Quand la maladie modifie le rapport aux proches
Maternant, distant, absent, omniprésent… chacun se positionne différemment vis-à-vis d’un proche malade. Pourquoi le cancer change-t-il parfois le regard que l’on porte sur l’autre ? Comment trouver sa place auprès du malade ?
Cataclysme, tsunami, chute vertigineuse, etc., les superlatifs ne manquent pas pour décrire l’effet que produit l’annonce d’un cancer sur la personne concernée, mais aussi sur son entourage.
La tentation du maternage
Au début de la maladie, il n’est pas rare que le conjoint, le parent ou l’ami se mettent à materner le malade. Partant d’un bon sentiment, d’une intention de le protéger et de le soulager, ce comportement dépasse parfois la simple attention à l’autre. L’aidant prend littéralement en charge le malade, oubliant parfois qu’il a affaire à un adulte responsable qui, même souffrant, reste maître de ses décisions. « Ce comportement relève souvent d’un besoin de se sentir utile, de rester actif, explique le docteur Rambaud. Mais il peut aussi venir d’un changement de posture du malade qui, confronté à la question de sa propre mort, une idée qui le dépasse, peut se replier dans un mouvement de régression. »
Ce mécanisme de défense qui pousse le malade à retourner dans un mode de fonctionnement psychique antérieur, plus infantile, a tendance à encourager une attitude de maternage. Cette nouvelle organisation des rapports est le plus souvent transitoire et peut entraîner une contre-réaction du malade qui, à un moment donné, va vouloir reprendre les commandes et le signifier à ses proches.
L'effet d'annonce
L'effet d'annonce
« La nouvelle a des répercussions directes sur le malade, mais aussi sur l’ensemble de son système familial, professionnel et amical. À ce moment-là, chacun réajuste son rôle vis-à-vis du malade. »
« Il peut être intéressant de réfléchir avec son proche malade à la meilleure façon de l’aider, sans rien lui imposer », précise le docteur Laurence Rambaud, psychiatre au Centre Oscar Lambret de Lille (59).
Vers un équilibre des liens
Si certains individus peuvent se montrer très (voire trop) prévenants avec leur proche malade, d’autres, au contraire, peuvent s’en détourner dans un mouvement de fuite ou de déni. Ces attitudes, si elles ne sont pas forcément adoptées consciemment, ne sont pas toujours bien perçues par le malade. La clé, c’est le dialogue. « Chacun doit pouvoir communiquer sur ses besoins, son ressenti, poursuit le docteur Rambaud. Cet échange implique pour chacun d’être au clair avec ce qu’il ressent en entreprenant un travail d’écoute personnelle – avec l’aide d’un professionnel si besoin – avant d’entamer le dialogue. Si le malade est agacé par le comportement d’un proche, il peut être intéressant d’analyser le sentiment qui est à l’origine de cet agacement, de ne pas réagir trop vite, de ne parler qu’une fois le pic de l’énervement passé. »
Plutôt que de porter un jugement sur l’autre (« tu es trop comme ci », « tu devrais faire cela »), l’expression de son propre vécu peut aider chacun à ajuster au mieux son comportement (« ça m’aide quand tu fais ça », « j’avais bien aimé que tu viennes à tel moment », etc.).
Au final, un rééquilibrage de la relation profitera autant au malade qu’à son proche. Une attitude conjointe faite de reconnaissance et de légitimation de ses propres émotions par rapport à la situation vécue n’en sera que plus bénéfique tant pour le patient que pour le proche concerné.
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