4 février 2013, Journée Mondiale contre le cancer
Résultats inédits d’une étude Ligue contre le cancer / Harris Interactive
« Cancer : peurs, préjugés & idées reçues ».
France / Maroc : le cancer reste l’objet de toutes les peurs, des préjugés différents mais persistants et des actions de lutte à envisager en commun.
Paris, le 01 février 2013 – A l’occasion de l’Edition 2013 de la Journée Mondiale contre le cancer le 4 février, l’UICC et l’OMS ont souhaité sensibiliser l’ensemble des acteurs de la Lutte contre le cancer autour d’un thème fort : Préjugés et Tabous. Parce que le cancer ne connaît pas de frontières et est susceptible de toucher toutes les populations à travers le monde (d’ici 2030, l’impact du cancer va doubler à l’échelle mondiale*), les préjugés et les peurs autour de la maladie sont à combattre activement pour changer « l’image sociale » du cancer. Sur tous les fronts de la lutte contre le cancer en France depuis près d’un siècle, la Ligue, membre fondateur de l’UICC et de l’ALIAM, participe aux principaux programmes de lutte à l’échelle internationale. A l’occasion de cette journée mondiale de sensibilisation, la Ligue a mené l’enquête pour mieux comprendre les préjugés, les peurs et les idées reçues autour de la maladie… pour mieux les combattre ! Tant en France qu’au Maroc…
Le cancer est responsable d'un décès sur huit dans le monde, une mortalité supérieure à celle du sida, de la tuberculose et du paludisme réunis. Chaque année, plus de 12 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués et 7,6 millions d'individus meurent du cancer. En l'absence de mesures appropriées, on estime que ces chiffres pourraient atteindre 26 millions de nouveaux cas d'ici 2030, sachant que l'augmentation sera la plus marquée dans les pays à faible et moyen revenu. Aujourd’hui en France, l’on guérit près de 60% des cancers ; à l’échelle mondiale, nul ne devrait désormais ignorer que près de 50% des cancers sont évitables. Les principaux facteurs de risques devraient être parfaitement connus pour être combattus efficacement… Maroc, France : quelles différences ?*
Préjugés, peurs et idées reçues ? Résultats inédits d’une étude menée exclusivement pour la Ligue contre le cancer par Harris Interactive.
Dans ce contexte de journée mondiale, en tant que membre fondateur de l'Union internationale contre le cancer (UICC) et de l’ALIAM (qui rassemble actuellement 72 associations ou ligues membres dans 27 pays francophones méditerranéens et africains), la Ligue a souhaité comprendre quels sont les peurs, les préjugés et les idées reçues qui persistent aujourd’hui… mais également de comprendre quelles sont les différences et les convergences entre la perception des Français et celle d’un autre pays francophone : Le Maroc.
Quelles sont les évocations spontanées le plus souvent associées au cancer ? Quels sont les facteurs de risques qu’ils identifient comme causes principales du cancer ? Et comment pensent-ils que la maladie va évoluer dans les années à venir ? Et… Que propose la Ligue ?
France – Maroc : la maladie fait peur, les idées reçues persistent…
Les Marocains ne sont pas aveugles et espèrent des avancées
Les Français occultent des facteurs de risques et restent profondément négatifs
Les Français comme les Marocains associent généralement le cancer à des évocations très négatives :
Les mots les plus souvent associés au terme « cancer » dessinent un univers d’évocations très médicalisé pour la France et anxiogène pour les deux pays : la « maladie », la « mort » sont les termes les plus fréquemment et spontanément évoqués par les Français et les Marocains. La notion de danger apparaît nettement pour les marocains comme « une zone rouge à éviter » alors que pour les français, le soin, les chimios et son cortège de douleurs et de souffrance les situent davantage dans le curatif que dans l’évitement et le préventif.
Les préjugés sur la maladie restent forts, les deux pays n’ont aujourd’hui pas la même image du cancer :
- Une image négative partagée, mais des différences sont observées
Les termes secondaires évoqués diffèrent : si les Français évoquent des notions positives telles que « l’espoir » (6%), « la rémission » (6%) « la guérison » (7%), « les traitements » (8%), les Marocains eux associent le mot cancer à des termes plus fatalistes tels que « incurable » (10%), « pitié » (4%).
« On a le sentiment que les français s’installent dans une prise en charge curative collective de la maladie alors que les marocains feront tout pour éviter d’avoir à affronter la maladie. Il y a deux cultures qui s’expriment et qui sont confirmées par d’autres données macroéconomiques de la santé : la France a choisi le soin et oublié la prévention depuis de nombreuses années dans ses politiques de santé ; le Maroc pour d’autres raisons, chercherait à éviter les maladies. Notre devoir à la Ligue et à l’Aliam sera d’inventer une synergie entre ces deux visions qui, intriquées, pourraient faire gagner de nombreuses vies. » explique le professeur Jacqueline Godet, présidente de la Ligue nationale contre le cancer.
Si la consommation de tabac est la première cause du cancer aussi bien selon les Français (68%) que selon les Marocains (81%), les Marocains sont les plus conscients des dangers de la consommation de ce poison avéré…
« Cette différence pointe vigoureusement l’échec relatif des campagnes de prévention en France ; il faut les repenser en profondeur. La Ligue ne ménage pas ses efforts depuis plusieurs années pour tester sur le terrain des approches innovantes en matière de prévention et pour porter au plus haut niveau, l’idée de prévention des risques et protection des populations comme élément clé de toute politique de santé publique. La Ligue semble avoir été entendue par les autorités publiques puisque le Président de la République a orienté dans cette direction le Plan cancer III, en cours d’élaboration, à laquelle participe la Ligue » précise Jacqueline Godet. « S’il était nécessaire de démontrer les effets des carences françaises en matière de politique de prévention, cette enquête est éloquente » conclut la Présidente de la Ligue.
- Si les Français ne sont pas moins sensibilisés aux différents risques, les Marocains sont plus réalistes, plus au fait des facteurs de risques avérés : le tabac (81%) d’abord, l’alcool (45%) en seconde position. L’alcool est, en effet, la seconde cause de mortalité évitable. En France, le déni persiste : l’alcool apparaît en 5eme position (31%).
- En France, les jeunes sont les plus sensibilisés au facteur de risques tabac (82% des 18-24 ans) et ont donc conscience des risques… Situation paradoxale ! Car ce sont les premiers consommateurs de tabac et ils fument beaucoup plus que les Marocains. Pour rappel, selon les statistiques 2012 de l’OMS la prévalence du tabac est de 18% chez les marocains de 15 ans et plus vs 30% pour la France. A noter également que tant au Maroc qu’en France, les hommes semblent « plus captifs » au risques individuels (tabac, alcool…) que les femmes qui semblent plus sensibles aux risques « diffus »(fatalité, stress…).
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Deux nouveaux facteurs de risques apparaissent, plus fortement cités par les Français : la pollution (38% des français, 29% des marocains) ; la génétique (37% des français, 23% des marocains). Cependant… ces risques, s’ils sont au cœur de préoccupations actuelles, ne sont pas aujourd’hui totalement avérés et à mettre en corrélation avec le mode de vie plus urbain en France qu’au Maroc.
« Les résultats montrent qu’aujourd’hui, notamment les Français, préfèrent voir les facteurs de risques incertains comme la pollution que les risques avérés (tabac, alcool) car cela nécessite des changements de mode de vie » poursuit Jacqueline Godet – Présidente de la Ligue contre le cancer.
Et quelle est la vision des Français et des Marocains pour demain ? Les Marocains se déclarent plus optimistes que les Français quant à l’évolution du nombre de cancers d’ici 20 ans
L’optimisme habite les marocains davantage que les français puisqu’ils sont 43% à penser qu’il y aura moins de cancer dans 20 ans contre 11% pour les français. La population marocaine est plus jeune que la population française ce qui a certainement un impact sur ce résultat.
« Ce dernier résultat constitue une illustration du pessimisme général des Français. S’ils ont conscience de certaines solutions (traitements, rémissions, etc.), les Français restent cependant inquiets quant à l’avenir. Ce sondage s’inscrit dans la droite ligne des tendances que nous avons constatées dans différentes études menées par Harris » explique Jean-Daniel Lévy, Directeur du département Politique/Opinion d’Harris Interactive.
« L’Aliam avec la Ligue va, dans les prochaines semaines, organiser des actions entre la France et le Maroc pour « faire ici ce qui est bien fait là-bas » ; une mutualisation qui pourrait permettre d’envisager une approche francophone tant dans le soin qu’en matière de prévention et de lutte contre les facteurs de risque. Chaque pays a à apprendre de l’autre ! Les enseignements de ces expérimentations seront communiqués aux autorités publiques pour que des initiatives soient prises rapidement. Les cancers ne connaissent pas de frontière ; les peurs, les préjugés et les idées reçues, meilleurs alliés des cancers, doivent être combattus collectivement et en particulier au niveau de la francophonie » propose Jacqueline Godet.
« Ces actions pourraient permettre de réduire les différences sur les perceptions, une première étape cruciale pour une lutte efficace contre le cancer dans les pays francophones méditerranéens et africains» conclut Saïd Mchangama, président de l’Aliam.
Acteur majeur, mobilisé et engagé dans la lutte internationale contre le cancer, la Ligue contre le cancer profite de cette journée mondiale de sensibilisation pour annoncer qu’elle a été désignée par l’UICC pour organiser le prochain congrès international contre le cancer, prévu en 2016 à Paris.
Découvrir l’Alliance des Ligues francophones et méditerranéennes (Aliam) : www.aliam.org
*étude du CIRC - www.aliam.org
** Etude Harris Interactive :
France : Enquête réalisée en ligne du 25 au 28 janvier 2013 auprès d’un échantillon de 1870 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e).
Maroc : enquête réalisée par téléphone au domicile des enquêtés du 29 au 31 janvier 2013. Echantillons de 504 individus représentatifs de la population marocaine âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle de l’interviewé(e).
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