L'alcool, si on en parlait vraiment ?
Associé aux notions de plaisir et de convivialité, l’alcool figure pourtant, comme le tabac, parmi les principales causes de cancers évitables. Retour sur ce vaste sujet, abordé dans le dernier magazine Vivre et qui est l'une des priorités au sein de la Ligue contre le cancer.
Un facteur de risque trop souvent sous-estimé
Lors d’une consommation d'alcool, deux chaines d’effets s'activent simultanément : un effet psychotrope et le circuit de la récompense.
Psychotrope, c’est-à-dire que cette molécule va modifier le fonctionnement habituel du cerveau en entrainant une baisse généralisée de son activité. Lorsque le cerveau est sous l’influence de l’alcool, donc ralenti, il laisse passer des comportements qui auraient été inhibés quand on est sobre, c’est ce qui explique l’alcool triste, l’alcool festif, l’alcool créateur ou l’alcool déjanté, etc.
Le deuxième effet que l’alcool entraine sur le cerveau est l’activation du circuit de la récompense. Il s’agit de plusieurs structures du cerveau qui communiquent entre elles, et font en sorte que l’on continue de produire des comportements qui nous sont bénéfiques et que l’on abandonne ceux qui nous sont néfastes. Pour la consommation d’alcool, en dépit du fait qu’il n’est pas forcément bon pour la santé, il y a une libération importante de dopamine. Cette libération importante, est enregistrée et le cerveau s’y habitue petit à petit. Il existe alors un risque d’accoutumance, mécanisme par lequel le cerveau va chercher à augmenter les volumes consommés ; on parle d’ailleurs de pratique addictive, puisque le comportement de consommation d’alcool peut amener une addiction.
L’addiction est une perte de contrôle plus ou moins marquée de la consommation d’alcool, associée à des impacts négatifs dans la vie du consommateur. Ces impacts peuvent être économiques, sociaux et ou physiologique.
François Migadel, malade à cause de l’alcool
François Migadel, malade à cause de l’alcool
Sobre depuis onze ans, François Migadel, aujourd’hui 71 ans, apprend en octobre 2020 qu’il est atteint d’un cancer de l’œsophage. Surpris par cette annonce, il sait aujourd’hui que son alcoolisme passé a fini par le rendre malade.
« Quand on m’a annoncé mon premier cancer, je m’y attendais un peu, même si j’ai été surpris de me voir rattrapé par mon alcoolisme passé. Aujourd’hui, je sais que cet accident de la vie a eu des répercussions sur ma santé, mais je m’en sors fier d’avoir retrouvé une vie normale après mon sevrage. »
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Les chiffres clés
70 % des Français
trouvent acceptable de faire goûter une boisson alcoolisée avant 18 ans.
1 parent sur 2
estime que ce n’est pas grave si un mineur goûte de l’alcool pendant les fêtes.
8 % des 15-85 ans
déclarent boire quotidiennement de l’alcool en 2021, contre 14,5 % en 2005.
Le saviez-vous ?
L’alcool est le deuxième facteur de risque évitable de cancers en France, responsable chaque année de 28 000 nouveaux cas.
En 2015, on estime à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool, dont 30 000 décès chez les hommes et 11 000 décès chez les femmes. Parmi les causes de décès associées à la consommation d'alcool, les cancers occupent la première place avec 16 000 décès par an.
L’alcool est impliqué dans 8 localisations de cancer : VADS (voies aérodigestives supérieures : bouche, pharynx, larynx), œsophage, sein, foie, estomac et colorectal[1]. Le cancer du sein est le plus impacté avec 8 000 cas attribuables[1].
Près d’un quart des Français dépassent au moins une des recommandations en termes de consommation d’alcool : pas plus de 10 verres par semaine, pas plus de 2 verres par jour, des jours sans alcool[2].
[1] e-cancer.fr/Presse/Dossiers-et-communiques-de-presse/Attitudes-et-comportements-des-Francais-face-au-cancer-4e-Barometre-cancer
[2] INCa - Panorama des cancers en France (2023)
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