Focus sur les nouvelles “astuces” anti-gueule de bois
Les fêtes de fin d'année approchent à grand pas et la période est propice à une consommation d'alcool plus élevée que le reste de l'année. On les trouvent de plus en plus dans des articles d'information ou dans les médias, ces nouvelles astuces anti-gueule de bois qui promettent des lendemains paisibles. La Ligue, dans son optique de prévention, vous propose un éclairage sur le sujet !
Quelles sont ces “solutions miracles” ?
Les pastilles à mettre dans l’eau
Les pastilles à mettre dans l’eau
On retrouve sur le marché en France des pastilles qui optimisent l’hydratation. Il s’agit de solution à base de sels minéraux et d’électrolytes permettant “d’optimiser l’hydratation du corps”. Ces pastilles se consomment dans un verre d’eau, entre une et deux pastilles par prise, et se présentent sous différentes saveur : neutre, pêche, gingembre, citron, fruits des bois, coco, etc. Elles se présentent comme étant : sans colorant, sans conservateur, faibles en sucre, avec des aromes naturels.
Ces dispositifs, souvent vendus en pharmacie, se présentent comme étant des solutions aux personnes ayant du mal à s’hydrater, pour les périodes de fortes chaleurs, pour la récupération sportive. Depuis peu, il y a également une mise en avant de ces pastilles aromatisées pour se remettre de la “gueule de bois”.
Le message prôné par cette solution : 2 pastilles dans un verre d'eau avant de se coucher, à renouveler au réveil pour assumer sa journée.
Ce message est considéré comme dangereux et incitatif à une consommation d'alcool qui deviendrait trop facilement irréfléchie, aux vues des solutions proposées.
Les boissons et compléments alimentaires
Les boissons et compléments alimentaires
Fin 2023, le complément alimentaire Alcoool vendu par Nona Lab fait son apparition sur les étagères des pharmacies. Ce complément présenté sous forme de boisson n’est vendu que pour son action anti gueule de bois. Le produit peut également être acheté en grande surface ou directement sur le site internet.
Cette boisson permettrait d’éliminer les toxines de l’alcool, de soulager la gueule de bois, de réduire la fatigue, de contribuer aux performances intellectuelles. Elle se compose de : poire Nashi, figue de Barbarie, vitamines B & C et de sels minéraux. Elle est notée sans sucre, sans gluten et fabriquée en France.
En plus de toutes ces promesses, la bouteille adopte un style très pop. La marque use également d’un marketing très agressif sur les réseaux sociaux, en utilisant notamment le “happy february” en opposition au “défi de janvier”.
Leur mode d'emploi : à boire avant le 1er verre, en apéritif ou en retour de soirée.
- Bien secouer la bouteille avant ouverture et boire l'intégralité de la bouteille
- Profite de la soirée
- Réveille-toi en forme
Ce “mode d'emploi” est incitatif et va à l'encontre d'une consommation d'alcool modérée.
Les patchs chez nos voisins américains
Les patchs chez nos voisins américains
Dans les pays anglosaxons, une version “patch” a fait son apparition. Contrairement aux pastilles d’hydratation, le patch a pour but premier l’action “anti gueule de bois”. Les patchs contiennent un cocktail de vitamines (B1, B5, B6) et de la taurine, substance retrouvée notamment dans les boissons énergisantes.
Il est “recommandé” de mettre le patch avant sa soirée alcoolisée afin de que la vitamine B puisse “préparer” le corps à la consommation d’alcool. La diffusion lente faite par le patch permettrait de réduire les effets d’une surconsommation d’alcool.
Le format patch est vendu comme étant pratique, discret et waterproof. Pouvant se mettre et s’enlever facilement. De plus, certaines marques proposent des patchs personnalisables et les markettent comme des outils de réduction des risques alcool.
Ces patchs commencent à voir le jour en France, majoritairement par des ventes sur internet.
Pourquoi ces nouvelles “solutions” posent-elles problème ?
Toutes ces solutions se veulent “bonnes pour la santé”. C’est d’ailleurs l’un des arguments que l’on peut retrouver sur leur site, argument accentuer par leur vente libre en pharmacie.
Cependant, le marketing autour de ces produits est dangereux. En effet, le fait de présenter ces produits comme étant des solutions à la gueule de bois, va à l’encontre des messages de santé publique préconisant des consommations d’alcool limitées.
Pour rappel, la gueule de bois est un symptôme d’une alcoolisation trop importante. Masquer ce symptôme n’est pas synonyme de bonne santé. L’alcoolisation a tout de même eu lieu, mais n’est plus ressentie comme étant “potentiellement mauvaise pour la santé car je n’ai pas de symptôme”. On rentre alors dans une banalisation de l’alcool, voir une incitation à la consommation. Il est également important de noter que, bien que ces produits se vendent comme un remède aux symptômes d’une consommation d’alcool, il n’est indiqué nulle part sur leur site les messages de santé sur cette dite-consommation d’alcool – “l’abus d’alcool est dangereux pour la santé”.
De plus, aucun des sites ne présentent d’études sur l’efficacité de leur produit.
De son côté, la Ligue contre le cancer encourage, comme seul remède fiable pour éviter une gueule de bois, une consommation réfléchie et modérée tout au long de l'année !
Qu’est-ce que la “gueule de bois” ?
La gueule de bois est l’appellation populaire pour désigner les symptômes liés à une consommation excessive d’alcool. Les symptômes les plus courants sont : la fatigue, les maux de tête, la soif, une sensation de faiblesse, une sensibilité à la lumière, des maux de ventre avec vomissement, anxiété, irritabilité.
Une consommation excessive d’alcool provoque différents facteurs pouvant contribuer à ces symptômes :
- déshydratation : l’alcool ne désaltère pas, au contraire il déshydrate. L’alcool supprime la libération de la vasopressine, une hormone antidiurétique produite par le cerveau qui envoie des signaux aux reins, leur indiquant de retenir le liquide. Par conséquent, l’alcool augmente la miction et la perte excessive de liquides. La déshydratation qui en résulte contribue aux symptômes de la gueule de bois tels que la soif, la fatigue et les maux de tête ;
- troubles du sommeil : l’alcool est un dépresseur, les personnes ont donc tendance à s’endormir plus vite une fois celui-ci consommé. Cependant, la consommation d’alcool a tendance à fragmenter le sommeil qui n’est donc plus réparateur ;
- irritation gastro-intestinale : l’alcool est un produit fort et irritant. Il irrite directement les muqueuses de l’estomac et augmente la libération d’acide, ce qui peut provoquer douleurs et nausées ;
- exposition à l’acétaldéhyde : Le métabolisme de l’alcool, principalement par le foie, crée la molécule d’acétaldéhyde, un sous-produit toxique de faible durée de vie, qui contribue à l’inflammation du foie, du pancréas, du cerveau, du tube digestif et d’autres organes ;
- sentiment de contre-coup : la consommation d’alcool génère le plus souvent un sentiment d’euphorie ou bien de détente. Une fois ce sentiment estompé, les personnes peuvent se sentir anxieuse, voir triste.
