Cancer du sein : une avancée importante, mais des inégalités persistantes
Dans la nuit du 28 au 29 janvier, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une loi visant à améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein. Cette décision, que nous saluons, marque une avancée significative pour les personnes concernées par cette maladie.
Cependant, au-delà du cancer du sein, la question des restes à charge concerne l'ensemble des personnes atteintes de cancer. Face à cette réalité, nous restons pleinement mobilisés pour poursuivre la lutte contre les inégalités face à la maladie.
Nous saluons le fait que cette proposition de loi permet de visibiliser la question des restes à charge dans le quotidien des personnes atteintes de cancer du sein.
Nous saluons également que le texte souligne l’importance de l’information relative aux soins de support, trop souvent ignorés.
Nous saluons également que la question des dépassements d’honoraires soit abordée clairement, avec une proposition d’intégration aux conventions médicales.
Une avancée pour la prise en charge du cancer du sein
Avec environ 61 214 nouveaux cas en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, le cancer du sein est le plus répandu des cancers féminins et le plus meurtrier.
En tant que représentante des usagers, la Ligue a été impliquée dès les discussions initiales de cette proposition de loi.
En renforçant l'accès aux soins et en mettant en lumière les difficultés financières liées notamment aux soins, très à proprement appelés de “confort” ainsi qu'aux dépassements d'honoraires, cette loi répond à un besoin urgent d'accompagnement des personnes malades. Elle contribue à reconnaître l'impact économique que représente un cancer du sein quels que soient la situation sociale à l’annonce de la maladie et les obstacles que rencontrent encore trop de personnes malades pour accéder à des soins de qualité.
Le témoignage de Laure
Le témoignage de Laure
« À ce jour, je suis en rémission d’un cancer du sein, mais pour moi la reconstruction mammaire était essentielle pour me reconstruire psychologiquement.
Après un délai d’attente d’un an pour bénéficier d’une reconstruction à l’hôpital, je me tourne vers une clinique en désespoir de cause qui m’annonce un montant de 6 200 €. Après une prise en charge par la Sécurité sociale et ma mutuelle, je devrais obtenir un remboursement de 2200 €. Il restait donc 4 000 € à ma charge.
À 38 ans, mon père a dû m’aider pour avancer tous ces frais ce qui m’a mise très mal à l’aise. »
Un engagement à poursuivre pour une prise en charge plus équitable
De nombreuses personnes doivent faire face à des difficultés financières pour accéder à des soins essentiels, qu'ils soient spécifiques à leur traitement ou relatifs à leur bien-être au quotidien.
Face à cette réalité, nous restons pleinement mobilisés pour poursuivre la lutte contre les inégalités face à la maladie. Nous continuerons à porter la voix des personnes malades et de leurs proches afin que des mesures ambitieuses soient prises pour garantir un accès équitable aux soins pour toutes les personnes touchées par un cancer, quelle que soit leur situation financière.
La reconnaissance de ces difficultés et l'adoption de cette loi constituent une avancée positive, mais elle ne doit être qu'une étape vers une prise en charge globale et solidaire de toutes celles et ceux touchées par le cancer.
L'enquête France Asso Santé de novembre 2024[1] estime à plus de 1 400 € les restes à charge dits "invisibles" (RACI) pour les personnes atteintes de cancer.
Les RACI concernent le petit matériel de soin, les produits qui soulagent ou sont nécessaires pour apaiser les effets secondaires très variés et lourds des traitement anticancer (vernis pour éviter la perte des ongles suite aux traitements, crèmes dermatologiques, protections urinaires, soutiens gorges adaptés etc.), des aides techniques, des frais d’alimentation ou de médecine complémentaire, comme des séances chez le diététicien, le psychologue ou l’ostéopathe.
À ces RACI peuvent être ajoutés les 900 € de restes à charge enregistrés par la DRESS pour les personnes atteintes de cancer.
[1] www.france-assos-sante.org/wp-content/uploads/2024/11/Resultats-enquete-RACI
Camille Flavigny, directrice Droits et soutien des personnes au pôle Stratégie de lutte de la Ligue contre le cancer, revient sur ces avancées en quelques mots.
« Cette loi est un premier pied dans la porte, un moyen de sensibilisation du grand public et du monde politique et institutionnel : le 100% ALD est un leurre et l’impact financier de la maladie est supporté par l’ensemble des personnes atteintes de cancer. »
Notre mobilisation
Le 4 février, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, la Ligue contre le cancer dévoilera son manifeste, pour qu'ensemble, nous puissions agir contre toutes les inégalités face à la maladie.
Rejoignez-nous pour sensibiliser, partager et construire un futur où le cancer n'est pas synonyme d'injustice sociale.