Prendre en charge plus efficacement la douleur après la chirurgie du cancer du sein
La chirurgie constitue le principal traitement du cancer du sein. Les progrès des techniques ont grandement réduit le caractère mutilant de cet acte. Quoi qu’il en soit, qu’elle soit partielle (environ 70 % des cas) ou totale, la mastectomie peut être à l’origine de douleurs qui peuvent persister et se révéler invalidantes. Le projet de recherche clinique « SerCaBot » porté par le docteur Vincent Garcia (Centre Oscar Lambret, CLCC, Lille) vise à évaluer trois nouvelles options thérapeutiques pour améliorer l’efficacité de la prise en charge de ces douleurs persistantes.
En quoi consiste le projet ?
Environ un tiers des femmes ayant subi une mastectomie, totale ou partielle, avec curage axillaire souffrent de douleurs neuropathiques qui surviennent au niveau de la paroi du thorax, de l’aisselle ou du bras. D’intensité modérée à sévère ces douleurs apparaissent quelques mois après la chirurgie et peuvent se prolonger plusieurs années. Un traitement oral est recommandé par la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) pour les prendre en charge mais il est souvent mal toléré et son efficacité se révèle inconstante.
Un traitement local, par patch de capsaïcine à 8 %, est recommandé en seconde intention mais les preuves de son efficacité restent peu nombreuses et certaines patientes n’y répondent pas. Des alternatives existent et pourraient soulager les patientes pendant plusieurs semaines, notamment l’anesthésie par "serratus plane plock" et l’utilisation de la toxine botulique A, toutefois, là-encore, les données rendant compte de leur efficacité sont peu fournies.
Le projet de recherche porté par le docteur Vincent Garcia a été conçu afin de permettre, pour la première fois, d’étudier et de comparer l’efficacité et la tolérance de ces trois traitements secondaires chez une centaine de patientes recrutées au Centre Oscar Lambret.
En cas de résultat positif, cette étude aboutira à la mise sur pied d’un nouvel essai dans plusieurs centres de soin afin de comparer de façon encore plus précise les trois types de traitement. À terme, l’ensemble de ces travaux pourrait contribuer à modifier les recommandations nationales et internationales relatives à la gestion de la douleur neuropathique chronique en augmentant le nombre de solutions thérapeutiques disponibles au bénéfice des patientes qui tolèrent mal les traitements en usage aujourd’hui.
Le résumé du projet en vidéo
Le cancer du sein
Avec environ 61 214 nouveaux cas en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, le cancer du sein est le plus répandu des cancers féminins.
Un diagnostic précoce constitue le meilleur moyen d’agir contre le cancer du sein. En effet, s’il est détecté assez tôt, ce cancer peut non seulement être guéri mais aussi être soigné avec des traitements moins agressifs et moins mutilants.
Quelques notions
La mastectomie est l’opération chirurgicale qui consiste au retrait intégral du sein (mastectomie totale) ou seulement à l’exérèse de la tumeur (mastectomie partielle encore désignée tumorectomie). Le curage axillaire est l’intervention réalisée pour enlever les ganglions lymphatiques sous le bras proche du sein affecté afin d’éliminer des cellules cancéreuses s’y étant propagées et limiter le risque de récidive de la maladie.
La douleur neuropathique est un type particulier de douleur lié à la lésion d’un nerf. Dans le cancer, cette douleur peut être due à la croissance de la tumeur ou, comme décrit ici, découler du traitement.
La capsaïcine est une molécule de la famille de alcaloïdes à l’origine de la sensation piquante occasionnée par la consommation de piment. Son usage sous forme de patch permet un traitement local des douleurs neuropathiques.
Toxine botulique A ou Botox, bien connue pour son usage esthétique cette protéine extrêmement toxique est produite par une bactérie (C. botulinum) et se trouve également utilisée à des fins thérapeutiques ; son activité permet d’inhiber localement et transitoirement le mécanisme de la douleur.
Le "serratus plane block" consiste à injecter une solution d’anesthésique local sous un muscle du thorax (le grand dentelé).