Cancers masculins : ils témoignent
Le mois de novembre est en France et à l’échelle internationale, le mois de sensibilisation aux cancers masculins. À cette occasion, découvrez les témoignages de Benjamin, Patrick et Erwan, qui nous racontent leur histoire et leur vécu face à la maladie.
L'histoire de Benjamin
L'histoire de Benjamin
J'ai été diagnostiqué d'un cancer du testicule gauche à seulement 20 ans. Je trouve cela important de témoigner car pour un homme, c'est toujours compliqué ce genre de chose.
Le jour de l'annonce de mon cancer des testicules, je l'ai très mal vécu comme je pense quiconque reçoit ce type de nouvelle. Dans mon cas, les pronostics des médecins étaient très bons, ce qui m'a énormément rassuré.
Après l'annonce, j'ai tout de suite appelé mon entourage proche pour leur en parler, j'avais besoin d'un soutien pour m'accompagner dans cette épreuve. J'ai cependant préféré que cela ne s'ébruite pas trop.
J'ai effectué un suivi de trois cycles à l'hôpital Saint-Louis. La chimio au début était supportable pendant les deux premiers cycles, mais le troisième était un peu plus compliqué, je n'avais plus la force de marcher. Après ces trois cycles, suite à l'injection de la chimiothérapie par voie intraveineuse, j'ai contracté une thrombose qui a été été soignée par l'administration d'anticoagulants pendant plusieurs mois.
Depuis ce jours, je vis constamment dans le stress d'être à nouveau malade. J'ai constamment besoin de faire des prises de sang pour vérifier mes marqueurs. Pendant mon traitement et la première année, je ne me rendais pas vraiment compte de ce que j'avais vécu, j'étais très détaché de tout ça. J'ai sûrement sous estimé "l'après cancer", j'aurais aimé être plus suivi au niveau psychologique.
Je n'ai pas été accompagné par une association, je pense qu'à cette époque, j'étais encore trop pudique pour en parler.
Il est vrai que les cancers touchant les hommes, en particulier celui-ci, restent un sujet tabou, et c'est encore le cas pour moi. Aujourd'hui, j'éprouve toujours des difficultés à parler de ce que j'ai traversé. Je pense que cela ne devrait pas être ainsi, mais c'est comme cela que la société est faite.
Le message que je souhaite transmettre est qu'il n'y a aucune honte à avoir été malade.
L'histoire de Patrick
L'histoire de Patrick
À 60 ans, tout jeune retraité, on me diagnostique un cancer de la prostate suite à une rupture amoureuse. J’avais des problèmes de sexualité : il y avait des érections mais plus d’éjaculation.
L’estime de vous-même disparaît alors, vous culpabilisez de ne pas satisfaire votre partenaire. S’ensuit séparation et dépression. Sur l'avis de mon médecin, j'ai fait des analyses de sang, d'urine et contrôle des PSA. L’annonce arrive et, en quelques minutes, tout s’effondre. J'ai tout de suite pensé à la mort. Il faut faire le tri et rapidement réagir car sinon, avec le contre-coup de la rupture en plus, on peut vite s’écrouler.
Je me suis fait opérer puis j’ai suivi un traitement d’hormonothérapie et j’ai dû porter une sonde pendant 1 mois. À ce moment-là, je me suis rapproché des équipes de la Ligue des Alpes-Maritimes et j’ai bénéficié d’une écoute, via une psychologue. Au début j’avais tout à apprendre... Le lâcher-prise a été très dur. Il fallait s’ouvrir face à cette psychologue. C’est un poids sur les épaules qu’il fallait que je l’enlève.
La maladie, c’est comme un marqueur qui vous fait honte, vous avez l’impression qu’on vous regarde. C’est pour ça que c’est plus facile de dialoguer avec des gens qui sont proches ou qui ont une maladie.
Passer le cap et aller voir la psychologue a été compliqué au début, puis vraiment bénéfique. J’ai bénéficié également d’activités physiques adaptées grâce au comité du 06. Des activités qui m’étaient parfois inconnues et presque "trop" féminines à mon goût. Mais je n’ai pas eu peur et j'ai testé ! La natation, elle, a été salvatrice : 7 fois par semaine et cela m'a permis de me reconstruire.
Aujourd'hui, je redoute la prochaine fois que je rencontrerais une femme. Je commence à peine à prendre conscience de la problématique parce que je libère la parole. C’est une première étape et mon point de vue sur la vie a changé : je prends conscience de la pathologie et dès que l’on peut avoir.
Le message que j’aimerais faire passer : il ne faut pas avoir honte de parler des symptômes, d’en parler et d’être en phase avec soi-même. Si vous êtes en couple, c’est compliqué mais il faut dialoguer, et surtout aller se faire dépister !
Retrouvez l'histoire de Patrick en podcast.
L'histoire d'Erwan
L'histoire d'Erwan
Le moment le plus difficile a été l'annonce à l'hôpital, après la biopsie. C'est à ce moment-là que j'ai compris que le cancer était présent, et que commençait le début d'un combat pour la vie.
J’ai été suivi au CHU de Grenoble et, heureusement, j'ai eu deux merveilleux médecins. J'ai subi une ablation de mon testicule droit. Au total : trois opérations et six cures de chimiothérapie.
Mes premières émotions ont été de pleurer et de penser à mon épouse et à ma fille Nolwenn, âgée de un an et demi à l’époque. Aujourd'hui, elle est infirmière en service d’hématologie à Gustave Roussy.
J'ai continué à travailler normalement. Je partais du lundi au vendredi en chimiothérapie, et le lundi suivant, je retournais travailler. Cela me permettait de penser à autre chose. Mon employeur avait souscrit une assurance pour le maintien de salaire, et cela m'a enlevé un poids, surtout que mon épouse ne travaillait pas pour s’occuper de notre fille.
Nous n'avions aucune famille à proximité, car nous venions d'arriver dans une nouvelle région, cinq mois plus tôt.
À l’époque, je n'étais pas informé des soutiens psychologiques possibles, comme ceux proposés par la Ligue. J’aurais aimé être aidé ainsi que mon épouse.
Notre fille parlait très peu. Nous avons dû la mettre à la garderie pour qu'elle puisse s'épanouir. Je me souviendrai toujours du jour où elle m'a vu sans cheveux. Suite à mes chimiothérapies, j'ai demandé à mon épouse de raser ce qui me restait, et, en sortant, j'ai croisé le regard de ma fille. Elle est venue se blottir contre moi sur le canapé. Cette année-là, elle a cessé de parler.
Pendant l’une de mes chimiothérapies, je me souviens également avoir parlé à un jeune patient de l'importance de faire un don de sperme avant sa première chimiothérapie. Pour ma part, ce don m'a permis d'avoir, six ans après, une deuxième fille, Anaëlle. Un autre combat s’engageait pour mon épouse avec une PMA et une FIV.
Je tiens à faire passer ce message encore aujourd’hui : il faut garder espoir en une paternité future car, malgré une azoospermie post-chimio et une mauvaise qualité du don de sperme (au laboratoire CECOS), nous avons pu être parents une deuxième fois.
Aujourd'hui, je travaille depuis trente ans en tant qu'opticien. Je rencontre du public tous les jours et parle de cette maladie dès que j’en ai l’occasion.
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Ils racontent leur histoire !