Tabac et cancers
Le tabac, première cause de mortalité évitable et prématurée dans le monde, est responsable de 75 000 décès par an soit 13 % des décès survenus en France[1]. Il est également le premier facteur de risque de cancers évitables. L’arrêt du tabac présente de nombreux bénéfices pour la santé, quel que soit l’âge ou la durée de sa consommation.
[1] Pasquereau Anne, Andler Raphaël, Guignard Romain, Soullier Noémie, Beck François, Nguyen-Thanh Viêt - Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°. 9-10, p. 152-158 santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/article/prevalence-du-tabagisme-et-du-vapotage-en-france-metropolitaine-en-2022-parmi-les-18-75-ans
En savoir plus sur ce facteur de risque
Explication de la problématique
Le tabac, un produit psychoactif à très fort potentiel addictif
Le tabac, séché et traité avec des additifs, est le plus fréquemment consommé sous forme fumée. La fumée du tabac est composée plus de 7000 produits fortement nocifs pour la santé (monoxyde de carbone, goudrons, etc.).
La nicotine, naturellement dans le tabac, est absorbée par les poumons, circule dans le sang avant d’atteindre le cerveau et les autres organes du corps. Elle agit sur le système nerveux, notamment dans une zone du cerveau dite "de la récompense", et crée une sensation de plaisir. Petit à petit le consommateur de nicotine peut s’habituer, et devenir dépendant. Cette dépendance à la nicotine explique pourquoi l’utilisation de substitut nicotinique peuvent aider le fumeur à rompre avec le tabac sans éprouver les effets désagréables du manque de nicotine.
Le tabac est un produit psychoactif à très fort potentiel addictif, intentionnellement augmenté lors de la production des produits du tabac.
12 millions de fumeurs en France, un enjeu majeur de santé publique
Après une forte baisse pendant plusieurs années suite à la mise en œuvre de mesures volontaristes de lutte contre le tabagisme, le nombre de fumeurs se stabilise depuis la crise sanitaire liée au Covid-19. En 2022, plus de trois personnes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8 %) et un quart déclaraient fumer quotidiennement (24,5 %)[1].Cette même année, les niveaux d’usage de tabac chez les jeunes de 17 ans sont les plus bas mesurés depuis deux décennies. Près d’un jeune de 17 ans sur trois (25,1 %) déclare avoir consommé du tabac au cours des trente derniers jours, soit une baisse de 18,7 points par rapport à 2014[2], une projection d’évolution favorable à l’objectif de santé publique. Cependant, cette perspective n’enlève rien au fait qu’aujourd’hui la France compte 12 millions de fumeurs, exposés au premier facteur de risque de cancer.
[1] Pasquereau Anne, Andler Raphaël, Guignard Romain, Soullier Noémie, Beck François, Nguyen-Thanh Viêt - Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°. 9-10, p. 152-158 santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/tabac/documents/article/prevalence-du-tabagisme-et-du-vapotage-en-france-metropolitaine-en-2022-parmi-les-18-75-ans
[2] OFDT (2022) Les drogues à 17 ans – Analyse de l’enquête ESCAPAD 2022. Tendances, OFDT, n° 155, 8 p.
Impacts à la santé / lien avec le cancer
Le tabac est responsable d’effets conséquents sur la santé, de cancers, de pathologies respiratoires et de maladies cardiovasculaires. Avec plus de 7 000 substances chimiques, dont 70 cancérogènes, il est le premier facteur de risque évitable de cancer. Le tabac est responsable de 75 000 décès par an en France, dont 45 000 par cancers. Impliqué dans le développement de 17 localisations différentes de cancers et dans 8 cancers du poumon sur 10, le tabac est à l’origine de 20 % des nouveaux cas de cancer, soit plus de 68 000[1] nouveaux cas par an. Ces données épidémiologiques motivent la mise en place d’actions fortes de lutte contre le tabagisme.
[1] Marant-Micallef C, Shield KD, Vignat J, Hill C, Rogel A,Menvielle G, et al. Nombre et fractions de cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine en 2015 : résultats principaux. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(21):442-8. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/21/2018_21_2.html
Comment agir individuellement
Quel que soit l’âge, l’arrêt de la consommation de tabac permet d’obtenir des bénéfices mesurables pour la santé à court et à long terme. L’arrêt du tabac est le premier conseil pour préserver sa santé. Il est possible d’arrêter seul ou se faire accompagner par un professionnel de santé, démarche susceptible d’accroitre sensiblement les chances de réussite du sevrage.
Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé[1] :
- l’aide par un professionnel (médecin, infirmier, psychologue, etc.) est toujours efficace. Un fumeur recevant de l’aide et voulant arrêter aura plus de chances d’y parvenir que celui voulant arrêter sans aide ;
- le soutien psychologique propre à la relation thérapeutique est une composante fondamentale de la prise en charge ;
- il existe une relation entre l’intensité de la prise en charge psychologique et comportementale (durée et nombre de contacts) et le taux d’abstinence ;
- les interventions complètes associant plusieurs outils (questionner, conseiller, évaluer, fixer une date d’arrêt et aider si besoin par des traitements nicotiniques de substitution (TNS)) augmentent les chances de l’arrêt par rapport à l’absence d’intervention ou à une intervention minime ;
- les techniques issues des entretiens motivationnels sont particulièrement utiles dans la phase de préparation, mais également au cours du suivi afin de soutenir la motivation.
Sur le plan des techniques non médicamenteuses, on peut souligner l'efficacité des Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC), qui fait l’objet d’une littérature scientifique abondante dans l’aide à l’arrêt du tabac.
Pour avoir des informations sur le tabac et être accompagné, consulter le site Tabac Info Service ou appeler le 39 89 accessible du lundi au samedi de 8h à 20h, appel non surtaxé.
Vous pouvez télécharger gratuitement l’application Tabac info service pour un coaching adapté à vos besoins, vos motivations, vos inquiétudes et vos habitudes de vie (Android / IOS).
Comment agir collectivement
La lutte contre le tabac ne peut être que globale, internationale et collective afin d’apporter une réponse forte à l’épidémie tabagique mondiale.
La convention Cadre pour la Lutte Antitabac, CCLAT, est le premier et unique traité international de santé publique qui fixe des normes internationales sur les prix du tabac et l’augmentation des taxes sur le tabac, sur la publicité en faveur du tabac et les activités de parrainage, sur l’étiquetage, le commerce illicite et le tabagisme passif, visant ainsi à identifier les dispositifs efficaces pour lutter contre le tabac. La France a été parmi les premiers signataires.
En France, le Programme National de Lutte contre le Tabac, la France s’est fixé l’objectif que les enfants nés à partir de 2014 deviennent la première génération d’adultes non-fumeurs (< 5 % de fumeurs), objectif réitéré dans la Stratégie Décennale de lutte contre les cancers 2021 - 2030. Depuis 2014, des actions phares ont été mises en place sur le plan national telles que le paquet neutre ou le moi(s) sans tabac, mais il est nécessaire de poursuivre l’effort collectif de dénormalisation car il est encore consommé par un quart des Français.
Si le tabac est un fléau sanitaire c’est aussi un fléau écologique. Chaque année, près de 30 milliards de mégots de cigarettes sont jetés dans les rues de France. On estime entre 20 000 à 25 000[1] tonnes la quantité de mégots jetés chaque année en France. Le coût de ramassage des mégots est à la charge des collectivités, financé par les impôts locaux. Il est estimé à 38 € par habitant et par an.