Chantal MIEUSSET : un parcours exceptionnel contre le cancer

«C’est avec le temps et l’expérience qu’on apprend à aider les personnes malades». 

Par cette simple phrase, Chantal nous invite à un voyage biographique sur son parcours à l’hôpital ; au plus près des patients. Infirmière oncologique durant plus de 30 ans, elle connait parfaitement le parcours de soins des personnes malades. Durant des dizaines d’années, elle a partagé leur quotidien, leur joie et leur tristesse. 

«En tant qu’infirmière oncologique, j’accompagne les gens, je fais partie de leur vie, je les vois tout le temps. J’ai même organisé un mariage en chambre !»

En effet, sa vie professionnelle en tant qu’infirmière dans un service de traitement des cancers, lui fait prendre conscience des pénibilités des parcours de soins. Elle constate notamment un manque de suivi psychologique lors de l’annonce d’un cancer. Quelle solution apporter aux malades ? Pour Chantal c’est évident, il faut réfléchir à un nouveau type de poste : l’infirmière d’annonce.

L’infirmière d’annonce a la lourde charge d’accompagner le malade dès la première étape de son parcours de soins. L’annonce du cancer par un médecin reste un moment difficile à accepter: le patient ne connait pas la durée du protocole de soins, ni son impact sur son quotidien et sa vie de famille. 

Il est donc difficile d’appréhender les causes et conséquences de cette annonce : nombre d’interventions, protocole avant et après intervention, impact sur sa vie privée… L’infirmière d’annonce explique au malade tous ces éléments et lui demande de reformuler ce que le médecin lui a dit. 

"C’est un moment crucial pour le patient. Il faut accepter, puis il y a une prise de conscience pour la personne malade et ses proches."

Pionnière de cette mission relais aujourd'hui normalisée au sein des établissements de santé, Chantal l’a exercé 5 ans sans formation spécifique, en répondant à un besoin évident dont elle avait la conviction de par sa longue et enrichissante expérience en tant qu’infirmière oncologique. 

Grâce à ses efforts, l’infirmière d’annonce est dorénavant un véritable métier, agrémentée d’une solide formation.

Prendre le temps de l’écoute, c’est soulager le malade d’un certain poids et lui permettre d’exprimer ce qu’il refoule inconsciemment. C’est aussi établir une relation de confiance. Une relation où l’on reçoit de la part de l’autre, tout en donnant de sa personne. L’équilibre avec son auto-défense est très spécifique. 

«Sensible et fragile, nous le sommes tous.» 

Il faut donc se protéger tout en offrant un espace de parole. Comment faire ? 

«Quand je suis écoutante, je me présente, je parle de la pluie et du beau temps. Petit à petit une relation s‘installe… ou pas. Chacun est différent. 

La stratégie des petits effets permet de construire quelque chose si la personne malade le souhaite. Contrairement à ce qu’on pourrait supposer, le sujet principal n’est pas la maladie, même s’il faut parfois en parler. 

Les sujets récurrents sont des projets à long terme, cela permet aux malades de construire un univers mental post cancer, et c’est très important pour se donner la force d‘affronter un cancer.»

Depuis plusieurs années, la Ligue contre le cancer forme les bénévoles écoutants avec plusieurs jours de formation. En Essonne, une vingtaine de bénévoles proposent leur écoute dans les établissements de santé. Les retours sont très positifs.

De nouveaux besoins, une nouvelle mission. Le parcours de soin à l’hôpital ressemble parfois à un parcours du combattant: rendez-vous à la chaine alors que la fatigue prend le dessus, problématique financière, complexité administrative, traitement des personnes à l’intérieur de l’hôpital… 

En cas de dysfonctionnements hospitaliers structurels ou occasionnels, le patient a le droit de mandater le représentant des usagers pour le représenter devant les plus hautes instances de l’hôpital. En réunion, son cas est alors débattu et en cas de problème avéré, le service du droit des usagers peut proposer des orientations ou des solutions.

«Tous les cas de figure sont possibles : le voisin fait trop de bruit, l’attente trop longue dans un espace froid, la douleur a été mal prise en compte…» 

Sur ce dernier point, Chantal se redresse et son regard s’assombrit.

«L’accès et le traitement des soins sont une seule et même chose, c’est l’aspect le plus important à mes yeux, sans dénigrer les autres droits. 

Toutes les commissions du droit des usagers ont pour relais des cellules qualités intégrées aux équipes hospitalières, cela inclut les chambres et les pharmaciens. Une ordonnance mal rédigée peut donner lieu à de fâcheux quiproquo».

Tout ceci a abouti à la création des directives anticipées et à la personne de confiance.

L'ancien président de la Ligue contre le Cancer de l'Essonne, le docteur Hervé Gautier, décrit Chantal en quelques mots : disponible, efficace et attachante. 

"Chantal est très engagée en tant que responsable des usagers, elle est porteuse de parole et fait le lien entre les professionnels de santé et la Ligue contre le cancer. 

Sa présence active aux hôpitaux de Dourdan et d'Etampes ont été un soutien précieux."