Cancer et emploi : la Ligue agit auprès de vous !
La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail a lieu chaque année le 28 avril, l'occasion pour la Ligue de rappeler l'ensemble de son offre d'accompagnement à destination des personnes salariées touchées par la maladie, mais aussi des entreprises. À travers un joli regard croisé, découvrez l'histoire de Nathalie et le témoignage de Sylvain, qui tous deux nous parlent de cancer et emploi.

Quelques chiffres
40 % des personnes malades
sont actives quand elles apprennent leur cancer.
30 % des actifs occupés
touchées par un cancer ne sont plus en emploi deux ans après le diagnostic.
50 % des salariés
considèrent que le cancer est un sujet tabou dans leur entreprise.
L'histoire de Nathalie

L'histoire de Nathalie
« Je suis tombée malade en 1991, à l’âge de 29 ans. À cette époque, je travaillais comme chargée de copropriété chez Bati Gestion, au sein du Groupe Batigère. Depuis cette date, je suis soignée et suivie à l’institut Curie à Paris.
Après six mois d’arrêt maladie, j’ai repris le travail… pour découvrir que mon poste avait été confié à quelqu’un d’autre. On m’a clairement fait comprendre que je n’avais que deux options : accepter un poste dans un autre service ou chercher ailleurs. J’ai accepté, non pas par envie, mais par dépit. Je n’avais ni la force ni l’envie de me battre encore. J’avais déjà livré un combat immense pour retrouver la santé. Le retour fut très difficile : mes collègues ne m’adressaient plus la parole. Dès que j’entrais dans un bureau, le silence s’installait. J’avais l’impression d’être considérée comme une personne contagieuse. C’était lourd, douloureux, profondément isolant.
Heureusement, une mutation professionnelle au sein du groupe Batigère, vers Alliance Immobilier en 1993, m’a permis de reprendre pied. J’ai pu me reconstruire professionnellement.
En 2004, j’ai malheureusement rechuté. Mais cette fois, tout a été différent. J’ai été entourée. Mes collègues, mon directeur, m’ont accompagnée avec bienveillance. J’ai pu suivre mes traitements sans interruption majeure et, à mon retour, j’ai été accueillie comme si de rien n’était. Ce soutien a été un pilier dans ma reconstruction. J’ai également eu un projet personnel : quitter la ville et m’installer à la campagne, loin de la pollution, pour préserver ma santé. En 2007, j’ai obtenu une mutation à la direction territoriale de Strasbourg et intégré Batigère Habitat. »
Sa rencontre avec la Ligue
« En 2019, nouvelle épreuve : un cancer du sein doublé d’un cancer au poumon. J’ai été arrêtée sept mois. C’est à ce moment-là, lors de mes soins à l’Institut Curie à Paris, que j’ai été orientée vers la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin. Les psychologues m’ont dit : « le comité 67 est très dynamique, vous serez bien accompagnée. » Elles avaient raison.
J’ai contacté la Ligue à Strasbourg et j’y ai rencontré Mélanie, que j’ai vue plusieurs fois. Son écoute m’a redonné confiance. Quand je me suis sentie prête à reprendre, elle m’a mise en contact avec Julie Daul. Grâce à Julie, ma réintégration s’est faite en douceur : j’ai pu reprendre en mi-temps thérapeutique pendant six mois et déposer une demande de reconnaissance de travailleur handicapé.
Julie m’a également présenté le dispositif Lig’Entreprises. Étant représentante du personnel chez Batigère depuis plusieurs années, j’ai pu relayer cette initiative en interne. À ce moment-là, nous renégociions les accords QVTC et GEPP. Nous y avons intégré un aménagement du temps de travail, notamment le télétravail renforcé, avec l’accord de l’employeur et du médecin du travail. Ce dispositif, adapté aux besoins du poste, permet de limiter la fatigue des transports. Aujourd’hui, je travaille sur quatre jours, dont trois en télétravail. La RQTH m’a aussi permis d’obtenir une chaise ergonomique, mieux adaptée à mon état de santé.
Je voulais que mon expérience serve à d’autres collègues confrontés à la maladie. J’ai milité pour que Batigère s’engage dans le dispositif Lig’Entreprises – ce qui a été fait. Aujourd’hui, je suis engagée en tant que mécène pour le comité du Bas-Rhin afin de promouvoir ce dispositif. À mes yeux, chaque entreprise devrait s’en emparer pour montrer à ses salariés qu’elle les soutient, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Je voudrais insister sur un point essentiel : l’isolement pendant l’arrêt maladie fait mal. On a l’impression d’être sortie du monde. Pourtant, un simple appel, une carte, un petit mot, redonnent un sentiment d’existence. C’est pour cela que les formations proposées aux managers sont indispensables. Beaucoup ne savent pas comment accompagner un salarié de retour après un cancer.
Quand on revient d’une longue maladie, on est souvent perdu. La main tendue d’un collègue ou d’un responsable est vitale pour réussir ce retour. La charge de travail doit être adaptée, et progressivement réévaluée. On n’est plus tout à fait comme avant… mais on est plus fort qu’avant.
Enfin, je tiens à souligner l’importance des ateliers de prévention que propose la Ligue. Ils permettent de dédramatiser le mot "cancer", et d’apprendre à prendre soin de soi. J’ai remarqué que la Ligue contre le cancer n’est connue que pour la recherche et la majorité des personnes que je contacte pour échanger sur le dispositif Lig’Entreprises ne connaissent par toutes les aides et les clés pour s’en sortir. Moi-même je ne connaissais pas avant d’avoir rencontré Mélanie et Julie. »
Comment la Ligue vous accompagne ?
Face à tous ces enjeux et à l'évolution de la maladie, la Ligue souhaite favoriser le maintien et le retour à l'emploi des personnes atteintes d'un cancer à travers ses différentes actions auprès des personnes malades.
Pour cela elle propose Lig'Entreprises, un programme d'accompagnement sur-mesure qui a pour objectif de sensibiliser et de prendre soin de vos collaborateurs, mais aussi de soutenir les managers afin de lever les tabous et changer le regard sur la maladie. La Ligue propose également, par le biais de son soin de support, de nombreux dispositifs facilitant le maintien et le retour à l'emploi des personnes salariées atteintes de cancer.
Que vous soyez une personne malade ou une entreprise, vous n'êtes pas seuls ! Nos 103 comités départementaux sont là pour vous accompagner alors n'hésitez pas à les contacter !
Entretien avec Sylvain
Président de la caisse locale des salariés du Crédit Agricole, Sylvain Pays nous raconte la relation de son entreprise avec la Ligue contre le cancer et comment elle investit dans des actions de prévention à destination de ses collaborateurs.
Quelles actions en lien avec la Ligue avez-vous réalisé ?
« En tant que président de la caisse locale des salariés, je suis en lien régulier avec la Ligue contre le cancer - notre caisse locale accompagne depuis sa création l’association "Une rose un espoir" (secteurs Forez et Velay) qui organise chaque année une immense vente de rose par des motards. L’ensemble des bénéfices de l’opération sont reversés à la Ligue (72 000 € sur le Forez et 80 000 € sur le Velay en 2024). C'est d’ailleurs grâce à cette manifestation que j’ai rencontré Fabienne Couvreur avec qui le courant est immédiatement passé !
Le Crédit Agricole a fait le choix de mettre en place un partenariat avec la Ligue, ce qui a tout de suite ancré un projet commun. Nous avons alors déployé un premier atelier de prévention - au sein du restaurant d’entreprise de notre siège social à Saint-Étienne pour aider les collaborateurs à mieux s’alimenter et à connaître les aliments qui peuvent aggraver les risques - animé par les équipes de la Ligue.
Avec l'aide de Fabienne qui s'est portée volontaire pour l'animer, nous avons proposé un autre atelier, en visioconférence, avec pour thématique "les réactions à adopter lorsqu’un collègue ou un collaborateur est touché par la maladie" (sous forme de jeu de société avec 750 collaborateurs). Plus récemment à Roanne, nous avons mis à disposition de nos collègues des ateliers de prévention suivi de la représentation du spectacle « Les Saintes » Toutes ces animations sont extrêmement appréciés par nos collègues et ont donc matière à se réitérer. »
Pourquoi avoir décidé de vous engager sur la thématique « cancer et emploi » ?
« L’un de nos engagements fort au Crédit Agricole est notre utilité, c’est d’ailleurs visible sur nos supports de communication "agir chaque jour dans l’intérêt de la société et du client". En s’engageant dans cette thématique, nous ne faisons que démontrer que ce ne sont pas que des mots - le cancer fait des ravages et il me semble utile de participer à la recherche et à l’accompagnement des personnes malades indirectement via la Ligue, mais aussi de mieux nous armer pour accompagner efficacement nos collègues malades. »
Avez-vous déjà eu à accompagner un collaborateur touché par la maladie ?
« Une des administratrices qui œuvre dans la caisse locale a été touchée par la maladie et je ne disposais pas encore à l’époque des précieux conseils prodigués par la Ligue. J'ai essayé de la rassurer et de lui témoigner toute mon empathie mais je dois reconnaître avoir été extrêmement maladroit, et donc mal à l’aise sur les premiers échanges. J’ai eu du mal à reprendre contact fréquemment pendant son arrêt alors même que je pensais à elle fréquemment, j’avais peur de commettre d’autres maladresses que j’imaginais très impactantes psychologiquement pour elle. Les clés communiquées par la Ligue sur la bonne attitude à adopter sont multiples : la principale, de mon point de vue, c’est de montrer qu’on pense aux collègues absents pour ce type de maladie et donc rester disponible pour eux, laisser la possibilité sans pour autant être intrusifs. En bref, notre capacité à nous adapter car les réactions des personnes atteintes par la maladie sont aussi multiples et diverses que pour n’importe quel moment de vie ! La clé c’est donc de personnaliser l’accompagnement. »
Enfin, pourquoi est-ce important pour les entreprises de se former à ces sujets ?
« C’est important tout d’abord parce qu’il s’agit d’un sujet de société compte tenu du nombre, malheureusement conséquent, de personnes malades et la proportion de personnes touchées est la même au sein du Crédit Agricole que dans n’importe quelle structure. La vraie question est donc plutôt à mon avis pourquoi certaines entreprises ne se forment pas ? Le sujet est trop important et massif pour ne pas s’y intéresser. »