Activité physique adaptée, quel impact sur les douleurs musculo-squelettiques induites par l’hormonothérapie dans le cancer du sein ?
L’hormonothérapie constitue un traitement efficace du cancer du sein qui contribue à la guérison en limitant le risque de rechute. Donnée au long cours, 5 à 10 ans, elle peut s’accompagner d’effets secondaires plus délétères que ceux de la chimiothérapie, en particulier chez les femmes ménopausées. En conséquence, nombreuses sont les femmes qui abandonnent ce traitement avec à la clé une augmentation du risque de rechute. Des douleurs articulaires et une perte de densité osseuse figurent parmi les effets secondaires couramment rapportés. Co-construit avec une patiente partenaire, le projet de recherche APIS porté par le docteur Marion Cortet (service de gynécologie-obstétrique, Hôpital de la Croix-Rousse) étudie comment l’activité physique adaptée pourrait participer à leur prise en charge et s’intégrer dans une stratégie personnalisée pour limiter le risque de rechute.
En quoi consiste le projet ?
Les cancers du sein hormonodépendants constituent le type de cancer du sein le plus courant. Une hormonothérapie est donc prescrite pendant 5 à 10 ans, en complément de la chirurgie pour traiter ces cancers, en l’absence de métastases, et éviter le risque de rechute. Chez les femmes ménopausées, le traitement recommandé est l’inhibiteur de l’aromatase. Ce traitement est efficace mais près de la moitié des patientes ne le suivent pas correctement en raison d’effets secondaires, comme des douleurs articulaires et une perte de densité osseuse désignées par l’acronyme AIMSS (en français : syndrome musculosquelettique associé aux inhibiteurs de l’aromatase).
Les mécanismes exacts à l’origine de ce syndrome restent encore mal compris. Toutefois, des études montrent qu’une prise en charge multidimensionnelle, intégrant l’ensemble des besoins des patientes et leur parcours de soins, est nécessaire. La pratique de l’activité physique est aujourd’hui reconnue de façon consensuelle pour son impact positif sur la prévention et le traitement de différents effets secondaires liés au cancer et ses traitements (fatigue, anxiété, baisse de la qualité de vie, dépression, etc.). Cependant, aucune étude n’a encore clairement défini les meilleures pratiques en matière d’exercice pour prévenir l’AIMSS.
Le projet APIS vise à combler ce vide en étudiant l’impact d’une évaluation précoce de l’activité physique et d’une orientation vers une équipe spécialisée en médecine du sport afin de mettre en place un programme personnalisé dès le début du traitement. Ce travail de recherche permettra de déterminer dans quelle mesure la pratique de l’activité physique peut contribuer à prévenir ou atténuer les effets de l’AIMSS chez les femmes traitées par inhibiteurs de l’aromatase. Une étude complémentaire est menée en parallèle pour définir comment cette pratique pourrait être intégrée de façon durable dans le parcours de soins.
Des résultats concluants pourraient déboucher sur le développement d’un modèle de soins centré sur les patientes à même d’augmenter leur adhésion au traitement et, donc, d’améliorer leurs chances de survie en contribuant à une réduction du risque de récidive.
Le résumé du projet en vidéo
Quelques notions
Hormonodépendants, ou hormonosensibles, désigne des cancers du sein dont les cellules portent des protéines, appelées plus précisément des récepteurs, qui reconnaissent et captent les hormones sexuelles féminines, estrogènes ou progestérone, qui circulent dans le sang. L’activité des hormones stimule la croissance des cellules tumorales.
L’hormonothérapie est un type de thérapie qui bénéficie aux femmes affectées par un cancer du sein hormonodépendant. Le plus souvent démarrée après les autres traitements (chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie), l’hormonothérapie bloque l’action stimulatrice des hormones et permet en conséquence de limiter le risque de récidive.
Inhibiteur d’aromatase, ou anti-aromatase, une forme particulière d’hormonothérapie prescrite uniquement aux femmes ménopausées et qui bloque chez celles-ci le mécanisme responsable de la production des estrogènes.
L’activité physique adaptée fait partie des 9 soins de support considérés comme indispensables (4 soins socles et 5 complémentaires) au parcours de soins des patients du cancer et recommandés en France.