers du larynx et des ovaires et l'exposition professionnelle à l’amiante.
Ressources utiles
cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/amiante
inrs.fr/risques/amiante/ce-qu-il-faut-retenir.html
anses.fr/fr/amiante-cancers-ovaires-larynx