Soutien à la recherche

Laure Copel lauréate du prix Axel Kahn 2023

La Ligue a remis pour la deuxième fois le Prix Axel Kahn le mercredi 13 décembre au Collège de France. Ce prix d’une valeur de 50 000 € récompense cette année trois chercheurs et cliniciens dont les travaux et réalisations ont eu un impact majeur sur la connaissance des mécanismes de la douleur liée aux cancer, la prise en charge de ses formes réfractaires et le développement des soins palliatifs.

Découvrez Laure Copel au détour de deux questions !

 

Quel regard portez sur la situation des soins palliatifs en cancérologie aujourd’hui ?

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Laure Copel

Laure Copel : En matière de soins de support et de cancérologie, il est essentiel pour moi que nous puissions associer les soins techniques et le prendre soin avant tout relationnel. Je tiens beaucoup à ce que la rigueur reste une valeur cardinale de nos choix thérapeutiques. Nos traitements doivent être évalués et leur efficacité prouvée afin que nous puissions véritablement améliorer nos pratiques. Honnêtement, même si nous sommes encore confrontés à des défis, je pense que nous pouvons être fiers des progrès accomplis depuis 30 ans, à l’époque nous manquions de moyens pour soulager les patients et leur qualité de vie était terrible. Aujourd’hui, nous disposons de solutions efficaces, de produits simples ou plus complexes, comme ceux issus du domaine de l’anesthésie qui nous permettent de répondre à quasiment tous les cas. Je suis heureuse d’avoir pu contribuer au développement de ces propositions thérapeutiques. Actuellement je suis très investie dans le comité scientifique temporaire pour l’utilisation du cannabis thérapeutique à l’Agence Nationales pour la Sécurité du Médicament, car je pense que c’est une nouvelle classe thérapeutique qui peut rendre service à nos patients mais ce sont des arguments scientifiques et rationnels qui doivent en permettre et en encadrer l’usage. Beaucoup d’autre d’autres choses qui sont en lien avec les techniques de relaxation et celles d’hypnose méritent aussi d’être évaluées. Mais pour revenir au prendre soin il nous revient surtout d’être disponible pour les patients leur donner du temps et de l’attention, nous devons entendre leur souffrance. 

Quels principaux défis doit aujourd’hui relever le secteur des soins palliatifs ?

L.C. : Les défis restent aujourd’hui très importants, le premier d’entre eux réside dans l’accès aux soins palliatifs qui aujourd’hui en France reste très inéquitable. Il faut se rendre compte que sur le territoire national 26 départements n’ont aucun lit de soins palliatifs.  A l’heure ou le projet de loi sur la fin de vie doit rentrer au parlement, le développement d’une offre de soins palliatifs égalitaire revêt un caractère essentiel. Un manque de moyen peu expliquer cette situation mais ce n’est qu’une composante de la problématique. Nous manquons de vocation de reconnaissance et de bras, des postes demeurent vacants partout en France. Il est vrai que l’exercice est dur et pas très bien valorisé alors qu’il demande une très grande expertise tant dans le domaine du soin que du prendre soin. Cette situation fait qu’il n’y a pas assez de soignants qui s’engagent dans cette voie et in fine l’accès des patients se trouve restreint. Le deuxième défi qui me tient particulièrement à cœur réside dans l’aide aux aidants. Les situations palliatives chroniques entrainent une énorme pression sur les familles. Certaines s’en trouvent très profondément érodées, des crises personnelles peuvent survenir comme de la maltraitance,… ces situations font naitre un sentiment de culpabilité chez les patients et susciter une envie de mort initialement absente en leur for intérieur. Je pense que la société doit se mobiliser pour que cette charge ne repose pas autant sur les aidants proches. Aux alternatives actuelles, hôpital ou domicile, on doit rajouter d’autres offres inspirées sur les modèles anglo-saxons : hospices, villages, lieux de vie dédiés,... ceci donnera matière aux montage de beaux projets.

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