Glioblastomes, couper les communications pour traiter
L’équipe de Julie Gavard (Inserm U1232 – CNRS ERL 6001, CRCI2NA, Nantes) a démarré sa première labellisation en janvier 2022. Les travaux qu’elle vient de publier avec plusieurs co-auteurs ont identifié une protéine, MLKL, jouant un rôle fondamental dans le système de communication qui permet aux cellules souches cancéreuses de contrôler l’évolution des tumeurs de glioblastome [1].
Zoom sur les recherches de l’équipe
Les recherches de Julie Gavard portent sur les cellules souches cancéreuses, le petit contingent de cellules tumorales qui est aux commandes des tumeurs de glioblastome et en contrôle l’initiation, la progression et la rechute. Capables de résister aux thérapies usuelles, les cellules souches cancéreuses sont considérées comme l’ennemi à abattre pour faire progresser le traitement encore peu efficace des glioblastomes. Identifier des « talons d’Achille » spécifiques à ces cellules constitue donc l’objectif majeur des travaux de l’équipe.
Or les résultats que l’équipe a publié dans iScience suggèrent que la sécrétion de vésicules extracellulaires, un mode de communication utilisé par les cellules souches cancéreuses pour piloter les autres cellules constituant la tumeur, pourrait constituer une vulnérabilité à cibler. Comparables à des petits paquets postaux, les vésicules extracellulaires dont des fragments cellulaires qui renferment et transportent des molécules variées (protéines, acides nucléique, etc.) interprétées comme des messages, des instructions, par les cellules qui les captent.
Haro sur le trafic !
Les résultats obtenus par l’équipe révèlent qu’une protéine nommée MLKL joue un rôle essentiel dans le trafic vésiculaire, c’est à dire l’acheminement des vésicules au sein de la cellule, et leur sécrétion.
L’activité cruciale de MLKL pourrait-elle en faire une cible thérapeutique ? C’est ce que laissent espérer ces travaux puisque l’inhibition de MLKL par différentes approches (petite molécule, siARN, etc.) permet de réduire la croissance des tumeurs de glioblastome in vitro mais également chez des modèles animaux de glioblastomes humains.
Au final, ces recherches permettent de mieux comprendre un mécanisme essentiel à l’activité des cellules souches cancéreuses de glioblastome ainsi que d’ébaucher une stratégie thérapeutique inédite contre ces cellules sources des récidives de la maladie.
[1] iScience 25, 105118, octobre 2022, DOI : 10.1016/j.isci.2022.105118
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Pour en savoir plus et lexique
Des financements régionaux et nationaux
Les travaux publiés dans iScience ont bénéficié de plusieurs soutiens de la Ligue : programme national Equipes Labellisées, subventions régionales de recherche fondamentale et une allocation jeune chercheur financées par les CD44, CD49, CD85, CD35. Une des équipes co-autrices de l’article, celle de Jacky Goetz, est également labellisée par la Ligue.
Glioblastomes
Les Glioblastomes constituent les tumeurs primitives du cerveau les plus fréquentes et les plus agressives. Ils peuvent survenir à n’importe quel âge mais majoritairement entre 45 et 70 ans, le nombre de nouveaux cas par an en France était estimé en 2018 à environ 3 500. La survie médiane à partir du diagnostic est de seulement 15 mois ; moins de 5 % des patients diagnostiqués survit plus de 3 ans. Chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie peuvent être employées pour traiter les glioblastomes mais l’on ne peut les guérir en raison de leur capacité accrue à résister à ces thérapies conventionnelles. La mise au point de nouveaux traitements surpassant la capacité à résister des glioblastomes constitue donc un impératif pour en améliorer la prise en charge thérapeutique.
Cellules souches cancéreuses
Ces cellules cancéreuses particulières ont la capacité d’initier et de propager les tumeurs. Elles ont la capacité d’échapper aux thérapies anticancéreuses conventionnelles en mettant leur activité au repos, elle rentre en dormance à l’instar des végétaux en période hivernale, et se trouvent ainsi à l’origine des récidives des glioblastomes. Identifier des cibles thérapeutiques spécifiques des cellules souches cancéreuses est un enjeu de recherche majeur pour espérer à terme mieux traiter les glioblastomes et d’autres tumeurs capables de récidiver.
Cible thérapeutique
Dans le domaine du traitement du cancer, il s’agit le plus souvent d’une protéine plus ou moins complexe qui joue un rôle vital (enzyme, récepteur, etc.) pour la cellule cancéreuse et dont on peut envisager d’inhiber l’activité au moyen d’un médicament (petite molécule, anticorps,..)
Vésicules extracellulaires
Pour en savoir plus sur les vésicules extracellulaires et leurs rôles dans la biologie du cancer, un article publié en 2021 dans la revue médecine/sciences