Bonjour,
J'écris aujourd'hui sans bien savoir pourquoi, mais sans doute parce que j'ai l'impression que rien ne m'apaise et je cherche peut-être dans vos témoignages quelque chose qui viendrait me signifier que ça ne reste pas là comme une plaie béante toute la vie, cette souffrance.
Ma mère est morte il y 11 mois. J'étais alors maman d'un petit garçon de 6 mois. J'étais enceinte de 5 mois quand nous avons appris qu'elle était malade. Le diagnostic s'étant fait à la découverte d'une métastase, j'ai su d'emblée qu'elle allait mourir de sa maladie. Dans les premiers jours qui ont suivi l'annonce j'ai été dans un état difficile à décrire. Je ne dormais plus de la nuit, je cherchais partout quelque chose à quoi me rattacher, une thérapie inconnue, n'importe quoi, je voulais juste la sauver. Je pleurais sans cesse sur mon gros ventre et je m'excusais auprès de mon bébé d'être dans un tel état. Puis un autre temps est venu pendant lequel je l'ai accompagnėe, jusqu'au bout, sans jamais flancher. Pendant ce temps là je suis devenue maman et voir ma mère avec mon tout petit bébé me faisait à la fois un bien fou (J'étais si heureuse qu'elle puisse le connaître) et une douleur sourde car je savais qu'elle ne serait pas là longtemps. Les premiers mois de la vie de mon bébé/ derniers mois de celle de ma mère ont été extrêmement intenses et m'ont pris une énergie que j'avoue n'avoir jamais imaginé avoir. Aussi quand elle est morte je n'ai pas été aussi effondrée que ce que j'avais imaginé et j'ai juste ressenti un grand besoin de vivre de bonnes choses avec mon fils. Seulement voilà cela fait un an bientôt maintenant et depuis peu de temps son absence devient douloureuse comme jamais. J'ai envie de lui hurler de revenir s'occuper de moi, de nous, et je me Zsens perdue au milieu de l'océan. J'ai l'impression de ne pas aller assez bien pour bien m'occuper de mon fils et je pleure dès que je pense à une future grossesse (que je voudrais tellement pourtant) parce que l'idée de devenir mère à nouveau sans elle à mes côtés m'est terriblement douloureuse.
Avez vous des expériences de l'après, quand cette souffrance s'apaise?
Merci d'avance,
Dolita
Bonsoir,
Je suis toute nouvelle sur le forum, que j'ai découvert par hasard. J'ai 30 ans et j'ai perdu ma maman le 26/12/2018. Elle avait 62 ans. Elle avait été diagnostiquée en mai 2016 pour un myélome multiple stade 3, alors que j'étais enceinte de 2 mois. Dès ce moment, j'ai compris que ses jours étaient comptés. La moelle osseuse, ce n'est pas un organe qu'on peut amputer. Alors, dans cette hypothèse, la mort est nécessairement inéluctable... Durant deux ans et demi, j'ai alterné entre espoir et désillusions, avant de vraiment comprendre, en novembre 2018, que la fin était très proche.
Ma fille a deux ans désormais et n'aura que très peu connu sa grand mère, juste entre deux séjours à l'hôpital et une période de rémission relativement courte.
J'étais extrêmement proche de ma maman, notre relation était fusionnelle. En outre je suis fille unique, donc ce lien était exclusif. On partait en vacances juste toutes les deux, je la voyais tous les week-ends ou presque, on s'écrivait des textos à longueur de journée... Un peu comme si elle était aussi une meilleure amie, avec qui la complicité était totale.
Et pourtant, avec la dégradation rapide de son état de santé, j'ai dû très vite faire le deuil de ces moments intenses passés ensemble. Troquer les virées fantastiques contre des journées entières passées à l'hôpital. Échanger les sorties en tête à tête à l'opéra ou au restaurant contre des soirées à l'ombre des poches de chimiothérapie.
Elle qui aimait tant la vie, elle était désormais devenue trop faible pour en profiter... Elle la voyait s'écouler loin d'elle, depuis son lit ou en salle de dialyse durant la dernière année. Parfois, j'étais tellement en colère contre cette situation, je me demandais... à quoi bon vivre ainsi, est ce encore la vie ou n'est ce que de la survie...? A certains moments je trouvais cela absurde, mais à chaque fois que je la voyais, j'essayais de ne pas y penser et de la distraire elle aussi du mieux possible. Mais au fond j'étais mortifiée par la vision de ma maman, devenue si faible et si maigre et qui semblait encore déployer un courage inimaginable malgré l'adversité. De ce fait, elle a toujours suscité chez moi une admiration sans faille.
Je me rends compte que mes propos sont décousus, mais je me sens tellement désemparée er misérable. Je n'ai même pas pu dire à ma fille que sa mamie était partie, alors qu'elle la cherche partout lorsque nous allons chez mes parents. Elle est si jeune encore et je suis anéantie de penser qu'elle n'aura pas la chance que j'ai eue de partager de moments complices avec elle.
J'aimerais avoir des témoignages de personnes qui ont perdu leur maman alors qu'ils étaient eux même parents de très jeunes enfants (moins de 3 ans). Comment leur expliquer l'inexplicable ? Comment réussir à être parent alors qu'on a perdu son parent, qui représentait un modèle pour soi ? Comment ne pas avoir peur de mourir soi même et de causer la même peine à son enfant ?
Depuis quelques jours je suis hantée par cette pensée que moi non plus, je ne vivrai pas bien vieux et je refuse l'idée que ma fille souffre autant que je ne souffre actuellement du fait de ma propre disparition.
Merci pour vos contributions.
Bonne soirée,
Anne